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L’occident devrait saisir l’occasion au Moyen Orient

De Brian Binley *

The Hill, 7 février – 2011 pourrait bien être l’année qui refaçonnera l’avenir de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour toujours. L’agitation qui s’étend maintenant dans toute la région nous rappelle la chute de l’empire russe en Europe de l’Est. Le Moyen-Orient traverse en ce moment son plus grand bouleversement politique jamais connu depuis des années. L’ère de stagnation s’achève et les appels à la démocratie, aux droits humains et à la dignité se sont répandus à travers une zone où l’opposition  est vivante mais fortement réprimée.

Comme les dirigeants occidentaux semblent l’observer avec plus de peur que de joie, il est clair qu’un seul et unique message devrait être pris en compte par les diplomates occidentaux : L’ère de la complaisance avec les tyrans et où l’on négociait la liberté contre la stabilité du Moyen-Orient est bel et bien terminée.

Bien qu’on ne doive pas être naïf en sous-estimant les besoins économiques pour l’Occident d’un Moyen-Orient stable,  nous ne pouvons pas et ne devons pas fermer les yeux sur la réalité de la situation. La stabilité à long terme au sein de la région ne sera obtenue que si nous, qui sommes en Occident, nous plaçons aux côtés du peuple et de son désir légitime de démocratie. Cela ne coïncide pas uniquement avec les valeurs et les principes dont nous nous réclamons, mais cela assurera aussi la stabilité dont nous avons besoin dans une région d’une telle importance économique et politique.

Si nous échouons à tenir compte des appels du peuple, nous courons le grand risque d’une mainmise des intégristes islamiques soutenue par le régime iranien. Cette crainte ne doit pas cependant nous conduire à remplacer par plus ou moins la même chose ce qui est maintenant menacé par le soulèvement populaire. Nous devons à la place compter sur les forces qui réclament la démocratie et la liberté.

Certains commentateurs ont tenté de récuser la théorie de l’influence de Téhéran en mettant en avant que la plupart des musulmans de la région sont sunnites, simplification drastique d’une question compliquée. L’exportation de l’extrémisme et de l’intégrisme islamique est un pilier de la politique étrangère de l’Iran et est inscrite dans la constitution du régime. L’Iran tire profit de l’instabilité de la région et a joyeusement soutenu les groupes sunnites en Irak et en Afghanistan à causer une insécurité massive.

La révolution de 1979 en Iran est le meilleur exemple d’une occasion où le mécontentement populaire face à un régime autoritaire a été exploité par les islamistes. Les intégristes ont utilisé cette même  formule d’agitation politique et chaotique, de mépris des élites dirigeantes actuelles et d’absence d’un système démocratique qui prévaut en ce moment dans une série de pays. Une telle expression permet à la population en général de se décharger de ses frustrations tout en offrant la possibilité à un groupe bien financé et organisé de s’emparer du contrôle derrière son dos. Nous avons déjà vu cela auparavant et nous devons utiliser toutes les armes de notre arsenal diplomatique et économique pour nous assurer que cela ne se reproduira pas.

Téhéran a déjà été clair sur ses intentions. Le guide suprême du régime, Ali Khamenei a déjà demandé la semaine dernière qu’un régime islamique soit installé en Egypte et il a déclaré : « aujourd’hui, les changements en Afrique du Nord, y compris en Egypte et en Tunisie, et dans d’autres pays ont une signification particulière pour la nation iranienne (…) C’est le réveil islamique auquel il a toujours été fait allusion, après la victoire de la grande révolution de la nation iranienne ».

Ces paroles de Khamenei pourraient être qualifiées de position tactique d’un chef affaibli craignant  la révolution. En vérité, les prémices de telles formes de manifestation de masse ont débuté à Téhéran il y a un an au moment où des manifestations contre le gouvernement ébranlaient profondément le gouvernement iranien. Un an plus tard, le régime lutte encore pour empêcher de nouveaux troubles au moyen de la torture et d’exécutions de masse. Ce sont les actions d’un régime affaibli, qui craint pour son futur. Mais l’Iran sera considérablement renforcé si d’autres pays se retrouvent contraints d’emprunter le même chemin.

Malheureusement, les dirigeants occidentaux se tiennent à l’écart et montrent peu, voire aucun soutien au peuple iranien. Alors que les manifestants se sont rassemblés par centaines de milliers pour demander la liberté, l’Occident restait silencieusement sourd au moment même où ils ont été arrêtés et abattus dans les rues. Nous devons tirer leçon de ce que nous enseigne l’histoire.

Nous ne devons jamais oublier que Téhéran est la force motrice de l’intégrisme dans la région. Nous devons donc intensifier les sanctions contre ce régime pour nous assurer qu’il ait les mains liées  financièrement. Nous devons également soutenir le mouvement d’opposition iranien et ces groupes qui réclament un changement démocratique.

Le gouvernement d’Obama devrait aussi radier les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) de la liste des organisations interdites aux Etats-Unis ainsi que l’a décrété la Cour d’Appel. C’est un groupe chiite dédié à la liberté, à la démocratie et à la laïcité dont les mains ont été liées dans le but de satisfaire les dirigeants de Téhéran.

Les jours de la complaisance sont révolus. Le changement politique au Moyen-Orient arrive. Plutôt que d’essayer d’apaiser les tyrans, les Etats-Unis et leurs alliés doivent se tenir aux côtés du peuple et aider leur marche vers la démocratie. C’est seulement à ce moment-là que les objectifs du régime seront contrecarrés. C’est seulement à ce moment-là que prévaudront la démocratie et la laïcité. C’est seulement à ce moment que seront créées au Moyen-Orient les conditions pour une paix et une sécurité véritable.

*Brian Binley est député conservateur britannique et membre du Comité Parlementaire britannique  pour la Liberté en Iran.