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La nation iranienne mérite un autre destin (Maryam Radjavi)

Maryam RadjaviL’Occident s’est fortement trompé en investissant dans la capacité du régime à se transformer 

Par Maryam Radjavi

Le Figaro, 12 février – Tribune – Au lendemain de l'anniversaire de la révolution, la présidente élue du Conseil national de la résistance iranienne Maryam Radjavi dénonce la répression croissante contre les Moudjahidins du peuple.

L’ancien ministre des Affaires étrangères Claude Cheysson m’avait demandé un jour : comment le peuple iranien, héritier d’une si grande civilisation, a-t-il pu se soumettre à un régime aussi rétrograde que celui de Khomeiny ? Je lui ai répondu que le peuple n’avait pas accepté ce régime, il lui avait été imposé, 120 000 personnes furent exécutées. Aujourd’hui, huit mois de révolte prouvent que la nation iranienne n’accepte pas le régime fanatique et mérite un autre destin. Elle a affiché sa volonté de renverser ce régime et prendre en main sa destinée.

 

La lutte des Iraniens contre la dictature religieuse n’a pas commencé après le scrutin frauduleux de juin. Mais la mascarade électorale a exposé la déchirure profonde au sommet du régime et a servi de catalyseur à la colère populaire.
 
Le régime durcit le ton face à une insurrection de mieux en mieux organisée. Les autorités découvrent « qu’une force intelligente et organisatrice se trouve derrière ces événements » et que « les Moudjahidins ont dirigé la révolte de l’Achoura » . Elles s’étonnent de voir crier dans Téhéran les slogans lancés sur les sites de notre résistance.
 
C’est pourquoi la répression s’abat sur les sympathisants et les familles des Moudjahidins du peuple. De nombreux parents d’habitants d’Achraf (ville regroupant des membres de l’OMPI en Irak), ont été arrêtés et torturés ces dernières semaines. Les autorités soulignent que toute personne qui collabore avec l’OMPI est considérée comme mohareb (ennemi de Dieu) et donc passible de la peine de mort, même si elle n’a mené que des activités politiques.
 
La répression s’accentue. L’exécution de deux jeunes opposants et la condamnation à mort de neuf manifestants sont des signes de l’affolement du pouvoir. Le régime a essayé de dissuader la population de manifester hier, jour anniversaire de la révolution antimonarchique.
 
Malgré les milliers d’arrestations, le nombre élevé de tués et de blessés, la poursuite de la révolte est déjà une victoire pour le peuple et sonne le glas pour le régime dans sa totalité.
 
La faction dissidente interne ne représente certes pas le changement, mais pourra se retrouver du bon côté, à condition de prendre ses distances avec le guide suprême et sa Constitution.
 
Le mythe d’une réforme possible de l’intérieur qui avait déjà pris fin au lendemain des fraudes électorales est enterré une deuxième fois. L’Occident s’est fortement trompé en investissant dans la capacité du régime à se transformer.
 
Tout le monde sait que le régime tire un grand bénéfice de ses relations avec l’Occident et des négociations sur le nucléaire. Le guide tente de les exploiter comme des signes de sa stabilité. En pleine révolte en octobre 2009, il avait feint à Genève d’accepter de livrer son uranium enrichi, pour pouvoir exploiter les flatteries des puissances occidentales et en même temps dissuader les États-Unis de soutenir l’insurrection.
 
N’oublions pas que le matériel de répression, les instruments d’écoutes téléphoniques, les moyens de filtrage des réseaux Internet proviennent de compagnies occidentales.
Alors que des innocents sont tués ou pendus pour leur supposée « sympathie pour l’OMPI » , certains gouvernements continuent d’appliquer, contre notre résistance iranienne, des restrictions qui les déshonorent à l’heure de la révolte.
 
Ne pas subordonner les relations diplomatiques et commerciales à l’arrêt de la répression ne sert que le régime – d’autant plus que l’économie est monopolisée par les pasdarans chargés de cette répression. Que personne ne se trompe, le peuple iranien ne demande pas le soutien de tel ou tel gouvernement. Je voudrais seulement appeler les décideurs politiques à cesser de soutenir ce régime et ne plus s’ingérer dans le combat qui oppose le peuple à ses bourreaux.
 
Ce peuple continuera à lutter avec détermination pour l’instauration d’une république pluraliste et laïque. Le défendre dans ses revendications légitimes ne fait qu’honorer chaque nation et effacer les erreurs du passé. C’est ainsi que l’on peut ériger des fondements sains pour l’avenir.