Par Mohammad Sadat Khansari
Le 2 janvier 2020, une attaque aérienne dirigée par les États-Unis a ciblé un convoi sortant de l’aéroport international de Bagdad, tuant Qassem Soleimani, le célèbre commandant de la force terroriste Qods des Gardiens de la révolution islamique d’Iran. Ali Khamenei, Guide Suprême du régime iranien, a déclaré trois jours de deuil pour la mort de Soleimani et a assisté personnellement à une réunion d’urgence du Conseil suprême de la sécurité nationale.
Beaucoup en occident le craignait, les milices extrémistes au Moyen-Orient le vénérait. Mais l’écrasante majorité des Iraniens méprisait Soleimani, symbole infâme des intimidations et des meurtres du régime, pour ses crimes contre le peuple iranien et dans toute la région. Le peuple iranien a salué sa disparition, sur les réseaux sociaux et lors des manifestations de joie à travers le monde, mais aussi les irakiens qui réclament depuis plusieurs mois, dans leurs manifestations, l’expulsion de Soleimani d’Irak, ont salué sa mort comme un signe de l’affaiblissement du contrôle du régime sur leur pays.
Soleimani, qui portait le grade de général de division, était l’homme de main de Khamenei. Il rendait des compte directement au Guide suprême dont il était l’homme le plus proche et était le véritable numéro deux du régime. Lors des soulèvements en Iran en 2018 et 2019, des manifestants ont déchiré et brûlé les affiches de propagande le représentant dans différentes villes.
Qassem Soleimani est né le 11 mars 1957 dans un village près de la ville de Baft, dans la province de Kerman, au sud-est du pays. Il n’a pas terminé ses études primaires. Il a travaillé comme ouvrier du bâtiment non-qualifié alors qu’il était très jeune. Il n’a reçu aucune formation militaire. Pourtant, il est monté au sommet du commandement du Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran) en raison de sa cruauté et de sa loyauté envers le Guide Suprême du régime.
En 1998, Soleimani a été nommé commandant de la force terroriste Qods, la branche extraterritoriale des pasdaran.
La force terroriste Qods est un corps militaire fondé en 1990 sur ordre du guide suprême Ali Khameneï dans le seul but de réprimer l’opposition intérieure et de mener des guerres terroristes au-delà des frontières de l’Iran.
Le mandat des pasdaran est d’étendre l’idéologie fondamentaliste des mollahs par des meurtres, des actes terroristes et des prises d’otages.
La force Qods joue un rôle très spécial au sein des pasdaran et est chargée d’orchestrer l’ingérence du régime dans les pays de la région du Moyen-Orient, de l’Irak à la Syrie et au Yémen, et jusqu’au continent africain.
Bien que la Force Qods soit affectée à des missions à l’extérieur de l’Iran, Soleimani, en tant que membre supérieur du haut commandement des pasdaran, a également contribué de façon importante à l’appareil répressif du régime à l’intérieur de l’Iran.
En juillet 1999, au plus fort des protestations étudiantes, il a signé une lettre avec d’autres commandants des pasdaran, avertissant le président de l’époque, Mohammad
Khatami, que s’il ne réprimait pas la révolte, les pasdaran interviendrait.
« Notre patience est poussée à bout », écrivait Soleimani, ainsi que d’autres généraux des pasdaran. La police a écrasé les manifestants, comme elle l’a fait à nouveau, une décennie plus tard en 2009.
LE RÔLE DE SOLEIMANI DANS L’ASSASSINAT DE MEMBRES DE L’OMPI
Soleimani a joué un rôle clé dans le meurtre des membres de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) dans les camps Achraf et Liberty en Irak.
Avant le conflit américano-irakien de 2003, Soleimani avait orchestré plusieurs attaques contre les bases de l’OMPI en Irak.
Du 11 janvier 1993 à avril 2003, la force terroriste iranienne Qods a mené plus de 150 attentats contre l’OMPI en Irak.
