vendredi, septembre 13, 2024
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Exposé : Une lettre classifiée révèle la peur du régime face aux médias sociaux et aux problèmes de sécurité

Exposé : Une lettre classifiée révèle la peur du régime face aux médias sociaux et aux problèmes de sécurité

Une récente lettre confidentielle adressée par Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la révolution, au président du régime, Ebrahim Raïssi, expose clairement les problèmes de sécurité profondément ancrés dans le régime et son appréhension déconcertante à l’égard des plateformes de médias sociaux. Cette correspondance divulguée, obtenue par le groupe dissident GhiyamtaSarnegouni, met une fois de plus à nu la nature tyrannique du régime au pouvoir en Iran, en soulignant son opposition véhémente à la liberté et en mettant en lumière sa profonde vulnérabilité face à un flux d’informations incessant qui expose impitoyablement ses graves violations des droits de l’homme. De plus, cette lettre explique comment ces plateformes en ligne servent d’outils vitaux pour que les gens s’organisent, amplifiant ainsi les craintes du régime et exacerbant son emprise chancelante sur le pouvoir.

Le premier document ci-dessous est la lettre de Salami, et le second est celui du chef de cabinet de Raïssi qui exhorte les autres hauts responsables de la sécurité du régime à mettre en œuvre ce que Salami a dit.

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Document confidentiel
Directive générale
République islamique d’Iran
Son Excellence M. Ebrahim Raïssi
Honorable président du Conseil suprême de sécurité nationale
Monsieur le Président

J’espère que ce message vous trouvera en bonne santé. Comme vous le savez, notre pays bien-aimé a récemment connu des troubles et des problèmes de sécurité qui ont entraîné le blocage des médias étrangers et des réseaux sociaux sur ordre du Conseil suprême de sécurité nationale. Toutefois, des discussions ont eu lieu entre les responsables concernant la réouverture de l’accès à ces plateformes. C’est pourquoi j’aimerais attirer votre attention sur les points suivants :

1. La plupart des personnes arrêtées lors des récentes émeutes sont des adolescents et des jeunes qui ont été trompés. Leur perception de la réalité est fortement influencée par les réseaux sociaux. Par exemple, le meurtrier de deux jeunes Basiji à Machhad a avoué qu’il était auparavant un membre actif de la congrégation et de la mosquée, adhérant aux pratiques recommandées de la prière. Cependant, ses opinions ont changé au fil du temps en raison de l’influence des réseaux de médias sociaux, ce qui a finalement conduit à ses actes tragiques. À mon avis, il est essentiel pour la République islamique non seulement de demander justice pour les deux martyrs Basiji, mais aussi de s’attaquer au sort de ce jeune homme trompé par les ennemis de la révolution. Dans un premier temps, nous devons empêcher définitivement l’entrée de cette atmosphère toxique dans l’esprit de nos compatriotes.

2. Certains considèrent le blocage des réseaux virtuels étrangers comme une mesure temporaire et tactique. Cependant, les troubles récents sont la conséquence de nombreux facteurs, dont le plus important est la négligence dont nous avons fait preuve à l’égard du cyberespace national au fil des ans. Il s’agit d’une question sociale complexe qui ne peut être résolue en quelques mois. La migration vers les logiciels nationaux a déjà commencé en raison du blocage des réseaux externes, et il est crucial de maintenir cet élan pendant quelques années. Ce faisant, nous pourrons renforcer nos plateformes nationales et assurer une transition complète. Après cette période de transition, nous pourrons prudemment autoriser un accès contrôlé aux réseaux étrangers, en favorisant un environnement concurrentiel par le biais de politiques appropriées. D’ici là, compte tenu du contrôle limité et de l’indépendance relative du système dans le cyberespace, nous ne pouvons pas soumettre notre jeunesse vulnérable à l’influence des géants étrangers de la technologie.

3. L’un des avantages que nos ennemis jurés tirent de l’espace virtuel est la collecte et l’analyse de données de masse provenant des utilisateurs. Certains responsables estiment que si une plateforme en ligne étrangère adhère aux politiques de contenu de la République islamique, elle remplit nos objectifs. Toutefois, il ne s’agit-là que d’un aspect de la question. Les données générées par notre peuple dans les espaces virtuels doivent rester à l’intérieur de nos frontières nationales et inaccessibles aux entités étrangères. Ce principe doit être appliqué uniformément, sans distinction entre les pays occidentaux et les pays orientaux. Aucune nation étrangère ne devrait avoir accès aux données des citoyens iraniens, car les technologies avancées telles que l’intelligence artificielle peuvent manipuler et façonner les valeurs et les préférences des populations étrangères sur la base de cette collecte massive de données, en identifiant les faiblesses individuelles et en adaptant leurs actions en conséquence.

