vendredi, mars 29, 2024
AccueilActualitésActualités: FemmesPour les intégristes en Iran l'égalité des sexes est une menace existentielle...

Pour les intégristes en Iran l’égalité des sexes est une menace existentielle – l’eurodéputée Beatrice Beccera

Pour les intégristes en Iran l'égalité des sexes est une menace existentielle – l’eurodéputée Beatrice Beccera

L’eurodéputée Beatrice Beccera (Espagne), participait à l’occasion de la Journée mondiale des femmes à une conférence intitulée « Engagement pour la parité : les femmes unies contre l’intégrisme islamiste », en présence de nombreuses personnalités politiques, des intellectuels, figures éminentes et des activistes du mouvement pour l’égalité venus d’Iran et de 26 pays de quatre continents.

Voici le texte de son intervention :

Les intégristes islamiques ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains, mais comme des sous-hommes et subordonnées aux hommes. Ceci est leur point de vue. Ce point de vue est peut-être le principe le plus fondamental dans leur idéologie. Pour les intégristes, comme nous pouvons le voir en Iran aujourd’hui, l’égalité des sexes est une menace existentielle. Et cela est tout simplement un crime. C’est une violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce n’est pas culturel, ce n’est pas historique, ce n’est pas religieux. C’est un crime. Et les crimes doivent être empêchés, poursuivis et punis.

Permettez-moi de vous donner un exemple : le refus du régime d’adhérer à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes n’est pas une question culturelle, mais c’est juridiquement et politiquement pertinent pour la sécurité d’un régime antidémocratique et dictatorial. L’Iran a été le premier endroit où un régime intégriste a établi ses règles. L’idée d’un califat islamique était celle de Khomeny et il est la première personne qui a affirmé « Nous avons besoin d’un calife qui coupe les mains. »

La situation des droits de l’Homme en Iran s’est détériorée au cours des deux dernières années. Malgré toute la propagande quand Rohani a pris ses fonctions pendant l’été 2013, il n’y a eu aucune amélioration. Au contraire, les conditions des droits de l’Homme, y compris la situation des femmes, se sont détériorées. Plus de personnes ont été exécutées, beaucoup en public, pour terroriser la population. Les femmes en Iran sont les principales cibles des mesures répressives des mollahs et sont privées de leurs droits les plus fondamentaux.

C’est en Iran que la discrimination contre les femmes a été légalisée et institutionnalisée, alors que dans de nombreux pays, les droits des femmes sont violés, alors que dans de nombreux pays musulmans en vertu de la loi dite charia, les femmes sont oppressées. Cependant, l’Iran est un cas unique, étant donné que cette oppression a été incorporée dans la constitution, comme dans les lois administratives et tout a été institutionnalisé.

Quelques semaines seulement après l’accord sur le nucléaire, l’Iran est au milieu de ce qu’Amnesty International a appelé un pic sans précédent dans les exécutions. À l’heure actuelle, la nouvelle administration « modérée » de l’Iran est sur le point d’atteindre un nouveau pic concernant les exécutions.

Le récent accord sur le nucléaire entre les grandes puissances mondiales et le régime iranien ne doit pas conduire l’Occident à ignorer l’état déplorable des droits de l’Homme dans le pays. Les affaires, et bien sûr, pas les accords commerciaux qui impliquent même de couvrir cet état pour ne pas déranger le nouveau client, ne peuvent se faire au prix des droits de l’Homme. Il est important que l’Union européenne et ses représentants utilisent leur position pour défendre les droits de l’Homme, et exposer les violations des droits de l’Homme en Iran.

Parce que mes chers amis, en fait, l’Iran a eu sa « bombe nucléaire » (l’intégrisme au pouvoir) depuis près de 40 ans. La République islamique d’Iran est par excellence un régime intégriste, un État théocratique dont le sort est régi par les lois de la charia, les lois islamiques depuis 1979.

