jeudi, mars 28, 2024
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Le directeur général de Total entendu par la brigade financière

Reuters – Christophe de Margerie, directeur général de Total, et deux cadres de la société ont été placés en garde à vue par la police financière à Paris dans le cadre d’une enquête pour corruption, apprend-on de source policière.

Cette enquête porte sur un contrat d’exploitation de gaz en Iran par le groupe Total, apprend-on de source proche du dossier.

Total a fait savoir, par la voix d’un porte-parole, qu’il s’agissait "d’auditions qui s’inscrivent dans le cadre d’une information judiciaire contre ‘X’ ouverte en décembre 2006 relative à la mise en oeuvre du projet industriel de South Pars en Iran signé par Total en 1997 avec NIOC", la National Iranian Oil Company, la compagnie pétrolière d’Etat iranienne.

Christophe de Margerie "a été convoqué ce matin (…) il n’est pas placé en garde à vue", a ajouté le porte-parole.

Les policiers, dit-on de source proche du dossier, agissent dans le cadre d’un information judiciaire contre ‘X’ pour "abus de biens sociaux et corruption d’agents publics étrangers" ouverte en décembre dernier et confiée aux juges d’instruction financiers Philippe Courroye et Xavière Simeoni.

Les deux cadres placés en garde à vue à la brigade de répression de la délinquance économique, dans le XIIIe arrondissement, sont Robert Castaigne, directeur financier, et Philippe Boisseau, directeur général du secteur gaz-électricité.

De source policière, on rapporte que deux autres cadres de la société étaient également convoqués mercredi à la police.

L’affaire vise un contrat signé en 1997 et inauguré le 15 février 2003 par Thierry Desmarest, alors P-DG de Total, et le président de la République iranienne d’alors, Mohammed Khatami.

Ce site d’exploitation gazier est partagé entre Total, Petronas et le russe Gazprom, à South Pars, à 100 km des côtes iraniennes, près de la frontière maritime avec le Qatar. Total est implanté en Iran depuis les années 50.

"Le groupe assure ses collaborateurs de sa complète solidarité et confirme que les accords ont été signés dans le respect de la loi", a expliqué une autre porte-parole de Total.

"Total considère que la signature et la réalisation de South Pars ont été un succès et réaffirme que seul l’intérêt industriel a guidé l’action du groupe dans la conduite de ce projet", a-t-elle ajouté.

PAIEMENTS EN SUISSE

Christophe de Margerie, 55 ans, entré dans le groupe en 1974, a succédé à la mi-février à Thierry Desmarets à la tête du géant pétrolier. Il était auparavant directeur général du secteur exploration-production et est déjà mis en examen dans le cadre d’une affaire similaire portant sur l’Irak.

La procédure visant l’Iran fait suite à la découverte d’une somme de 95 millions de francs suisses (environ 60 millions d’euros) sur les comptes bancaires suisses d’un intermédiaire, dont l’identité n’a pas été dévoilée.

Ces sommes constitueraient un paiement occulte en marge de ce contrat, selon la justice suisse. L’argent a été saisi par la justice helvétique qui a ouvert sa propre enquête pour blanchiment de capitaux. C’est la transmission à Paris des résultats de cette procédure qui a entraîné l’enquête en France.

Une première perquisition a été conduite début 2006 chez Total à Paris dans le cadre de ce dossier, mais n’a rien donné en raison d’obstacles juridiques aujourd’hui levés.

Le chef "d’abus de biens sociaux" vise la période 1993-2003. Celui de "corruption d’agents publics étrangers" ne peut être utilisé qu’à partir de 2000, date d’entrée en vigueur de cette incrimination dans le droit français à la suite d’accords internationaux.

Le groupe français est déjà visé par une information judiciaire concernant des contrats en Irak en marge du programme de l’Onu "pétrole contre nourriture", ouverte sur des fondements juridiques identiques et instruite aussi par le juge Courroye.

Christophe de Margerie, au titre d’anciennes fonctions dans la société, et plusieurs cadres sont mis en examen dans cette première procédure, où la société est soupçonnée d’opérations de corruption au profit du régime de Saddam Hussein.

Une autre enquête préliminaire sur des faits similaires au Cameroun est en cours.