La force Qods a développé « l’engin explosif improvisé (IED) » pour cibler les convois de l’OMPI en Irak dans les années 1990. À la fin de 2002, plus de 12 bombes de bord de route, y compris des IED et des voitures piégées, ont été utilisées contre des convois de l’OMPI, causant la mort et des blessures à des dizaines de membres de l’OMPI.
L’une des pires attaques a eu lieu le 9 juin 1999. Une bombe en bordure de route a explosé le long de l’artère routière Bagdad-Khalis alors qu’un autobus rempli de membres de l’OMPI passait, causant la mort de six passagers et blessant 21 autres. En outre, plusieurs voitures irakiennes des habitants ont été endommagées, un passant irakien a été tué et de nombreux autres ont été blessés.
L’autobus transportant des membres de l’OMPI après l’explosion
Le bus transportant les citoyens irakiens
Après l’invasion de l’Irak en 2003, Soleimani a étendu son rayon d’action sur le sol irakien et a utilisé son influence dans la politique et l’armée irakiennes pour orchestrer de nombreuses attaques contre les membres de l’OMPI, notamment les massacres au camp Achraf en 2009, 2011 et 2013, et de nombreuses attaques de missiles au camp Liberty de 2012 à 2016.
MASSACRE DU CAMP ACHRAF
Le crime le plus odieux de Soleimani a eu lieu le 1er septembre 2013, connu sous le nom de « Massacre du camp Achraf », lorsque des mandataires de la force Qods, dont Kata’ib Hezbollah et Asa’eb Ahl Al-Haq, ont attaqué le camp Achraf dans la province de Diyala en Irak. A l’époque, seuls 101 membres de l’OMPI y résidaient en tant que gardiens de leurs biens en vertu d’un accord avec l’ONU et les Etats-Unis reconnu par les autorités irakiennes de l’époque. L’attaque d’un commando masqué armé jusqu’au dent a conduit à l’exécution de 52 membres de l’OMPI sans défense et sans armes. Sept autres résidents du camp d’Achraf, dont six femmes, ont été pris en otage. Leur sort n’a jamais été élucidé. Soleimani a personnellement supervisé les plans du massacre. Deux jours après l’attaque, il a assisté à l’Assemblée des experts du régime et a décrit le massacre comme étant « plus important que l’opération Mersad » la contre-offensive du régime contre l’opération « Lumière éternelle », de l’Armée de libération nationale iraienne en 1988 qui failli faire tomber la ville de Kermanchah à 170 km à l’intéireur de l’Iran.
#QassemSoleimani was the mastermind of the massacre of #MEK in #CampAshraf in #Iraq,&of many other terrorist operations against the Iranian Resistance in #Iran&other countries.With his elimination,the process of #IranRegimeChange will be greatly expedited. https://t.co/gyGWMOc07e
— NCRI-FAC (@iran_policy) 3 janvier 2020
Au total, de 2009 à 2016, les mandataires de la force Qods en Irak sous le commandement de Qassem Soleimani ont tué 141 membres de l’OMPI dans des attaques terroristes et en ont blessé des milliers d’autres.
#Iraq-Qasem Soleimani asks #Maliki 2 attack #Campliberty disguised as DAESH militants http://t.co/THoNMOeYja #Iran #UNRightswire @UN @unhcr
— NCRI-FAC (@iran_policy) 13 janvier 2014
LES CRIMES DE SOLEIMANI À L’ÉTRANGER
Avec la force Qods sous son commandement, Soleimani était en charge de toutes les attaques terroristes du régime iranien et de ses groupes de substitution dans le monde entier. Il a orchestré des attaques dans des endroits aussi éloignés que la Thaïlande, New Delhi, Lagos et Nairobi – au moins trente tentatives en 2011 et 2012 seulement. Soleimani a symbolisé la sauvagerie et la soif de sang des pasdaran et leur agression envers d’autres pays.