Depuis lors, il y a toujours eu des disciples en devenir du modèle iranien dans le monde islamique. Il est inutile de rappeler ce qui est arrivé en Afghanistan avec la secte des talibans, ni ce que les sauvages de Daech préconisent. Lorsque l’intégrisme islamique n’est pas en mesure de saisir le pouvoir politique pour organiser l’État selon ses préceptes, il incarne et développe la solution terroriste sanctifiée par la mission djihadiste pour « répandre le bien et prévenir le mal » dans le monde.

Durant la période sombre de l’Islam, le régime intégriste iranien a torturé et exécuté plus de 120 000 personnes, dont des dizaines de milliers de femmes. Mais ceci ne fait pas partie du passé. Ne vous méprenez pas, cela se passe maintenant, de nos jours. Depuis que le soi-disant « progressiste et modéré » Rohani a pris ses fonctions en 2013, et avec le silence complice de la communauté internationale, plus de 2000 prisonniers ont été pendus, dont des dizaines de femmes.

En 2016 les femmes iraniennes continuent d’être systématiquement privées de leurs droits civiques et de leurs droits sociaux. Les lois sont toujours en place rendant le hijab obligatoire en humiliant, arrêtant et fouettant les femmes qui ne le portent pas correctement, les attaques à l’acide sont aussi tolérées.

Elles ne sont pas autorisées à assister à des événements sportifs dans un stade ou même chanter. Les efforts visant à les exclure définitivement de la sphère sociale reflètent une volonté politique de se contenter de les transformer en machines de procréation. L’objectif de Khamenei est de doubler la population et d’atteindre 150 000 000 d’habitants en 2050. Pour ce faire, des programmes de planification de la famille sont supprimés et l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive est empêché. Des mesures d’orientation et de promotion du mariage à un jeune âge sont également mises en œuvre, de concours avec la maternité répétée et les taux de divorce très bas, ainsi que la discrimination envers les femmes célibataires, ou les femmes sans enfants, quand il s’agit de postuler pour un emploi.

Mme Radjavi est l’avant-garde de la lutte contre l’intégrisme islamique

Il ne faut pas se faire avoir. C’est l’Iran l’épicentre de l’intégrisme islamique. L’intégrisme est non seulement l’ennemi des femmes musulmanes, mais de toutes les femmes, et donc, de toute l’humanité. C’est une menace mondiale et globale pour la paix et pour la sécurité, qui se repose de plus en plus sur l’oppression, la terreur et la peur.

L’histoire universelle de la lutte des femmes pour la liberté et l’égalité est le plus grand ennemi de l’intégrisme. Voilà pourquoi les femmes sont les premières victimes de sa force de destruction. Cela ne ressemble-t-il pas assez à une « bombe nucléaire » complexe et efficace ? N’est-ce pas la misogynie qui a atteint les Iraniens dans cette force destructrice ? Eh bien, je crois fermement que nous pouvons désactiver cette bombe.

Maryam Radjavi a été la première à appeler à la formation d’un front uni contre les intégristes islamiques. Elle a été la femme musulmane déclarant que l’islam soutient l’égalité absolue entre les sexes à tous les égards, des lois du mariage et de l’héritage jusqu’à l’égalité de rémunération, et surtout, une participation égale à la direction politique, et les positions dans la sphère économique. Elle, en tant que leader musulmane, rejette ce qu’on appelle la loi de la charia des mollahs.

Je suis honorée de faire partie de cette force de changement, Maryam. Et fier d’annoncer ici comme une contribution à cet objectif que je vais lancer la semaine prochaine un programme européen entièrement complet et intégré sur le rôle des femmes dans la lutte contre la radicalisation. Mme Radjavi est l’avant-garde de la lutte contre l’intégrisme islamique. Elle incarne la possibilité d’une direction politique musulmane fondée sur la règle de droit, l’égalité, la démocratie et la liberté. Et ceci est le meilleur et le seul moyen de mettre fin à l’extrémisme et l’intégrisme. Merci.