samedi, septembre 14, 2024
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Nucléaire iranien : le stratagème du régime pour gagner du temps

Nucléaire iranien : le stratagème du régime pour gagner du temps
Photo : Le régime iranien célèbre son programme nucléaire en servant un « gâteau jaune »

Les négociations sur la relance de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 approchent la fin du huitième cycle à Vienne. Les pourparlers ont été bloqués pendant cinq mois après la nomination d’Ebrahim Raïssi à la présidence par le guide suprême Ali Khamenei et ont repris fin novembre ; les négociateurs faisant des demandes encore plus insolentes que sous l’administration précédente. Le septième cycle de pourparlers s’est terminé à la mi-décembre avec peu de progrès notables, et le huitième cycle a commencé selon un calendrier accéléré avant la nouvelle année.

La plupart des parties à ces pourparlers tentent toujours de promouvoir une vision optimiste pour la résolution potentielle d’une crise qui se développe depuis 2018, lorsque les États-Unis se sont retirés du Plan d’action global conjoint. Cependant, diverses déclarations publiques indiquent qu’il existe encore d’énormes écarts entre les demandes de Téhéran et toute proposition qui serait considérée comme acceptable par les États-Unis ou leurs alliés. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, a explicitement déclaré que les négociations sont loin de tout accord et que le temps presse.

Les autres signataires occidentaux ont donné à peu près la même impression, mais les États-Unis ont notamment refusé d’imposer des délais stricts au processus. D’une part, les responsables américains et européens ont tous deux indiqué fin janvier ou début février comme date limite effective, mais d’autre part, ils n’ont pris aucune mesure pour officialiser cette date limite. Au lieu de cela, les récits occidentaux sur les pourparlers de Vienne ont commencé à se remodeler autour de la notion d’un accord intérimaire qui respecterait le délai informel sans nécessairement mettre fin au processus de négociation.

Téhéran a clairement rejeté l’idée d’un tel accord intérimaire, et les négociateurs de Raïssi ont déclaré qu’ils sont prêts à rester engagés dans le processus aussi longtemps qu’il leur faudra pour obtenir leurs demandes. Pendant ce temps, ces demandes restent clairement irréalistes pour les puissances occidentales. Le ministère des Affaires étrangères du régime continue d’insister sur le fait que les États-Unis doivent lever toutes les sanctions imposées à la suite du retrait américain de 2018 avant même que la République islamique ne procède à des négociations sur son propre retour au respect des restrictions mises en place par le JCPOA.

À la suite du septième cycle des pourparlers de Vienne, les responsables iraniens sont même allés jusqu’à déclarer que le soulagement qu’ils cherchaient était des sanctions dans n’importe quelle catégorie, pas seulement celles visant les activités nucléaires du régime. C’est-à-dire que Téhéran essaie d’utiliser les pourparlers de Vienne pour gagner du temps.

Mercredi, Reuters a cité un haut responsable iranien anonyme qui a une fois de plus exprimé les attentes du régime. « Les Américains devraient donner l’assurance qu’aucune nouvelle sanction, sous quelque étiquette que ce soit, ne sera imposée à l’Iran à l’avenir », a-t-il dit, laissant entendre que Téhéran considère l’accord potentiel comme une voie vers la limitation de la pression occidentale sur toutes les activités malveillantes du régime iranien à l’avenir.

Le même rapport a démontré que le régime a bien l’intention de commencer à exploiter cet accord en l’absence de toute concession de sa part. « L’Iran a besoin de quelques semaines pour vérifier la levée des sanctions », a déclaré un autre responsable, réitérant les déclarations antérieures du ministère des Affaires étrangères concernant la possibilité de ventes de pétrole iranien sur les marchés internationaux. Alors que les États-Unis ont fait valoir que quelques jours devraient suffire pour vérifier que les sanctions ont été levées, Téhéran s’attend désormais à tirer un revenu substantiel des ventes de pétrole avant de prendre des mesures pour inverser ses violations du JCPOA.

Ces violations continuent de s’accélérer, alors que des cascades plus avancées de centrifugeuses à des fins d’enrichissement nucléaire sont installées dans des installations nucléaires en Iran. Un an après le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire, le régime iranien a repris l’enrichissement de l’uranium à son niveau d’avant 2015 de 20 % de pureté fissile. Peu de temps après, il a poussé une partie de ce matériau au niveau de 60% et a commencé à fabriquer une quantité d’uranium métal, qui n’a d’autre fonction pratique que dans le cadre d’une ogive nucléaire.

Dans le même temps, le régime a continué à produire, stocker et tester les missiles balistiques qui pourraient un jour fonctionner comme système de livraison pour une telle ogive. Au milieu des huit rounds des pourparlers de Vienne, le ministère britannique des Affaires étrangères a vivement condamné le déploiement de ces armes dans des manœuvres militaires quelques semaines plus tôt. Pourtant, cela ne s’est toujours pas traduit par un changement de position britannique lors de ces pourparlers, et encore moins par une reconnaissance du fait qu’une véritable coopération est inaccessible.