jeudi, mars 28, 2024
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Les Iraniens mettent leur confiance dans l’Ompi – François Colcombet

CNRI – « Il y avait des messages qui viennent d’Iran, envoyés par des gens qui prennent des risques, peut-être qui prennent un faux nom, mais qui prennent des risques, qui sont repérables. Et tous ces gens disent bien entendu que c’est dans vous, en vous, l’OMPI, que nous mettons notre confiance », a expliqué François Colcombet à l’Assemblée nationale le 20 février. Video

Cet ancien magistrat prenait la parole dans une conférence organisée à l’initiative du Comité Parlementaire pour un Iran démocratique qui accueillait Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne. Il était entouré de nombreux parlementaires, notamment Bruno Leroux, président du groupe socialiste, républicain et citoyen, Dominique Lefebvre, vice-président du CPID, Michel Terrot, vice-président du CPID, André Chassaigne, Président du groupe de la gauche démocrate et républicaine et vice-président du CPID, Pascal Terrasse, Pascal Deguilhem, William Dumas, Jean Grellier, Philippe Vitel, Jacques Valax, ainsi que des personnalités comme Alain Vivien, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Yves Bonnet, préfet honoraire et ancien directeur de la DST, Pierre Bercis, président des Nouveaux Droits de l’Homme,  le Sénateur américain Robert Toricelli, et Tahar Boumedra, ancien directeur des droits de l’homme de la MANUI en Irak chargé du dossier d’Achraf.

Voici l’intervention de François Colcombet :

Comme plusieurs intervenants qui sont venus avant, vous savez que je suis un ancien combattant, puisque cela fait près de quinze ans que je suis à vos côtés et que j’ai pu voir à la fois des grands moments et puis des moments de déprime. D’ailleurs, aujourd’hui, on est plutôt dans un moment triste dans lequel il faut prendre des décisions rapides pour sauver des gens qui risquent, au moment où on parle, d’être tués.

Mais j’ai connu des moments évidemment plus glorieux et d’ailleurs moi je vous ai connus à une période où vous étiez reconnus en France. Pendant des années, les gouvernements vous ont reconnus, vous aviez pignon sur vue, vous étiez considérés comme des gens fréquentables, jusqu’au jour où, pour des raisons pas convenables du tout, on a commencé de vous trouver tous les défauts. Alors on savait très bien que derrière il y avait des lobbies financiers, qu’il y avait des raisons politiques. Et quand on voit d’ailleurs un ancien premier ministre qui s’était signalé en annonçant la rafle de 2003 en même temps qu’il faisait signer un contrat dans votre pays, et que ce premier ministre actuellement fait des affaires, comme par hasard, on s’étonne de voir comment dans les pays occidentaux des hommes politiques qui ont occupé des fonctions importantes, de gauche comme de droite, peuvent, lorsqu’ils sont à la retraite, utiliser leur carnet d’adresses pour faire des affaires au lieu de défendre les valeurs qu’ils défendaient lorsqu’ils étaient au gouvernement.

 

Je suis scandalisé. Plusieurs fois je me suis approché de certains, pour leur demander de me donner un coup de main dans votre dossier ou dans d’autres dossiers. Ils me disaient : « Vois ma collaboratrice. » La collaboratrice me disait : « Mais ça sera tant. » C’est-à-dire qu’ils monnayaient les soutiens. Ceci est scandaleux. Et quand j’entendais ce qui était dit tout à l’heure sur le comportement de l’ONU, bien entendu, je pense que tout le monde bénéficie de la présomption d’innocence, mais qu’à certains moments, on peut se demander si derrière certains comportements il n’y a pas d’autres raisons que celles qui sont dites. Et nous devons avoir le courage de le dire.

UN TRAVAIL DE TERRAIN AU NIVEAU DES ELUS

Ici, c’est la Chambre des députés, c’est l’endroit où se réunissent les parlementaires. Or, dans cette longue lutte, Madame la Présidente, c’est souvent les élus que vous avez eus les premiers à côté de vous, et des élus souvent de terrain, des petits élus, pas les célébrités, quelqu’un qui était maire d’une petite ville et qui, parce qu’il rencontrait quelqu’un qui avait été assigné à résidence, découvrait d’un seul coup un homme … Quelqu’un en qui il se reconnaissait, quelqu’un qui avait été étudiant, qui brusquement avait été obligé de choisir son camp et qui avait choisi le camp de la liberté, qui se trouvait là bloqué, lui avec sa famille qui était restée dans le pays, qui était persécutée. C’est par ces gens-là que petit à petit l’OMPI est devenue populaire parmi les élus français.