Toutes les organisations terroristes chiites du Moyen-Orient, y compris le Kata’ib Hezbollah, Asaeb al-Haq en Irak, le Hezbollah libanais et de nombreux autres groupes en Syrie, au Yémen, au Bahreïn etc., étaient sous le commandement de Soleimani.
SOLEIMANI, ET LES IED EN AFGHANISTAN ET EN IRAK
Soleimani et ses groupes mandataires en Irak et en Afghanistan étaient à l’origine du flux d’IED en Irak et en Afghanistan. Les IED dévastateurs ont été largement utilisés pendant la guerre en Irak entre 2003 et 2011, et on les appelle le tueur numéro un de la guerre.
En avril 2019, le Pentagone a annoncé que l’Iran était responsable de 17 % de tous les décès de militaires américains entre 2003 et 2011. Les détails de cette nouvelle ont été rapportés par les médias américains, notamment Newsweek.
« L’Iran est responsable de la mort d’au moins 608 soldats américains en Irak entre 2003 et 2011, selon une nouvelle estimation révisée du nombre de victimes produite par le Pentagone, » a indiqué le rapport de Newsweek.
Si nous ajoutons les pertes civiles, les crimes commis par la force Qods et Soleimani deviennent plus évidents. Un rapport spécial de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a révélé ce qui suit :
« Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2018, les IED ont causé près de la moitié des pertes civiles dues aux violences liées au conflit. »
Les IED sophistiqués ont été fabriqués en secret dans les usines de l’industrie militaire iranienne sous l’ordre de la force Qods et ont été distribués en Irak et en Afghanistan.
Plus tard, les usines militaires iraniennes ont fabriqué une bombe de bord de route plus puissante et plus mortelle appelée projectiles formés de manière explosive (EFP). Les EFP ont été fabriqués sur commande confidentielle par la force Qods en Iran. Les engins explosifs improvisés, avec leur niveau de perfectionnement, étaient plus difficiles à détecter, pouvaient pénétrer un blindage plus épais et étaient plus meurtriers que les IED traditionnels. Le Conseil national de la Résistance iranienne a révélé l’emplacement exact des usines le 25 juillet 2006 et le 29 janvier 2009.
Images satellites montrant le complexe de l’usine d’armement
LES CRIMES DE SOLEIMANI EN SYRIE
Soleimani est également responsable de la mort de milliers de personnes en Syrie. La presse a rapporté qu’en 2012, le dictateur syrien Bachar el-Assad était dans une situation difficile. Son armée ne se battait pas pour lui. Soleimani s’est vanté qu’il ferait venir des brigades de la milice Bassidj des Pasdarans pour l’aider. Il a également été rapporté qu’en août de cette année-là, 48 Iraniens ont été capturés à l’intérieur de la Syrie en se faisant passer pour des pèlerins qui seront plus tard identifiés comme des membres de la force Qods.
Soleimani a commencé à faire venir des milices étrangères composées de membres du Hezbollah et de milices chiites irakiennes. Son commandant en second, le général Hossein Hamedani, s’est installé en Syrie et des fournitures ont commencé à arriver en masse d’Iran. Soleimani rassembla différentes parties de l’appareil de renseignement syrien alors que le nombre d’officiers des forces Qods et de leurs mandataires étrangers présents en Syrie atteignait des milliers. 2 000 combattants du Hezbollah se sont joints au concert en avril 2013. Finalement, Soleimani a aidé à sauver Assad de sa chute inévitable avec pas moins de 80.000 milices en armes sous le commandement de la force Qods et en utilisant des tactiques brutales et en détruisant les villes et villages et massacrant les civils.
