De Steven R. Weisman
The New York Times Samedi, les Etats-Unis ont demandé instamment aux hauts responsables des finances des grandes nations industrialisées du monde de prendre des mesures sévères contre ce que le secrétaire américain au Trésor, Henry M. Paulson Jr., a décrit comme lexploitation de leur système bancaire par au moins 30 sociétés iraniennes de couverture impliquées dans des activités illicites.
M. Paulson a expliqué aux ministres des finances et de léconomie que ces sociétés de couverture avaient été identifiées par des agences américaines de renseignement et quelles réalisaient des transactions financières internationales grâce à des banques en Europe et ailleurs, la plupart dentre elles étant des « banques de premier ordre ».
« LIran est un pays qui a des liens commerciaux importants avec une grande partie du monde, et ce depuis longtemps », a affirmé M. Paulson à la presse. « Ce nest rien de plus quun briefing éducatif visant à préparer les institutions financières à faire face à certains des risques que cela comporte. »
Le haut responsable du Trésor a fait ces commentaires après avoir rencontré ses homologues de Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Canada, Japon et dUnion Européenne, venus assister au meeting annuel de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Ceux-ci semblent avoir été réceptifs à la stratégie émergeante de ladministration Bush sur lIran, face au faiblissement de la campagne cherchant à persuader le Conseil de Sécurité des Nations Unies dimposer des sanctions contre lIran.
Ladministration accuse lIran de poursuivre un programme darmes nucléaires secret, accusation que lIran nie. Le pays est également accusé de transférer des fonds au Hezbollah et à dautres organisations militantes islamiques par lintermédiaire de banques commerciales ordinaires.
Ce que le gouvernement qualifie dintensification importante de la campagne pour faire pression sur lIran dun point de vue économique sest produit la semaine dernière, lorsque le ministère des Finances a annoncé que la Banque Saderat, banque majeure en Iran, naurait plus accès même indirectement au système financier des Etats-Unis.
Cette nouvelle décision signifie que lIran va rencontrer des difficultés dans la vente de produits, tels que le pétrole, en échange de dollars par lintermédiaire de la banque Saderat, selon des experts, car tout échange commercial impliquant le dollar comme monnaie nécessite lacquisition de dollars auprès dune banque américaine. Un grand nombre dexperts du système bancaire affirment que ladministration pourrait bientôt décider dexclure dautres banques.
A la suite de lannonce faite sur la banque Saderat, deux hauts responsables américains des finances se sont rendus en Europe afin de persuader les organismes de contrôle et les banques darrêter de faire des affaires avec la banque Saderat et avec toute autre banque soupçonnée de mener des activités illégales, telles que le transfert dargent à des groupes que les Etats-Unis considèrent comme des groupes terroristes. Certaines banques européennes ont déjà limité leurs activités avec lIran, mais plusieurs grandes banques ont refusé de coopérer.
Stuart Levey, sous-secrétaire au Trésor pour le terrorisme et le renseignement financier, est allé en Grande-Bretagne, en France, en Suisse, en Italie et en Allemagne. De son côté, le sous-secrétaire adjoint, Robert Kimmitt, sest rendu en Allemagne. La France, lItalie et lAllemagne ont des relations commerciales importantes avec lIran et ses sociétés commerciales.
Le ministère des Finances a refusé de nommer les banques quils ont rencontrées.
M. Paulson a déclaré quun grand nombre de sociétés commerciales en Iran menant des opérations commerciales légitimes étaient également engagées dans des activités illicites, et quil était de lintérêt de toute banque de mesurer le risque de continuer à faire des affaires, même légitimes, avec elles.
Il a appelé les banques du monde entier à être « vigilantes » face à ce danger et à éviter de « permettre par inadvertance le type dactivités quelles ne tolèreraient pas ».
De nombreux autres sujets mis à part lIran ont été traités lors des réunions de M. Paulson avec les ministres des finances. Léconomie mondiale était aussi à lordre du jour, économie qui selon M. Paulson sest développée ces dernières années à une vitesse que ni lui ni les autres navait vu en une génération de temps. Malgré tout, il a reconnu les risques provenant de léchec des récents pourparlers commerciaux internationaux, des prix élevés de lénergie et du problème des « déséquilibres économiques ».
Cette expression est un euphémisme pour un large éventail de problèmes, dont le fait que les Etats-Unis importent plus quils nexportent et quils soient devenus le plus grand débiteur du monde, devant des centaines de milliards de dollars à la Chine, au Japon et à dautres partenaires commerciaux. LAmérique affirme que ses partenaires commerciaux peuvent remédier à ce problème en important plus de produits américains, ainsi que la Chine en laissant sa monnaie prendre de la valeur par rapport au dollar, rendant ainsi les exportations vers les Etats-Unis plus coûteuses.
Dans un communiqué samedi, les ministres des finances des pays industrialisés majeurs, ont déclaré : « Une plus grande flexibilité du taux de change est nécessaire pour les économies émergeantes présentant de grands excédents, en particulier la Chine ».
Les Etats-Unis semblent également faire des progrès dans leur désir de remanier le Fonds monétaire international, lagence mondiale qui sauve les pays de la faillite. Ladministration Bush voudrait donner plus de poids à la Chine au sein du Fonds ainsi quà dautres pays en voie de développement et à des pays pauvres, aux dépens de certains pays dEurope.
Certains Européens sont indignés par cette initiative mais semblent en général être daccord en principe avec celle-ci et les dirigeants américains affirment être de plus en certains que ce remaniement sera approuvé lundi à 85 pourcent des votes par les 184 pays.