jeudi, mars 28, 2024
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La nouvelle cible de l’Iran : l’Egypte

Abdel Monem Said AlyLe désir de paix au Proche-Orient du Caire menace les ambitions de Téhéran

Par Abdel Monem SAID ALY

The Wall Street Journal – Le 8 avril, l’Égypte a annoncé avoir découvert une cellule du Hezbollah sur son territoire. Cette étonnante déclaration offre un rare aperçu de la manière dont l’Iran et ses agents manipulent la politique au Moyen-Orient.

Abdel Monem Said AlyLe désir de paix au Proche-Orient du Caire menace les ambitions de Téhéran

Par Abdel Monem SAID ALY

The Wall Street Journal – Le 8 avril, l’Égypte a annoncé avoir découvert une cellule du Hezbollah sur son territoire. Cette étonnante déclaration offre un rare aperçu de la manière dont l’Iran et ses agents manipulent la politique au Moyen-Orient. 

Selon les autorités égyptiennes, la cellule était chargée de planifier des attaques contre des sites touristiques dans le Sinaï, de mener une surveillance des objectifs stratégiques, y compris le canal de Suez, et de passer par les tunnels armes et argent pour le Hamas. Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrollah, a reconnu que le chef de file de la cellule était en fait un membre de son organisation qui fournit « un soutien logistique aux frères palestiniens dans le transport des munitions et des individus. »

Ces dernières actions enhardies du Hezbollah ont été stimulées par l’Iran, qui cherche à poursuivre sa quête pour le pouvoir dans les pays arabes du Moyen-Orient. Ces six derniers mois, l’Iran a donné des signes irréfutables de sa détermination à s’efforcer de saboter les tentatives de l’Égypte en faveur de la stabilité régionale. À l’instigation de Téhéran, le Hamas a rejeté le renouvellement du cessez-le-feu de six mois, négocié par l’Egypte l’été dernier avec Israël. Ce rejet a conduit à la guerre dans la bande de Gaza en décembre. Au pic de cette guerre, M. Nasrallah a appelé le peuple égyptien et son armée à marcher sur la ville de Rafah, pour ouvrir de force la frontière de Gaza, un appel extrêmement enflammé pour déclencher une insurrection.

Après la fin de la guerre, l’Egypte a repris ses efforts pour parvenir à un cessez-le-feu à long terme. L’Iran a fait pression sur la direction du Hamas pour résister. Les efforts en cours du Caire pour élaborer un gouvernement d’unité palestinienne, réunissant le Fatah et le Hamas, ont aussi été minés par une intense pression de l’Iran sur le Hamas.

Téhéran voit l’Égypte comme son plus grand rival dans la région, et le plus formidable rempart arabe opposé à son influence. C’est dans ce contexte que les actions du Hezbollah devraient être perçues en Égypte. Agissant comme un écran pour les objectifs iraniens, le Hezbollah est chargé de distraire l’Egypte du processus diplomatique qui, nous l’espérons, conduira un jour à la solution de deux États dans le conflit israélo-palestinien.

Les tentatives persistantes de l’Egypte pour ramener la paix dans ce domaine et ses encouragements aux autres pays arabes à suivre sa voie avec Israël menacent de priver l’Iran de la plus puissante question régionale qu’il puisse exploiter dans son agenda radical. Ainsi, Téhéran cherche à saper les perspectives de paix – et avec ses alliés, il pense que la façon d’y parvenir est de nuire à l’Egypte. De même, les intérêts de l’Egypte en matière de sécurité dans le Golfe, et son rôle traditionnel en tant que force de stabilité régionale, constituent un obstacle aux ambitions régionales plus vastes de l’Iran.

Pour le président Barack Obama et les membres de son administration qui regardent de loin, les conséquences doivent être claires. Un règlement final du conflit israélo-palestinien est indispensable si les États-Unis tiennent à contrôler l’expansion de l’influence de l’Iran au Moyen-Orient.

Pendant ce temps, l’administration américaine devra composer avec une aile droite du gouvernement israélien qui doit encore, au mépris du consensus international, souscrire au principe d’une solution à deux États. Elle devra également faire pression sur Israël pour mettre fin à ses activités de colonisation illégale, qui mettent désormais plus que jamais en danger la base fondamentale d’une solution.

L’administration qui se concentre sur la question immédiate du programme nucléaire iranien, ne devrait pas s’en détourner en traitant toute l’attitude de Téhéran vis-à-vis du processus de paix ou de son soutien au terrorisme. Le défi de l’Iran au statu quo régional est multiforme, ce qui explique pourquoi Washington doit adopter une approche globale en formulant son engagement naissant avec l’Iran.

Il est dit que M. Obama pèse encore quand et où il doit prononcer un discours important au monde arabe. S’il devait faire un discours au Caire, cela encouragerait des millions de personnes dans la région qui veulent voir réussir le processus de paix. Cela enverrait également un message ferme à Téhéran, comme quoi l’Amérique est avec l’Egypte du côté de la paix et de la stabilité.
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M. Aly est directeur du Centre Al Ahram pour les études politiques et stratégiques au Caire.