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— NCRI-U.S. Rep Office (@NCRIUS) 1 septembre 2016
LE RÔLE DE SOLEIMANI DANS LE MEURTRE DES MANIFESTANTS EN IRAK ET EN IRAN
Pendant les soulèvements de 2019 en Irak, Soleimani s’est rendu plusieurs fois à Bagdad et a conduit les forces répressives de ce pays à réprimer les protestations. Les forces répressives ont adopté une nouvelle tactique meurtrière : des tireurs d’élite ciblant les leaders des protestations depuis les toits pendant les manifestations. Ces snipers ont tiré sur la plupart des 450 manifestants tués pendant les manifestations. Les manifestants ont appréhendé quelques tireurs d’élite munis de cartes d’identité iraniennes.
En novembre, lorsque des manifestations ont éclaté dans tout l’Iran, le régime a utilisé la même tactique meurtrière. Plus de 1 500 manifestants, pour la plupart des jeunes d’une vingtaine d’années, ont été abattus depuis les toits par des tireurs d’élite appartenant à la force Qods. Soleimani était le cerveau de ces assassinats en Irak et en Iran.
Les crimes de Soleimani mentionnés dans ce rapport ne sont que la pointe de l’iceberg et son empreinte digitale sanglante est visible dans tous les crimes du régime iranien des 40 dernières années. Un des actes notoires de Soleimani à l’étranger a été un plan, en 2011, pour engager un cartel de drogue mexicain afin de faire sauter un restaurant populaire à Washington, DC, dans lequel dînait l’ambassadeur saoudien aux États-Unis.
UN DERNIER MOT SUR LA MORT DE SOLEIMANI
Après l’élimination de Qassem Soleimani, certains en Occident ont essayé de le dépeindre comme un « Héros pour le peuple iranien » ou un « stratège de guerre de génie ». Le fait est que Soleimani n’était ni un « Héros » ni un « stratège de guerre de génie » ; il était simplement un boucher cruel qui poursuivait ses objectifs avec un maximum de violence et de carnage. Ses milices de substitution en Syrie et en Irak poursuivraient leurs objectifs sans avoir de principes ni de lignes rouges, qu’il s’agisse de massacrer et de déplacer des civils de leurs villes et villages ou de larguer des armes conventionnelles ou non conventionnelles, y compris des bombes inflammables et à fragmentation ou des armes chimiques sur des zones résidentielles.
Les Iraniens et les peuples de la région réjouit par la mort de Ghassem Soleimani
Qassem Soleimani n’avait pas non plus de pitié pour ses milices. Il a envoyé des milliers d’Irakiens, d’Afghans et de Pakistanais pauvres et sans formation à la mort sur les fronts de guerre en Syrie en promettant de l’argent à leurs familles. Soleimani, ce « stratège de guerre de génie », a appris cette tactique pendant la guerre Iran-Irak, alors que le régime des mollahs et les commandants des GRI comme Soleimani envoyaient des dizaines de milliers d’enfants en « vagues humaines » pour nettoyer les champs de mines avec leurs corps. C’était la tactique et la stratégie de Soleimani sur les fronts de guerre, il a compensé le manque de connaissances militaires et la faiblesse du commandement par des « vagues humaines » et le massacre de civils, et en recourant à la tactique de la terre brûlée.
Par conséquent, Soleimani était tout simplement un criminel sans principes et sans sentiments humains qui poursuivrait les directives du Guide Suprême avec terrorisme et cruauté. C’est pourquoi avec son élimination, le régime des mollahs a perdu le cerveau de ses activités terroristes, l’un des principaux planificateurs de ses attaques contre l’opposition et la principale personne qui maintenait ses rangs ensemble au-delà de ses frontières. Les pasdaran et la force Qods ne seront pas les mêmes sans Qassem Soleimani, et l’affaiblissement des pasdaran gagnera à son tour à affaiblir le régime dans son ensemble. Cela rendra le régime encore plus incapable de faire face aux soulèvements en cours en Iran, en Irak et au Liban, où Soleimani était l’une des figures les plus détestées.