lundi, février 17, 2025
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Iran : Une championne de course automobile interdite de défendre son titre

Iran : Une championne de course automobile interdite de défendre son titre   Par Robert Tait

The Guardian – Elle était la reine de la vitesse sur les pistes, devenue une icône féministe après avoir triomphé dans ce domaine exclusivement masculin et être devenue championne nationale de course automobile en Iran. Mais la carrière impressionnante de Laleh Seddigh s’est arrêtée brusquement avec l’interdiction délivrée par les autorités de course automobile du pays de participer aux compétitions.

Seddigh, 29 ans, se dirigeait vers sa Peugeot 206 1600cc dans le stade Azadi de Téhéran lorsque des membres du service d’ordre lui ont bloqué la voie, citant des « problèmes de sécurité ».

Cette rebuffade a suivi des jours de querelles avec la fédération de course iranienne à propos de son droit de participer à un événement qu’elle a remporté il y a deux ans et qui a fait d’elle une championne nationale. Pendant la période de préparation à la course, elle avait été informée que sa participation n’était pas garantie mais on lui avait tout de même conseillé de s’inscrire. Son inscription a été validée après que les techniciens aient donné le feu vert à sa voiture.

« Je pensais que l’on m’avait donné le feu vert », a-t-elle dit. « J’avançais vers la grille pensant que grâce à Dieu, le problème avait été résolu, lorsqu’ils m’ont fermé la porte. Ils ont dit qu’ils ne savaient pas pourquoi, mais que le président de la fédération avait déclaré que je n’étais pas autorisée à participer. »

C’est la première fois que Seddigh, dont les exploits lui ont valu le surnom de « petite Schumacher », est exclue d’une compétition. Les dirigeants de la fédération affirment être dans l’impossibilité d’obtenir l’autorisation pour sa participation.

Cependant, Seddigh pense qu’on l’empêche de remporter suffisamment de points pour répéter son exploit sportif, qui lui a valu une renommée internationale mais qui a contrarié la classe religieuse dominante exclusivement masculine.

« La plupart des membres de la fédération n’étaient pas ravis à l’idée d’avoir une championne féminine et auraient préféré un homme à la place », a-t-elle affirmé. « Depuis ma victoire, ils ont même éliminé le podium des vainqueurs. Ils ont eu peur que je gagne encore et d’être obligés de me montrer sur le podium. »

Seddigh affirme qu’un religieux musulman a déjà délivré une fatwa (décret religieux légalement obligatoire) selon laquelle il n’existe aucune interdiction contre une compétition automobile entre les hommes et les femmes, du moment que le code vestimentaire islamique est observé. Elle a l’intention de se servir de cette fatwa si elle ne parvient pas à convaincre les dirigeants de la fédération de lui donner l’autorisation de participer aux courses à l’avenir.

Le vice-président de la fédération, Hossein Shahryari, a déclaré que Seddigh n’avait pas été autorisée à concourir en raison d’une circulaire du gouvernement contre les femmes, hormis les événements exclusivement féminins. Ce décret a été supprimé depuis, a-t-il affirmé.

Mais il a ajouté : « Les femmes ont une très haute opinion d’elles-mêmes et cela frustre les hommes qui sacrifient leur vie dans ce sport. Les femmes ne sont pas des championnes dans ce sport, elles ne sont que des participantes. Si elles respectaient un peu plus les règles islamiques, elles n’auraient pas ce genre de problèmes ».