jeudi, mars 28, 2024
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« C’est un pays qui a du pétrole, donc avec lequel on négocie discrètement » – François Colcombet

François ColcombetCNRI – « On peut se demander comment une organisation qui a été accueillie en France de façon tout à fait régulière en 1981, un beau jour s’est retrouvée dans la situation de paria. Ceci ne peut s’expliquer que par le fait que l’opération a été ourdie de longue main et de façon très large » a déclaré François Colcombet dans une conférence le 17 juin au siège de la Ligue des droits de l’Homme.

« Le 17 juin 2003, une rafle de la police française est lancée contre le Conseil national de la Résistance iranienne et débouche sur la garde à vue puis la mise en examens de ses dirigeants et le blocage de ses avoirs. Il a été dénoncé plus tard que l’attaque contre ces opposants avait été décidée lors du voyage à Téhéran du ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin. Depuis sept ans, tout a été fait pour éviter le non lieu-général qui s’impose. Aucune complaisance ne peut être de mise aujourd’hui vis-à-vis du régime de Téhéran. Le temps est venu pour la justice française de démontrer son indépendance en clôturant ce dossier enlisé ». Tel est le thème de la conférence de presse qui s’est tenue le 17 juin 2010 à la Ligue des droits de l’homme. Sous la houlette de Jean-Pierre Dubois, président de la LDH, étaient réunis Me Henri Leclerc, président d’honneur de la LDH, Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, Me Mario Stasi, ancien bâtonnier de Paris, Me Joseph Cohen-Sabban, Jean-Michel Belorgey, ancien président de l’intergroupe parlementaire de la LDH, François Colcombet, ancien juge-conseil à la cour de cassation, et Mohammad Mohaddessine, président de la commission des Affaires étrangères du CNRI.

Voici des extraits de l’intervention de François Colcombet :

Je vais intervenir sur un aspect parallèle du dossier que sont toutes les procédures reliées à l’inscription de l’OMPI sur la liste des organisations terroristes. On peut se demander comment une organisation qui a été accueillie en France de façon tout à fait régulière comme des rapatriés et des opposants politiques, qui ont eu un statut tout à fait normal à partir de 1981, un beau jour s’est retrouvée dans la situation de paria.

Ceci ne peut s’expliquer que par le fait que l’opération a été ourdie de longue main et de façon très large. Car dans les gens qui ont au début soutenu l’inscription de l’OMPI sur la liste des organisations terroristes, de même que ceux qui ont ouvert l’information, parce que l’information avait été ouverte avant, certaines personnes étaient certainement de bonne foi. Je me suis toujours demandé comment elles avaient pu se laisser embarquer dans une chose pareille.

Eh bien quand on refait le déroulé, on était parlementaires à cette époque, c’est l’époque où manifestement tous les pouvoirs occidentaux ont envie de reprendre des contacts avec l’Iran pour des raisons politiques toutes simples. C’est que le pouvoir est exercé par Khomeiny et son entourage et que tous les grands Etats veulent traiter avec un Etat puissant, qui est important, qui est même fondamental dans la région. C’est la première chose. La deuxième ce sont les avantages économiques. Evidemment ce n’est pas n’importe quel pays. C’est un pays qui a de l’essence et du pétrole, donc avec lequel des négociations s’engagent discrètement, secrètement, par des détours, etc. On est dans ce contexte-ci.

Et quand était venu Khatami, c’est-à-dire celui qu’on présente comme un modéré, immédiatement tout le monde baisse la garde. Et on baisse la garde de multiple façon, au parlement français en recevant M. Khatami en grandes pompes, avec des égards tout à fait extraordinaires. Nous sommes quelques uns à trouver que c’était une illusion.

Or la contrepartie demandée par l’Iran pour ce rapprochement, était l’inscription de l’OMPI sur la liste des organisations terroristes de l’UE. Après les victoires juridiques obtenues par les avocats de l’OMPI devant les juridictions britanniques et européennes, et la radiation officielle de cette organisations de la liste noire en janvier 2009, c’est un des piliers essentiels de l’instruction ouverte par le juge Bruguière qui s’est effondré.