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Sortie de liste de l’OMPI : Wikileaks raconte les coulisses entre Londres et Téhéran

CNRI – Le quotidien britannique The Daily Telegraph a publié le 5 février des câbles confidentiels de l’ambassade des Etats-Unis à Londres datant de 2008 concernant l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), principal mouvement d’opposition au régime des mollahs. Les textes traitent à la fois de la crainte hystérique qu’inspire l’OMPI à la dictature religieuse et des tractations en coulisses avec le lobby des mollahs pour empêcher la sortie de la liste noire du mouvement de résistance. En voici quelques extraits.

Les télégrammes font intervenir en permanence trois acteurs clés :
– Poloff : l’observateur des affaires iraniennes à l’ambassade US à Londres
– Margaret Tongue : chef de l’équipe du groupe bilatéral de coordination avec l’Iran du Foreign Office
– Helene Teasdale : officier du groupe bilatéral de coordination avec l’Iran du Foreign Office.
– Les télégrammes parlent également de l’association « Nejat » de services de renseignements du régime iranien.

Paranoïa du régime sur l’OMPI

Télégramme du 7 aout 2008 :
Le  régime de Téhéran perçoit et même craint l’OMPI comme une menace significative. A titre d’exemple, un spécialiste de sciences politiques iranien et organisateur de la société civile, qui est récemment retourné en Grande-Bretagne après un voyage de travail en Iran, où il a été brièvement arrêté par les autorités, a dit à Poloff [l’observateur des affaires iraniennes à l’ambassade US à Londres] le 6 août que le point central qui revenait dans ses interrogatoires, menés par plusieurs organes officiels iraniens, était de savoir s’il avait eu le moindre contact avec l’OMPI et s’il était au courant de contacts entre le gouvernement britannique avec l’OMPI.  L’universitaire a ajouté que lorsqu’il était en Iran, de grands quotidiens de Téhéran avaient donné une place importante à la une à l’interview de l’ambassadeur britannique Geoffrey Adams, portant sur la manière dont il voyait les « véritables » relations de l’OMPI avec les gouvernements occidentaux.

Tongue a ajouté que le Royaume Uni continuera dans ses efforts privés et bilatéraux de rassurer les autorités iraniennes sur la sincérité de la position du gouvernement vis-à-vis de l’OMPI, mais a noté que le gouvernement croit que l’inquiétude et la “paranoïa” de Téhéran à propos de l’OMPI resteront élevés pour une période indéfinie. 

Tongue a dit que l’on pourrait concevoir que le haut degré d’anxiété que les relations réelles de l’OMPI avec les gouvernements occidentaux génèrent dans le régime ait un impact négatif sur les positions officielles iraniennes sur d’autres questions prioritaires. Elle n’est pas entrée dans les détails.”

Bien que de nombreux expatriés et experts récusent l’OMPI, ils ont tous uniformément souligné que le régime de Téhéran perçoit et même craint l’OMPI comme une menace significative.

Sortie de liste noire : la bataille de la Résistance et de ses alliés

Télégramme du 14 janvier 2009 :
Margaret Tongue, chef de l’équipe du groupe bilatéral de coordination avec l’Iran du Foreign Office a dit le 12 janvier [au représentant américain] que les représentants du gouvernement britannique à Bruxelles vont  vraisemblablement voter pour s’opposer à la réinscription de l’OMPI dans la liste en vertu des règlements anti-terroristes de l’UE. La révélation est intervenue le jour où le ministre des Affaires étrangères Miliband a été visé par une question parlementaire sur le vote du gouvernement de sa Majesté à Bruxelles vis-à-vis de l’OMPI, par un ardent partisan de l’OMPI, Lord Corbett, et le même jour qu’un rassemblement bruyant de l’OMPI devant le ministère des Affaires étrangères.

