vendredi, mars 29, 2024
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Martyrs volontaires contre le régime de Téhéran

Par Laurent Bertagnolio

La Nouvelle République du Centre, 18 octobre – Deux Iraniens comparaissaient mardi pour « provocation au suicide ». Ils auraient poussé trois de leurs compatriotes à s’immoler par le feu à Paris. Pour résister au régime intégriste de Téhéran et par peur de l’extradition brandie par  la DST française.

Par Laurent Bertagnolio

La Nouvelle République du Centre, 18 octobre – Deux Iraniens comparaissaient mardi pour « provocation au suicide ». Ils auraient poussé trois de leurs compatriotes à s’immoler par le feu à Paris. Pour résister au régime intégriste de Téhéran et par peur de l’extradition brandie par  la DST française.

« Je vous autorise à garder votre casquette » dit le président de la XVIe chambre correctionnelle du palais de justice de Paris à l’homme qui s’avance à la barre. La peau parcheminée, plus d’oreilles, des moignons de doigts, des narines démesurément agrandies, un sourire sans lèvres … cet Iranien  Mohammad, vient dire comment , le 18 juin 2003, il s’est volontairement aspergé d’essence avant de s’enflammer, protestation suprême contre le régime intégriste qui gouverne son pays. « Toute ma vie, je l’ai passée à résister. Je suis un amoureux de la vie. »

Une femme, Marzieh, a fait de même et en a réchappé le même jour. « Je suis une femme libre : c’était ma propre décision. » Elle s’indigne en tant que femme qu’on la suspecte d’avoir été manipulée. Une troisième est morte  dans le même désespoir. C’était à Paris près du siège de la DST (contre-espionnage français) les deux survivants viennent surtout dédouaner deux de leurs compatriotes, prévenus de « provocation au suicide » et qui en répndent devant la justice. Ceux-là les auraient poussés à s’immoler par le feu en guise de résistance au régime des ayatollahs de Téhéran.

Menace d’extradition

Tous relèvent de l’organisation des moudjahidine du peuple iranien (OMPI), principale composante de l’extrêmement bien structuré Conseil national de la résistance iranienne (CNRI). Cela pour dire que les » victimes » sont là en tant que témoins mais aussi pour défendre ceux qui les auraient poussés à ce terrible geste. Les choses sont claires : on leur a brandi la menace d’une extradition de France vers l’Iran, qu’un avion était prêt à Orly pour les embarquer.

Dans la salle, les compatriotes et amis souvent parfaitement bilingues, sont manifestement des intellectuels. Aux suspensions de séance, ils font un intense et poli lobbying auprès des journalistes : leur cause doit être mieux connue.

Les deux « incitateurs » auraient été vus achetant de l’essence et un jerrycan mais ils expliquent qu’un de leurs amis, jamais retrouvé, était tombé en panne juste à coté du lieu de l’immolation par le feu. Le procureur de la république qui réclame deux ans avec sursis, rappelle le contexte de l’affaire et soutient, tout en étant très modéré, que les deux hommes ont joué un rôle. Pourtant, même de « simples conseils ne sauraient suffire … pour un suicide » non puni par la loi. Il précise : « On n’est pas ici dans la manipulation mentale qui priverait la victime de tout discernement ».

Jugement le 21 novembre.