4. Certains rapports suggèrent qu’en raison d’un ralentissement de la migration des réseaux étrangers vers les réseaux nationaux du cyberespace, il pourrait être approprié d’ouvrir à nouveau les réseaux étrangers. En réponse à cette préoccupation, il est essentiel d’exprimer notre gratitude pour le fait qu’en l’espace de trois mois seulement, près de la moitié des utilisateurs ont migré avec succès vers des logiciels nationaux sans aucun problème significatif, ce qui démontre la capacité de nos plateformes internes à répondre à cette demande. Il convient de souligner que ces utilisateurs ont été recrutés par des réseaux étrangers sur de nombreuses années, et non au cours des trois derniers mois. En outre, nous devons accélérer le processus de migration grâce à des mesures de protection gouvernementales et à une application plus stricte des mécanismes de filtrage. Bien que cette migration soit en cours, les utilisateurs ont toujours un accès partiel aux réseaux étrangers, avec une réduction d’environ 50 % de la bande passante. D’autres mesures techniques peuvent être mises en œuvre pour réduire cet accès.

5. Au cours des récentes émeutes, les jeunes Basiji qui sympathisaient avec la révolution ont payé un lourd tribut en défendant ses principes. La responsabilité du maintien de l’ordre dans les rues incombait principalement aux forces armées qui, bien que n’ayant pas le droit d’utiliser des armes à feu, ont courageusement affronté les attaques des adversaires de la révolution, faisant de nombreux martyrs et des milliers de blessés. Ces vies innocentes ont été sacrifiées en raison de la négligence des autorités passées à relever les défis posés par le cyberespace. En tant que fidèles de l’islam et du Guide Suprême, ils ont sacrifié leur vie parce que les administrations précédentes n’ont pas tenu compte des avertissements répétés du Guide Suprême. Nous sommes fermement convaincus qu’aucune blessure, physique ou psychologique, infligée à l’un de nos compatriotes n’est acceptable pour Votre Excellence, pour moi-même ou pour tout autre responsable de notre système. Nous avons le devoir de protéger et de sauvegarder les courageuses forces basiji sous notre commandement, en veillant à ce qu’elles ne portent pas le fardeau de futures décisions malavisées dans le cyberespace au prix de leur sang.

En conclusion, je prie pour que notre nation parvienne à affirmer son indépendance vis-à-vis de l’influence étrangère dans le monde virtuel, à l’instar de ce qui a été réalisé dans l’espace physique au cours de l’année 1979. Je demande aux autorités compétentes de prendre les mesures nécessaires pour faciliter la migration complète des utilisateurs des réseaux étrangers vers les réseaux nationaux.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect,

Général de division du Corps des gardiens de la révolution islamique, Hossein Salami
Commandant en chef du Corps des gardiens de la révolution islamique

Chef d’état-major
République islamique d’Iran
Bureau du président
Au nom de Dieu
Numéro : 51911/M
Date : 27 décembre 2022
Heure : 14:22
Classification : Très secret
M. Shamkhani, Honorable Secrétaire du Conseil Suprême de Sécurité Nationale,
Dr. Zarepour, Honorable Ministre des Technologies de l’Information et des Communications,
M. Firouzabadi, secrétaire du Conseil du cyberespace,

Je vous salue,
J’espère que ce message vous conviendra. J’aimerais attirer votre attention sur le document ci-joint, qui est une copie de la lettre portant le numéro de référence 6100-1/Sat, datée du 22 décembre 2022, émanant de l’honorable commandant en chef du Corps des gardiens de la révolution islamique. La lettre traite de « points concernant le message des médias et des réseaux sociaux étrangers et la prise des mesures nécessaires pour achever la migration des utilisateurs des réseaux étrangers du cyberespace ». Elle a été transmise pour que vous y donniez suite, conformément à l’avis de l’honorable président.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments respectueux,
Gholamhossein Esmaili