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Allawi évoque « la dictature », parlant du contrôle iranien en Irak

Par Ben Birnbaum
The Washington Times – 22.03.2012 – L’ancien premier ministre irakien déclare que les États-Unis ferment les yeux sur « une dictature émergente » dans son pays, disant au Washington Times que l’Iran « est en train d’avaler » l’Irak et de lui ses politiques stratégiques.
Ayad Allawi, qui a assumé les fonctions de premier ministre de 2004 à 2005, a accusé l’Iran d’ingérence dans la politique irakienne au point que Téhéran « est en train de devenir la figure dominante de l’Irak » ; il a affirmé que plusieurs responsables américains « admettent secrètement » que « l’Iran a gagné et a tiré le meilleur avantage de ce qui s’est produit en Irak ».
M. Allawi a fait ces commentaires en plein bouleversement politique et civil, dans le sillage du retrait des troupes américaines d’Irak en décembre. Au moins 52 Irakiens ont été tués mardi dans des attentats à la bombe à travers le pays et le vice-président de l’Irak a échappé à son arrestation sur des charges terroristes qui sont largement considérées comme politiquement motivées.

Pendant ce temps, des attaques d’al-Qaeda comme celles de mardi soulèvent des questions concernant la sécurité intérieure de l’Irak, alors que Bagdad se prépare à accueillir mardi, un sommet, longtemps retardé, de la Ligue des pays arabes, prévu pour s’occuper de la menace d’une guerre civile en Syrie et des transitions pénibles en Égypte, en Libye et au Yémen.
« Pour être sincère, les gens parlent du Printemps arabe », a dit M. Allawi. « De quel printemps s’agit-il ? »
« Le printemps est associé au vert, au renouvellement de la vie. Nous versons du sang partout dans la région et la destruction, le démembrement des pays ainsi que le chaos se produisent. »
Accord rompu
M. Allawi avait pris la tête de la coalition Iraqiya dominée par les Sunnites lors des élections de 2010 en Irak. La coalition avait gagné deux sièges de plus que l’Alliance de l’État de Droit de Nouri al-Maliki, mais M. al-Maliki avait pu former un gouvernement en 2011 par un accord de partage du pouvoir.
Cet accord qui octroyait plusieurs ministères à Iraqiya, était supposée donner à M. Allawi le contrôle d’un nouveau conseil de politique stratégique, mais l’ancien premier ministre a décliné le poste quand M. al-Maliki a refusé de céder au conseil beaucoup autorité, malgré ce qu’il a appelé des garanties américaines.
« Les décideurs politiques avaient promis de soutenir ceci, mais en fin de compte et malheureusement, rien de tout cela ne s’est produit, et les États-Unis ont complètement oublié ce partage du pouvoir », a dit M. Allawi. « Je pense que les États-Unis ont délibérément tenu l’Irak hors de l’écran, parce qu’il y a un total échec en Irak. »
La porte-parole de Département d’État Victoria Nuland a déclaré : « Nous sommes fortement en désaccord avec la caractérisation [de M. Allawi] de notre relation avec le gouvernement d’Irak et du rôle que nous avons joué pour garder le processus politique irakien sur la bonne voie. »
Mme Nuland a affirmé que l’Ambassade américaine à Bagdad continue de travailler en tant que « médiateur » dans le domaine politique irakien et que les États-Unis restent engagés à aider à créer un « Irak unifié, pacifique et démocratique ».
Un jour après que les troupes américaines aient quitté l’Irak, les autorités judiciaires du pays ont émis un mandat d’arrêt contre un autre dirigeant d’Iraqiya, le vice-président Tariq al-Hashemi, accusé d’avoir mené des escadrons de la mort anti-chiites pendant le carnage qui a suivi l’invasion de 2003 menée par les États-Unis. M. al-Hashemi, qui nie les charges portées contre lui, s’est réfugié dans le nord, contrôlé par les Kurdes.
M. Allawi a déclaré qu’il consulte d’autres protagonistes du pouvoir, y compris le religieux radical chiite Muqtada al-Sadr, au sujet des prochaines étapes.
Il a suggéré trois voies pour une sortie de la crise politique : des élections avancées, un « partenariat à grande échelle » ou le remplacement de M. al-Maliki par un autre premier ministre issu de l’Alliance nationale au pouvoir. Si rien de cela n’arrive, a-t-il dit, il encouragerait des « manifestations pacifiques » à travers tout le pays contre le gouvernement.
« L’Iran a gagné »
Le gouvernement chiite mené par M. al-Maliki est depuis longtemps accusé d’inclinaison envers son puissant voisin, l’Iran –  qui fait l’objet de sanctions occidentales au sujet de son programme nucléaire clandestin, lequel les responsables iraniens nient être tourné pour fabriquer une arme.
M. Allawi a attaqué les ingérences iraniennes dans la politique irakienne, déclarant que la république islamique a commencé « à avaler l’Irak et est devenu la figure dominante de l’Irak ». Il a affirmé que plusieurs responsables américains « admettent secrètement » que « l’Iran a gagné et a tiré le meilleur avantage de ce qui s’est produit en Irak ».
Il a également déclaré qu’une frappe militaire contre les installations nucléaires de l’Iran devrait être « supprimée comme idée » parce qu’elle causerait l’instabilité régionale. Mais il a ajouté que le régime iranien « doit changer complètement, significativement et radicalement son comportement, ou alors que le régime lui-même doit être changé ».
M. Allawi a déclaré qu’il espère qu’un dialogue avec l’Iran pourrait convaincre ses dirigeants de prendre un nouveau chemin.
« S’ils ne le font pas, alors il est important de soutenir l’opposition à l’intérieur de l’Iran –  les soutenir politiquement, les soutenir à travers leurs médias, les soutenir par tous les moyens possibles, leur donner une reconnaissance officielle, leur donner des assurances politiques, leur donner un soutien politique dans des forums internationaux », a-t-il dit.
Il a affirmé que cette approche reflèterait celle qu’il avait recommandée aux décideurs politiques américains durant la phase précédant la guerre en Irak.
« Malheureusement, il y avait des décideurs politiques affirmant que la solution était la suppression de Saddam [Hussein] par la force, et immédiatement appuyer sur un bouton pour créer une démocratie dans le pays », a déclaré M. Allawi. « Et nous voyons à présent, c’est la 10ème année, et nous n’avons pas de démocratie. En réalité, nous avons une dictature émergente.»

M. Allawi a rechigné lorsqu’on lui a demandé s’il prendrait la tête du mouvement Iraqiya aux prochaines élections, prudemment inscrit sur les listes pour 2014. « Je ne sais pas ; cela dépend », a-t-il dit. « Peut-être serai-je arrêté par le gouvernement,ou tué ou assassiné. »