Télégramme du 7 août 2008 :
Tongue a dit qu’à la Chambre des Commune, une défense vigoureuse de l’OMPI continue parmi ces députés qui avaient soumis en 2006 une pétition qui a finalement abouti à la sorti de liste de l’OMPI en juillet en vertu du droit britannique.  Dans des conversations précédentes, Tongue avait noté la force et la persistance du groupe de députés de la Chambre des Communes qui défend  régulièrement l’OMPI.

Tongue a ajouté que le ministre des Affaires étrangères a récemment été interrogé à la Chambre des Communes lors d’une séance de questions, par un député “ami de l’OMPI” sur  comment le Royaume Unie avait voté à Bruxelles sur le maintien de l’interdiction par l’UE.

Les pressions en coulisses du lobby du régime

Télégramme du 24 décembre 2008 :
Le régime de Téhéran donne une haute priorité et visibilité à ses efforts pour se réconcilier les anciens membres de l’entité terroriste des Moudjahidine du peuple qui sont retournés en Iran, selon des parlementaires britanniques qui ont rencontré en octobre et en novembre le conseiller politique et l’observateur des affaires iraniennes de l’ambassade à Londres (Poloff), ainsi que selon le représentant d’une ONG qui a rencontré Poloff le 11 décembre. Le régime canalise ses efforts sur ces réconciliés de l’OMPI via « Nejat », une organisation non-gouvernementale iranienne qui aide les transfuges à réintégrer la société iranienne (…) « Nejat » [dont Massoud Khodabandeh est membre] aide en réalité le lobby anti-OMPI du régime à faire pression et de la propagande auprès des publics occidentaux. 

Poloff a d’abord fait un contact préliminaire avec le représentant de “Nejat” par le biais de deux parlementaires britanniques qui avaient briefé l’ambassade sur leur visite, quelques mois après s’être rendus en Iran en été 2008 comme invités du Majlis. Lors de plusieurs rencontres entre octobre et décembre, David Liddington (parti conservateur) et Ben Wallace (ministre du cabinet fantôme pour l’Ecosse), ainsi que des membres du personnel de leurs bureaux et du Conseil du Moyen-Orient du parti conservateur (CMEC), ont détaillé au conseiller politique et à Poloff leurs impressions sur le programme du régime pour se réconcilier l’OMPI, et l’atmosphère politique au moment de leur visite (en juillet) à Téhéran et Ispahan. Les parlementaires ont facilité la visite d’une délégation de Nejat en Grande-Bretagne à la mi-décembre ; le représentant de Nejat à fait part de ses opinions à Poloff en privé durant la visite de Nejat à Londres en décembre.

La complaisance malgré tout avec les mollahs

Télégramme du 4 décembre 2007:
Les autorités du groupe de coordination avec l’Iran du Foreign Office, ont, à part, dit à l’observateur (américain) des affaires iraniennes à Londres le 30 novembre, et ont aussi dit au négociateur nucléaire iranien Saïd Jalili quand il était à Londres le même jour, que le gouvernement britannique se bat contre l’ordre administratif (de délister l’OMPI) en déposant d’autre appels administratifs et en justice, et que dans l’intervalle, il ne radiera pas l’OMPI ni ne dégèlera ses avoirs. Helene Teasdale de l’équipe bilatérale avec l’Iran du Foreign Office a dit que le gouvernement britannique conteste sur le plan de la loi les conclusions et le raisonnement de la POAC : que l’OMPI sétait, en se réorganisant et en s’abstenant de mener des attaques depuis 2001, transformé en une organisation non-terroriste.

Télégramme du 19 mars 2008 :
Les contacts du Foreign Office espèrent mais restent incertains quant à la manière et la date à laquelle une cour d’appel britannique se prononcera sur la légalité du gel actuel des avoirs de l’OMPI par le gouvernement britannique. En cas de jugement défavorable, le gouvernement mènera l’affaire devant la plus haute juridiction du Royaume Uni, la Chambre  des Lords. Les contacts du Foreign Office sont d’avis que, de manière surprenante, que l’OMPI bénéficie d’un soutien sérieux à la Chambre des Communes, si l’OMPI l’emportait dans son appel ; Ils ont avancé qu’il existe une forte possibilité qu’une cour d’appel se prononce en faveur de l’OMPI, de fait le gouvernement «  gère les prévisions » concernant les autorités iranienne pour amortir ce qui s’annonce comme une vive réaction de Téhéran si l’OMPI l’emportait.

