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Au cœur des cyber-tactiques iraniennes : le rôle de Parsian Afzar et des entités alliées

Au cœur des cyber-tactiques iraniennes : le rôle de Parsian Afzar et des entités alliées

Le régime iranien a mis en place un redoutable appareil cybernétique pour servir son double objectif : réprimer la dissidence au niveau national et s’engager dans une cyberguerre internationale. Au cœur de ce réseau se trouve Parsian Afzar Rayan Borna, une société basée à Téhéran qui opère sous le couvert d’un fournisseur de services informatiques. Étroitement liée au ministère iranien du Renseignement et opérant avec la coopération du ministère des Affaires étrangères, cette entité est impliquée dans la surveillance, la manipulation de l’opinion publique et les cyberattaques à grande échelle contre des cibles étrangères.

Parsian Afzar, dont les bureaux sont situés sur le boulevard Amir Kabir à l’ouest de Téhéran, joue un rôle central dans la cyberstratégie iranienne. Bien qu’elle se présente officiellement comme une société de services informatiques, des éléments révèlent son intégration profonde dans l’infrastructure de cyberguerre du régime.

Opérations clés
Cyberattaque en Albanie : L’une des opérations les plus importantes de Parsian Afzar a été l’attaque de 2022 contre les infrastructures de l’Albanie. Cette cyberoffensive a non seulement paralysé des systèmes critiques, mais a également conduit à la fermeture de l’ambassade d’Iran à Tirana et à la rupture des relations diplomatiques entre les deux nations.

Faux comptes de médias sociaux : L’entreprise gère des milliers de faux profils sur des plateformes telles que X (anciennement Twitter) et Instagram. Ces comptes sont utilisés pour :
• Diffuser de fausses informations en faveur du régime.
Discréditer les groupes d’opposition, notamment l’OMPI (MEK) et le CNRI.
• Amplifier la propagande de l’État.

Espionnage et surveillance en ligne :
• Surveiller les activités en ligne des militants.
• Identifier et cibler les dissidents.
• Former des cyber-agents par l’intermédiaire de la Ravin Academy, une institution affiliée au ministère du Renseignement spécialisée dans le piratage et l’espionnage.

Coopération avec le ministère des Affaires étrangères

Les opérations de Parsian Afzar sont étroitement coordonnées avec le ministère des Affaires étrangères, amplifiant la propagande internationale et les manœuvres diplomatiques du régime. Cette collaboration implique :
• Utiliser les plateformes diplomatiques pour contrer les critiques sur le bilan de l’Iran en matière de droits de l’homme.
• Déployer des cyber-stratégies pour influencer l’opinion internationale en faveur de Téhéran.
• Faciliter des activités par l’intermédiaire d’organisations telles que la Fondation pour le dialogue et l’amitié des nations, qui sert de façade aux campagnes de cyber-propagande.

L’implication du ministère des Affaires étrangères met en évidence l’approche intégrée du régime, combinant des cyber-tactiques avec des outils diplomatiques pour réprimer la dissidence et projeter une influence à l’échelle mondiale.

Dirigeants et formation
L’entreprise a toujours été dirigée par des personnes ayant des liens étroits avec le régime iranien. Ali Eslami, l’ancien PDG, a été remplacé fin 2022 par Reza Ghasemi, qui dirige également la Fondation pour le dialogue et l’amitié des nations. Cette fondation, qui se présente comme une organisation non gouvernementale, est un outil diplomatique utilisé pour façonner les récits mondiaux et détourner l’attention des violations des droits de l’homme commises par le régime. L’un de ses événements clés, la conférence sur l’avenir de la paix et des droits de l’homme en Asie occidentale, a réuni des personnalités comme Alena Douhan, rapporteure spéciale de l’ONU, et Christophe Peschoux, ancien haut fonctionnaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Des agents démasqués
De récentes fuites ont permis d’identifier au moins neuf personnes impliquées dans les opérations de Parsian Afzar, dont :
• Ali Talebi, Mohammad Rahimzadeh et Ali Ansari Pouya (programmeurs et agents de renseignement).
• D’autres comme Mehdi Ebrahimi, Hamed Cheraghi, Hossein Ghasemi, Morteza Talebi, Mohammadreza Sheikhbahaee et Morteza Jameaee.

Ces agents sont soumis à des restrictions strictes, notamment des interdictions de voyager et une surveillance étroite de la part du ministère du Renseignement.

Des opérations cybernétiques plus vastes
Les activités de Parsian Afzar font partie d’un cadre plus vaste orchestré par l’armée cybernétique iranienne :
• Attaques contre les infrastructures critiques : cibler des systèmes en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient.
• Campagnes de phishing : extraire des données sensibles de journalistes, de dissidents et de cibles étrangères.

Le guide suprême du régime iranien, Ali Khamenei, a explicitement approuvé les opérations cybernétiques, les présentant comme une forme de « djihad explicatif » essentielle à la réalisation des objectifs du régime. Ce mandat souligne l’importance stratégique de ces opérations dans la promotion du programme de Téhéran, tant au niveau national qu’international.

En plus des cyberoffensives internationales, les activités de Parsian Afzar portent directement atteinte aux droits des citoyens iraniens. L’entreprise joue un rôle essentiel dans la surveillance des militants, la répression de la liberté d’expression et l’aide à la détention de dissidents. Ces actions, associées à ses cyberattaques contre des infrastructures étrangères, placent Parsian Afzar au centre de l’attention mondiale.

Efforts pour détourner l’attention des responsables

Grâce à des entités comme la Fondation pour le dialogue et l’amitié des peuples, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, le régime tente de masquer ses violations des droits de l’homme. Les événements et les campagnes organisés par cette fondation visent à façonner l’opinion internationale, en présentant une façade de dialogue et de paix tout en dissimulant les tactiques répressives de l’Iran.

Conclusion
Les révélations sur Parsian Afzar Rayan Borna et ses affiliés soulignent l’utilisation stratégique des capacités informatiques par le régime iranien comme outil de répression et d’influence mondiale. Des cyberattaques à grande échelle à la surveillance omniprésente, les activités de l’entreprise illustrent la double menace posée par l’appareil informatique de Téhéran, qui viole à la fois les droits de ses citoyens et la souveraineté d’autres nations. La lutte contre ces opérations est essentielle pour préserver les libertés numériques et lutter contre les violations des droits de l’homme.