Les parlementaires ont fréquemment pris le relais, et très souvent, c’est l’engagement des élus qui a fait que petit à petit le dossier que les politiques, je veux dire les gouvernements, les gens proches des gouvernements, les réalistes, ceux qui savent qu’il faut honorer les contrats, ceux qui savent qu’il ne faut pas choquer, les gens qui ont le pouvoir, tous ceux-là fermaient les yeux. Les élus leur ont rappelé la réalité des vraies valeurs. Les juges ont suivi, ça m’intéresse les juges, parce qu’ils détiennent quelquefois la clé du blocage et ils ont été lents à la détente, mais ils ont tous accepté de tourner la clé de la liberté.

UNE PROCEDURE JUDICIAIRE EXEMPLAIRE

Ils l’ont tous fait, effectivement les Anglais en premier – ils avaient beaucoup à se faire pardonner – les juridictions européennes ensuite qui ont été à mon avis tout à fait admirables et je dois dire quelquefois quand je vois des jeunes magistrats, je leur dis : « Regardez donc toutes ces procédures, c’est tout à fait exemplaire. » C’est vraiment un très beau dossier où l’on voit comment à plusieurs reprises une juridiction prend une décision et les politiques ne veulent pas céder ; ils reprennent la même décision avant même que les juges aient rendu leur décision. Ensuite, la France elle-même, le juge Bruguière a été désavoué, le juge Trévidic a pris à mon avis la bonne décision. Enfin, les États-Unis. Ceci est tout à fait exemplaire, à mon avis, probablement unique dans l’histoire.

Enfin, nous en sommes au point où plus massivement et très heureusement les parlementaires s’engagent davantage. Je crois qu’ils arriveront petit à petit à faire bouger les choses. Et l’année qui s’annonce est une année dans laquelle des fissures vont apparaître encore plus évidentes dans le régime iranien. Et ces fissures vont donner probablement l’occasion du changement.

4 MILLIONS DE DOLLARS DE SOUTIENS FINANCIERS

J’aimerais, en terminant, peut-être changer de sujet, mais ce n’est pas tout à fait changer de sujet. Moi, pendant ces quinze ans, il m’arrivait souvent d’être sommé par les gens de dire : « Mais enfin, tes Moudjahidine du Peuple d’Iran, ce sont des terroristes, ce sont des sectaires, etc., ils ne sont pas soutenus … » Bon … Il faut point par point démonter les arguments qui ne sont pas des arguments, mais qui sont des affirmations en l’air. Et je me souviens d’avoir été particulièrement attentif à une question : « Eh bien, qui est-ce qui les soutient ? D’où vient leur argent ? Etc. »

Très récemment j’ai eu entre les mains les résultats d’un Téléthon qui a été fait par une télévision proche de vous et qui a lancé un appel à travers le monde entier, essentiellement les pays du Moyen-Orient, les pays d’Europe et l’Iran même. Et vous avez recueilli quelque chose comme un peu plus de 4 millions de dollars, ce qui n’est pas rien en quelques jours et qui mérite quand même de s’y arrêter quelques instants.

Et ensuite, ce qui est très intéressant, c’est de voir ce que les gens disaient, ce qu’il y avait dans les messages. Alors, il y a des messages de gens qui sont retirés, qui sont des commerçants opulents qui font un geste, c’est bien, c’est généreux. On voit des petites gens, des étudiants qui n’ont rien et qui disent : « J’ai honte de ne verser que 50 euros. » Mais c’est déjà très bien ! Si chaque Français versait 50 euros pour les causes auxquelles il croit, il y a beaucoup de choses iraient beaucoup mieux.

LA CONFIANCE DES IRANIENS

Et puis, il y avait surtout, ce qui est très émouvant, des messages qui viennent d’Iran, et la plupart de ces messages sont envoyés par des gens qui prennent des risques, peut-être qui prennent un faux nom, mais qui prennent des risques, qui sont repérables. Et tous ces gens disent bien entendu que c’est dans vous, en vous, l’OMPI, que nous mettons notre confiance, et cet argent que nous vous envoyons, c’est de l’argent que nous avons rassemblé, c’est-à-dire que nous avons fait une collecte, c’est-à-dire qu’un certain nombre de gens, dans un coin perdu de l’Iran, a pensé à vous et vous apporte ce soutien. Je crois que c’est utile de le dire.

C’est la vérité de l’OMPI. L’OMPI est soutenue, l’OMPI a vocation à participer au changement en Iran, et bien entendu, en attendant ce moment, à court terme, il faut éviter l’irrémédiable. À court terme, il s’agit d’obtenir que les gens de Liberty soient protégés, bien entendu, comme vous le souhaitez, nous demanderons le transfert de ces gens de Liberty, le re-transfert vers Achraf. Bien entendu, aussi, comme il a été suggéré, je crois qu’il faut que nous intervenions très fort, à l’égard de l’ONU de façon à ce qu’elle remplisse ses devoirs, et à l’égard du gouvernement français qui ne doit, bien entendu, pas négliger toutes ses obligations qu’il a dans votre affaire.