En réponse aux questions, Teasdale et Tongue étaient sures que le gouvernement, au cas où la cour d’appel se prononcerait en faveur de l’OMPI, ferait encore appel devant la Chambre des Lords, qui est essentiellement l’équivalent de la Cour suprême des Etats-Unis. Entre-temps, Tongue a dit que les autorités britanniques ont rassuré à maintes reprises le gouvernement iranien à des niveaux élevés que le gouvernement britannique combattre l’appel de l’OMPI avec vigueur et s’attend finalement à gagner, et à être en mesure de maintenir l’OMPI sur la liste et ses avoirs gelés.

Tongue a avancé, cependant l’hypothèse, que si le gouvernementvenanit à perdre l’appel à la Chambre des Lords, le gouvernement ne chercherait vraisemblablement pas à suivre une  solution législative, en raison de la popularité de l’OMPI auprès de nombreux membres du parlement, à savoir essayer de maintenir le statut de l’OMPI sur la liste en favorisant toutes les faiblesses qu’un tribunal peut trouver dans les règlements intérieurs britanniques en vertu desquels l’OMPI a été inscrite sur la liste et ses fonds gelés. Tongue a dit que la preuve faite par l’OMPI que l’organisation s’était transformée en un organisme véritablement transparent et démocratique déconnecté du terrorisme, avait autant persuadé les parlementaires que le tribunal administratif ( la Commission d’Appel des Organisations proscrites) qui avait à l’origine accepté comme recevable la plainte de l’OMPI, et dont l’ordre fait l’objet de l’appel actuel du gouvernement. Tongue croit que les tentatives du gouvernement de mieux informer les parlementaires sur l’OMPI et sa véritable composition et orientation tomberait vraisemblablement dans l’oreille d’un sourd à Westminster, tant la machine de lobbying de l’OMPI s’était avérée efficace pour persuader une grande partie des parlementaires britanniques que  l’OMPI est l’avant-garde d’un future Iran démocratique.

Télégramme du 7 août 2008 :
Le Foreign office a souligné pour l’ambassade que les partisans de l’OMPI au Parlement continuent à être bien organisés et à se faire entendre. Les efforts britanniques sur l’affaire de l’OMPI se concentreront pour rassurer les autorités iraniennes que le Royaume Uni, malgré les victoires de l’OMPI en justice, continuera à éviter tout contact avec l’OMPI. De nombreuses sources disent que l’inquiétude iranienne est profonde et persistante sur l’OMPI.

A la veille de la sortie de liste de l’OMPI au Royaume Uni, la base légale pour le maintien par l’UE de l’OMPI sur la liste anti-terroriste n’est pas une nouvelle information mais, plutôt l’existence d’une instruction en cours en France sur le groupe, a dit Margareth Tongue, chef de  l’équipe du groupe bilatéral de coordination du Foreign Office, à l’observateur des affaires iraniennes à Londres (Poloff) le 30 juillet.

Tongue a fait des commentaires sur l’approche de l’UE, en s’appuyant sur une enquête de longueur et de résultat inconnus, et qui peut rendre la poursuite de l’interdiction de l’OMPI par l’UE indéfinie et sans limite de durée.

Tongue a dit que le gouvernement de sa majesté, a combattu devant la justice l’inscription sur la liste du Royaume Uni et a perdu. Elle a dit que la position du gouvernement à Bruxelles, en absence de preuves graves, convaincantes et pouvant être rendues publiques sur une activité terroriste récente de l’OMPI, sera de s’abstenir lors du vote sur l’OMPI. Elle a convenu que la direction de l’affaire dans l’UE a en fait été donnée à Paris.

Tongue a constamment dit que le gouvernement, ayant perdu la bataille légale, allait concentrer ses  efforts anti-OMPI dans le domaine politique.