jeudi, juillet 17, 2025
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Le régime iranien peine à masquer sa faiblesse d’après-guerre par la rhétorique et la répression

Le régime iranien peine à masquer sa faiblesse d'après-guerre par la rhétorique et la répression
Cérémonie funéraire organisée à Téhéran, Iran, le 28 juin 2025, pour des officiers du CGRI tués, dans un contexte de conflit régional persistant

Le régime iranien, sous le choc des 12 jours de guerre contre Israël, recourt de plus en plus à des démonstrations théâtrales de défiance et à une rhétorique hostile pour dissimuler sa vulnérabilités. Malgré des déclarations hardies, les aveux des dirigeants religieux eux-mêmes révèlent d’importantes tensions internes, de lourdes pertes militaires et une crainte croissante d’instabilité.

Les chefs religieux et les responsables continuent de rejeter toute idée de paix comme une défaite. Ahmad Alamolhoda, représentant du Guide suprême à Machhad, a insisté : « Nous n’avons pas été vaincus. Nous n’avons pas reculé… Il n’y a pas de paix. Ce qui a été annoncé comme un cessez-le-feu n’est pas la paix, c’est une hudna [trêve temporaire].» Il a réitéré : « La paix forcée ne sera jamais acceptée. Le Guide suprême n’accepte pas la paix forcée.»

Cette attitude agressive trahit cependant l’inquiétude d’un régime qui s’efforce de contrôler son discours et de réaffirmer sa domination après avoir subi de lourdes pertes. Gholam-Hossein Mohseni-Eje’i, le chef du pouvoir judiciaire du régime, a appelé à la suspension de la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, qualifiant cette décision de « naturelle ». Simultanément, Ghorbanali Dorri-Najafabadi, chef de la prière du vendredi à Arak, a lancé une diatribe furieuse contre le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi : « Grossi est venu, a bu notre thé, mangé notre riz et notre poulet, a pris nos souvenirs, a tout pillé – et nous a quand même trahis. Cela ne peut plus continuer.»

Dorri-Najafabadi a ensuite fait un aveu rare : « Plus de 30 de nos membres militaires ont été tuées dans la seule province de Markazi, et certains corps sont toujours portés disparus.» Le ministre de l’Intérieur, Eskandar Momeni, a révélé des pertes encore plus lourdes : « Lors des attaques ennemies, près de 150 policiers ont été tués.»

Au cœur de cette tourmente, le régime a organisé des funérailles massives pour les commandants tués, exhortant la population à pleurer ses « martyrs de la force ». Lors d’une cérémonie très médiatisée le samedi 28 juin, des combattants afghans de la division Fatemiyoun ont été amenés en bus pour y participer. La foule a été entraînée dans des chants « Mort à l’Amérique », soutenus par l’État, tandis que le métro de Téhéran offrait un service gratuit pour faciliter la participation.

Parallèlement, les responsables ont adopté un ton de plus en plus agressif. Hassan Kazemi Qomi, haut diplomate du régime, a qualifié la sécurité aux frontières d’obsolète et a déclaré que la capitale était menacée par une « guerre cybernétique, cognitive et narrative ». Il a présenté cette guerre comme faisant partie d’un plan américano-israélien plus vaste visant à renverser le régime, la décrivant comme « une guerre hybride à grande échelle… pas seulement des drones et des F-35, mais aussi des assassinats, des troubles sociaux et un sabotage économique ».

Malgré cela, Kazemi Qomi a involontairement révélé les craintes du régime : « Ils croyaient qu’une frappe militaire puissante entraînerait l’effondrement du système… C’était leur erreur de calcul. » Il a reconnu que les conditions internes de Téhéran avaient créé le sentiment qu’une « frappe puissante » pourrait faire tomber le régime.

Il en ressort le portrait d’un leadership affirmant désespérément qu’il n’a pas perdu, car reconnaître sa défaite pourrait briser son emprise déjà fragile sur le pouvoir. Ahmad Zaidabadi, commentateur des médias d’État, a noté que des « réalignements sans précédent » se formaient au sein de l’élite dirigeante, avertissant que des « décisions pénibles » l’attendaient désormais.

La posture d’après-guerre du régime révèle un leadership à la fois provocateur et acculé. Son agressivité manifeste dissimule un repli stratégique sur plusieurs fronts : affaibli militairement, marginalisé diplomatiquement et ébranlé institutionnellement. La rhétorique belliqueuse n’est pas le fruit d’une tromperie calculée ou d’une maîtrise stratégique, mais le réflexe désespéré d’un régime fracturé de l’intérieur, paralysé économiquement et confronté à une population bouillonnante de colère et de désillusion.