De Nick Wadhams
The Associated Press, Nations Unies Le vote à lunanimité du Conseil de Sécurité de lONU condamnant le lancement de missiles en Corée du Nord constitue un précédent important et renforce le puissant organe de lONU tandis quil fait face à un nouveau défi : confronter le programme nucléaire suspect de lIran, selon des diplomates.
Cette semaine, le conseil va aborder la question du refus perpétuel de lIran de répondre formellement aux propositions avantageuses de lOccident visant à stopper lenrichissement duranium. Le fait que le conseil ait été capable de sunir autour dune résolution difficile sur la Corée du Nord laisse espérer un accord unanime des diplomates sur une résolution sur lIran.
Ceux-ci ont déclaré que le succès de cette mesure ferme contre la Corée du Nord allait porter ses fruits lors des pourparlers sur lIran. La question de lIran et de la Corée du Nord sont les premiers problèmes de prolifération portés devant le Conseil depuis lIrak, qui a profondément divisé celui-ci.
« Nous avons besoin de lunité du conseil sur ces questions de non-prolifération », a déclaré lambassadeur de France auprès de lONU, Jean-Marc de la Sablière, à la suite du vote sur la Corée du Nord samedi. « Ainsi, le fait que nous ayons, à mon avis, construit une unité autour du problème nord-coréen au conseil va je pense nous aider concernant lIran. »
Les diplomates ont négocié la résolution de la Corée du Nord pendant 11 jours très tendus, évitant le veto de la Chine qui soppose à tout report au chapitre 7 de la Charte de lONU. Le chapitre 7 rend de telles résolutions légalement obligatoires et exécutables avec une action militaire.
La Grande-Bretagne a accepté un compromis en abandonnant la référence au chapitre 7 et permettant ainsi aux 15 membres du conseil de voter à lunanimité pour la résolution.
Un veto chinois aurait dégradé le ton des négociations sur lIran et intensifié les divisions parmi les cinq membres permanents (les USA, la Grande-Bretagne, la France, la Chine et la Russie). Il aurait certainement empêché toute volonté daboutir à un compromis des deux côtés.
La résolution sur la Corée du Nord a été affaiblie pendant les pourparlers mais prévoit toujours deux mesures cruciales : elle impose des sanctions limitées et les diplomates pensent quelle renforcera lautorité des nations à interdire les cargaisons darmes en provenance et à destination de la Corée du Nord.
La résolution de samedi est la première que le conseil ait adopté sur la Corée du Nord depuis 1993, fait dont lIran doit se souvenir, selon lambassadeur américain John Bolton.
« Cela fait 13 ans que le Conseil de Sécurité attendait de se reprendre en main concernant la Corée du Nord et il va le faire aujourdhui de manière unanime », a-t-il dit avant le vote de samedi. « Cest une indication politique très, très importante pour tous proliférateurs potentiels. »
En mars dernier, le Conseil de Sécurité de lONU a demandé à lIran de suspendre ses activités denrichissement duranium. Cette exigence a été communiquée dans une simple déclaration du conseil à caractère non obligatoire, résultat du refus de la Chine et de la Russie de considérer une résolution qui aurait été plus ferme.
Après que lIran ait refusé dobéir, les puissances occidentales ont présenté le paquet davantages en juin dans le but de ramener lIran à la table des négociations et de suspendre lenrichissement. Cependant, lIran a insisté sur le fait quil avait besoin de plus de temps pour répondre, conduisant les puissances mondiales frustrées à se mettre daccord mercredi pour renvoyer lIran devant le Conseil de Sécurité pour une demande plus sévère et éventuellement obligatoire de suspension de lenrichissement.
Signe que lIran craint peut-être une unité au sein du conseil, Téhéran a déclaré dimanche que les avantages occidentaux visant à stopper son programme nucléaire constituaient « une base acceptable » pour des négociations et quils étaient prêts pour des discussions approfondies.
Cela pourrait être une tentative de semer le conflit dans le conseil. Les diplomates ont dit dans les dernières réunions que lIran nallait nulle part et que Téhéran cherchait peut-être à gagner du temps ou à exploiter déventuelles divisions.
Existe aussi le danger dun précédent dun tout autre genre.
La question de savoir si Pyongyang va obéir aux demandes du conseil plane au-dessus des discussions sur la Corée du Nord. La réponse du pays est arrivée quelques minutes après lapprobation de la résolution. Lambassadeur Pak Gil Yon a annoncé au conseil que la Corée du Nord rejetait la résolution et continuerait ses tests de missiles.
Il a accusé le conseil dagir de façon « injustifiable et à la manière de bandits » et a brutalement quitté la salle du conseil avant la fin du meeting, infraction au protocole diplomatique.
LIran et la Corée du Nord qui font partie de l « axe du mal » du président Bush, aux côtés de lIrak de Saddam Hussein, pourrait être renforcés par la réponse enragée de la Corée. Elle a déjà prévenu que des sanctions du Conseil de Sécurité contre Téhéran ne ferait quexacerber les tensions au Moyen-Orient.
« Cest maintenant loccasion unique pour lIran et lEurope dentamer des négociations détaillées », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Hamid Reza Asefi. « Renvoyer le dossier au Conseil de Sécurité de lONU revient à bloquer et à rejeter toutes discussions. »