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La politique nucléaire du régime a déclenché une tempête de conflits internes. Des législateurs extrémistes, des religieux et des institutions proches du régime s’en prennent au ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi au sujet de son récent accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les menaces de destitution, les appels au retrait du TNP et même le plaidoyer ouvert en faveur de la construction d’une bombe nucléaire révèlent l’ampleur des rivalités entre factions et les contradictions au cœur de la stratégie nucléaire de Téhéran.
Menaces parlementaires contre Araghchi
Le 12 septembre 2025, Kamran Ghazanfari, député lié au CGRI (les gardiens de la révolution), a ouvertement menacé de destituer Araghchi s’il ne répudiait pas les propos du directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, et ne divulguait pas le texte de l’accord du Caire. Mohammadreza Mohseni-Sani, un autre député, est allé plus loin en déclarant que Grossi et les inspecteurs de l’AIEA n’avaient « aucun droit » d’entrer en Iran sans le paiement préalable par l’Europe de réparations pour la guerre Iran-Irak. Il a averti que si les Européens activaient le mécanisme du « snapback », le Parlement exigerait le retrait de l’Iran du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Soixante et onze députés ont simultanément exigé une réunion d’urgence avec Araghchi et le Conseil suprême de sécurité nationale, invoquant des inquiétudes quant à des concessions susceptibles de mettre en danger les scientifiques nucléaires ou de restreindre les « droits de l’Iran ». Des médias liés au CGRI, tels que Fars, Tasnim et Kayhan, ont qualifié cette situation de « surveillance révolutionnaire », tandis que les médias à tendance révisionniste l’ont minimisée, insistant sur le fait que le président du parlement, Mohammad Bagher Qalibaf, était déjà informé.
Le « Bassij des professeurs » a intensifié sa campagne, rejetant toute suspension de l’enrichissement, tout dialogue direct avec les États-Unis ou toute surveillance accrue de l’AIEA. Leurs déclarations accusaient les partisans de telles mesures de saper le Guide suprême et les forces armées, démontrant ainsi comment les organisations contrôlées par le régime sont mobilisées comme troupes de choc politiques dans le conflit nucléaire.
Escalade de la rhétorique extrémiste
Araghchi a tenté de limiter les dégâts le 11 septembre, insistant sur le fait que l’accord du Caire n’était qu’un « cadre » et qu’aucune inspection n’était actuellement autorisée sans l’approbation du Parlement et des autorités de sécurité nationale. Pourtant, ses assurances ont été contredites par Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, qui a accusé Grossi de donner « un chèque en blanc à l’ennemi » et a déclaré que l’AIEA n’avait « jamais été dans un état aussi destructeur ».
Les factions proches du Guide suprême du régime, Ali Khamenei, ont intensifié leurs attaques, qualifiant Grossi d’« agent du Mossad » et menaçant de l’arrêter s’il entrait en Iran. Hossein Shariatmadari, rédacteur en chef du journal Kayhan, a affirmé qu’un projet de loi pour un retrait urgent du TNP était prêt. Plus frappant encore, le député Bakhshayesh a ouvertement affirmé que l’Iran « aurait dû fabriquer la bombe depuis longtemps », confirmant ainsi que l’arme nucléaire demeure une ambition pour certains secteurs du régime.
Le spectacle de parlementaires menaçant leur propre ministre des Affaires étrangères, de religieux dénonçant les inspecteurs internationaux comme des espions et de députés réclamant l’élaboration de l’arme nucléaire met en lumière une vérité plus vaste: le programme nucléaire de Téhéran relève moins d’une politique technique que d’une question de survie factionnelle. Au lieu de répondre aux préoccupations internationales, le régime est enfermé dans une lutte destructrice où la politique de la corde raide et le secret alimentent à la fois les rivalités internes et les pressions externes.