Par Laurent Bertagnolio
La Nouvelle République du Centre, 18 octobre Deux Iraniens comparaissaient mardi pour « provocation au suicide ». Ils auraient poussé trois de leurs compatriotes à simmoler par le feu à Paris. Pour résister au régime intégriste de Téhéran et par peur de lextradition brandie par la DST française.
Par Laurent Bertagnolio
La Nouvelle République du Centre, 18 octobre Deux Iraniens comparaissaient mardi pour « provocation au suicide ». Ils auraient poussé trois de leurs compatriotes à simmoler par le feu à Paris. Pour résister au régime intégriste de Téhéran et par peur de lextradition brandie par la DST française.
« Je vous autorise à garder votre casquette » dit le président de la XVIe chambre correctionnelle du palais de justice de Paris à lhomme qui savance à la barre. La peau parcheminée, plus doreilles, des moignons de doigts, des narines démesurément agrandies, un sourire sans lèvres cet Iranien Mohammad, vient dire comment , le 18 juin 2003, il sest volontairement aspergé dessence avant de senflammer, protestation suprême contre le régime intégriste qui gouverne son pays. « Toute ma vie, je lai passée à résister. Je suis un amoureux de la vie. »
Une femme, Marzieh, a fait de même et en a réchappé le même jour. « Je suis une femme libre : cétait ma propre décision. » Elle sindigne en tant que femme quon la suspecte davoir été manipulée. Une troisième est morte dans le même désespoir. Cétait à Paris près du siège de la DST (contre-espionnage français) les deux survivants viennent surtout dédouaner deux de leurs compatriotes, prévenus de « provocation au suicide » et qui en répndent devant la justice. Ceux-là les auraient poussés à simmoler par le feu en guise de résistance au régime des ayatollahs de Téhéran.
Menace dextradition
Tous relèvent de lorganisation des moudjahidine du peuple iranien (OMPI), principale composante de lextrêmement bien structuré Conseil national de la résistance iranienne (CNRI). Cela pour dire que les » victimes » sont là en tant que témoins mais aussi pour défendre ceux qui les auraient poussés à ce terrible geste. Les choses sont claires : on leur a brandi la menace dune extradition de France vers lIran, quun avion était prêt à Orly pour les embarquer.
Dans la salle, les compatriotes et amis souvent parfaitement bilingues, sont manifestement des intellectuels. Aux suspensions de séance, ils font un intense et poli lobbying auprès des journalistes : leur cause doit être mieux connue.
Les deux « incitateurs » auraient été vus achetant de lessence et un jerrycan mais ils expliquent quun de leurs amis, jamais retrouvé, était tombé en panne juste à coté du lieu de limmolation par le feu. Le procureur de la république qui réclame deux ans avec sursis, rappelle le contexte de laffaire et soutient, tout en étant très modéré, que les deux hommes ont joué un rôle. Pourtant, même de « simples conseils ne sauraient suffire pour un suicide » non puni par la loi. Il précise : « On nest pas ici dans la manipulation mentale qui priverait la victime de tout discernement ».
Jugement le 21 novembre.