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L’Irak évacue un groupe d’opposants iraniens de leur camp

Par François Murphy et Yara Bayoumi
Bagdad- Samedi 18 février 2012, (Reuters) – L’Irak a évacué samedi un premier groupe de 400 opposants iraniens d’une base construite sous Saddam Hussein, comme un premier pas vers l’expulsion de l’ensemble de ce groupe du territoire irakien.
L’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), un groupe qui appelle au renversement du clergé au pouvoir en Iran, avait trouvé refuge dans le Camp d’Achraf, situé à 65 km de Bagdad, pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988). Achraf abrite aujourd’hui quelques 3000 résidents.

Avec l’arrivée au pouvoir de la majorité chiite en Irak au lendemain de la chute de Saddam Hussein en 2003, Bagdad a tissé des liens étroits avec son voisin chiite, l’Iran, et donc l’OMPI n’est plus bienvenue dans ce pays.
« Il est clair qu’il n’y a plus d’avenir en Irak pour les résidents du Camp d’Achraf. Pour eux, il n’est pas facile de quitter leur lieu de résidence, mais je suis persuadé qu’il s’agit de la seule alternative pacifique », a déclaré Martin Kobler, le Représentant spécial de l’ONU en Irak, peu de temps après l’arrivée du groupe des résidents d’Achraf dans un « site de transit » sur une vaste ancienne base militaire américaine à Bagdad.
A partir de ce nouveau site, qui comprend un ensemble de maisons préfabriquées dans le Camp Liberty, près de l’aéroport de Bagdad, ils devraient entreprendre des démarches pour s’installer à l’extérieur de l’Irak.
Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), l’aile politique de l’OMPI, affirme avoir donné son accord au déplacement du premier groupe en signe de bonne volonté, mais ses plaintes et griefs concernant le nouveau camp et les conditions du transfert laissent prévoir des difficultés à venir. 
Selon un membre du groupe transféré, les fouilles poussées des affaires personnelles du chaque membre du groupe ont été si longues que le groupe est arrivé presque 24 heures après la convocation des médias pour constater le transfert.
« Il s’agit des fouilles extrêmement inhabituelles, insultantes et humiliantes que l’on ne peut que comparer à un transfert de prisonniers », a déploré le CNRI dans une déclaration.
Des ennuis à venir ? 
Le CNRI assimile le nouveau site à une prison. Il affirme que les résidents ne pourront pas se déplacer librement ou avoir accès sans entrave aux avocats et aux soins médicaux. Il s’est plaint aussi des restrictions imposées sur les biens personnels que les résidents pouvaient emporter avec eux.
Les nations Unies déclarent que le site est conforme aux standards humanitaires pour « les situations de réfugiés ».
L’OMPI avait mené une insurrection violente contre le Shah d’Iran soutenu par les Etats-Unis dans les années 1970, mais s’est aussi retournée contre les gouvernants qui ont remplacé ce dernier après la révolution islamique de 1979. Elle dit aujourd’hui avoir renoncé à la violence et qu’elle veut instaurer un Etat démocratique.
Bien que l’OMPI ait été considérée officiellement une organisation terroriste par les Etats-Unis, le Camp d’Achraf a été, néanmoins, protégé par les troupes américaines suite à l’invasion de l’Irak menée par les Etats-Unis, il y a presque neuf ans. Washington a passé le contrôle d’Achraf à l’Irak en 2009.
La dirigeante de l’OMPI a déclaré jeudi qu’elle avait donné son accord pour le départ d’un premier groupe de 400 après avoir reçu les assurances de la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, sur leur sécurité.
Ces inquiétudes concernant la sécurité sont compréhensible vue les événements du passé.
Les affrontements entre les résidents d’Achraf et les forces de sécurité irakiennes ont fait 34 morts en avril. Le CNRI a également blâmé la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution d’Iran « et ses agents irakiens » d’avoir lancé des attaques aux roquettes contre Achraf.
Sous la pression des Nations Unies et de l’Union européenne, le gouvernement irakien a accepté à la fin de l’année dernière, de repousser son ultimatum pour la fermeture d’Achraf de la fin 2011 au 30 avril 2012, une mesure destinée à empêcher de nouvelles violences.
Se référant à ces affrontements, le CNRI a protesté contre la présence de la police irakienne à l’intérieur du Camp Liberty affirmant qu’aucun autre résident d’Achraf ne serait transféré avant le départ de la police du camp.
« Le transfert d’autres groupes n’auront lieu que si le Représentant spécial du Secrétaire général (de l’ONU) et le gouvernement irakien déclarent leur approbation des assurances minimales, particulièrement le retrait de la police irakienne de l’intérieur du Camp Liberty, » a déclaré le CNRI dans un communiqué vendredi.