Christopher Allbritton Extraits
The San Francisco Chronicle, Beyrouth Dans les rues de Harat Hreik, banlieue majoritairement chiite de Beyrouth, les signes de linfluence iranienne sont partout. Des posters de feu layatollah Khomeini ornent les devantures des magasins et les lampadaires. Un grand drapeau iranien où sont inscrits les noms des joueurs de football iraniens est déployé en travers dun grand carrefour.
Ces symboles externes ne sont que les signes les plus visibles de la présence iranienne et de son influence parmi les Chiites libanais, plus grande secte du pays. Si lon se dirige vers le sud de ce quartier et que lon continue jusquà la frontière entre le Liban et Israël, le Hezbollah libanais, milice sous contrôle de lIran et plus grand groupe armé du pays, fait autorité, écrasant même larmée libanaise. Le Hezbollah gère, et lIran finance, des uvres caritatives, des hôpitaux, des sociétés de construction et des écoles et fournit des services dont dépendent les pauvres de la zone rurale du sud et de Bekaa Valley.
« Cest très bien cette assistance que lIran donne au Liban », affirme Hassan Berrou, 35 ans, propriétaire dun magasin de téléphones portables à Harat Hreik. « Il soutient la résistance (à Israël) et aide les habitants du sud dans leurs batailles grâce à leurs institutions ou dautres groupes. »
Les activités de lIran au Liban font partie de ses grands projets pour la région. En travaillant par lintermédiaire et avec les communautés chiites locales, financées par le Bahreïn, lIrak, lArabie Saoudite de lest et jusquà la Syrie, le Liban et la frontière nord dIsraël, Téhéran est bien parti pour créer son « Croissant chiite », axe régional lui permettant davoir quasiment tous les atouts en main en cas de conflit avec les Etats-Unis ou Israël. Et nulle part ailleurs, à lexception possible de lIrak, lIran occupe une aussi bonne position quau Liban.
« Il sagit dun succès quasiment total » pour lIran, selon une source diplomatique occidentale, qui a demandé à rester anonyme en raison de la nature sensible du sujet. Lorsque les unités des Gardiens de la Révolution dIran ont aidé à organiser le Hezbollah en 1982 en réponse à linvasion israélienne, selon la source, le Liban est devenu le seul endroit de la région où la République islamique était capable dexporter sa révolution avec succès. Cétait il y a 24 ans et aujourdhui, les liens sont plus forts que jamais.
Les Chiites du Liban et de toute la région se sont façonnés une identité politique à partir de limage quils ont deux-mêmes, celle dopprimés luttant pour la justice et contre loppression. Cela fait partie de lidentité chiite, explique Amal Saad-Ghoreyab, maître assistant à lUniversité libanaise américaine, qui a consacré sa thèse de doctorat au Hezbollah. Cela fait partie de lidentité des Chiites qui, étant une minorité dans le monde musulman, se serrent les coudes face à lexpansion dal Qaïda et de lextrémisme sunnite, dit-elle. Ils considèrent lIran comme une force protectrice. « Ce nest donc pas surprenant quils se tournent vers lIran dun point de vue politique également. »
Et pas seulement dun point de vue politique. LIran arme et finance le Hezbollah depuis ses débuts et récemment un général israélien a affirmé que des troupes du Corps des Gardiens de la Révolution dIran opéraient à la frontière libanaise avec lEtat juif, en participant à lentraînement des combattants du Hezbollah.
Les hauts responsables de lambassade iranienne à Beyrouth ont refusé de faire des commentaires. Nawaf Moussawi, responsable du département des relations internationales du Hezbollah, a reconnu lexistence dune assistance politique et militaire de la part de lIran, mais a refusé de commenter les allégations concernant la présence de troupes iraniennes au Liban