Par Ali Safavi*
UPI, Paris Alors que tout le monde respirait à lannonce de la libération des 15 marins britanniques capturés par le régime iranien pendant près de deux semaines, la comédie jouée à la télévision par Mahmoud Ahmadinejad durant sa conférence de presse à Téhéran mercredi sest avérée pour le moins pitoyable.
Maintenant que le calme est revenu, une simple question se pose : Quest-ce que Téhéran a voulu faire ? Lenlèvement sous la menace des armes a été à lévidence une tentative de contrer les dures conséquences dune deuxième résolution de sanctions en Iran, mais elle cherchait surtout à remonter le moral du patron des gardiens de la révolution iraniens terrassé par le choc de voir viser sa personne par un document de lONU.
Après avoir menacé de juger les marins, puis demandé aux Britanniques de reconnaître que les marins avaient violé les eaux iraniennes, et insisté pour des excuses et jeté des pierres et des pétards contre lambassade britannique à Téhéran, Ahmadinejad et compagnie ont réalisé que tout ceci était devenu un responsabilité. Avec la montée de la pression internationale, ils ont compris quils étaient allé trop loin et quils navaient dautre choix que de se retrancher derrière les frasques dune remise de médaille et dune évocation de la naissance du prophète de lislam et des fêtes de Pâques durant les 45 minutes de divagations dune brute-faite-président pour dissimuler une vérité essentielle : Les mollahs en Iran sont faibles et fragiles, et pour rester au pouvoir ils se raccrochent à nimporte quelle branche morte comme quelquun qui se noie.
Pour tous ceux qui ont suivi la conférence de presse, tout lincident et en particulier le numéro lamentable dAhmadinejad était répugnant. On a vu ce bourreau surnommé le Terminator en Iran, faire léloge du pardon et de la miséricorde en cherchant à faire la morale.
Mais plus pénible encore, cest le fait que les Européens, obsédés par leurs poches, ont été des partenaires dociles face à ce comportement arrogant. Pendant des années, lOccident a tendu lautre joue face à lintransigeance croissante de Téhéran. Il a fallu plusieurs années au Conseil de Sécurité pour imposer des sanctions aux mollahs après que leur programme secret darmes nucléaires soit dévoilé par leur opposition, le Conseil national de la résistance iranienne en août 2002.
Bien que lingérence dévastatrice de Téhéran en Irak et son soutien actif à Al-Qaïda et aux milices chiites dans ce pays ne fassent pas lombre dun doute, daucuns proposent des deux côtés de lAtlantique de se rapprocher du régime iranienne pour tenter de stabiliser lIrak et mettre fin aux violences confessionnelles. Cela reviendrait manifestement à demander à un pyromane dallumer un incendie.
Cette propension à la conciliation envers Téhéran a assuré aux tyrans qui gouvernent lIran dune poigne de fer quils peuvent continuer comme à laccoutumée leurs brutalités, leurs prises dotages et leur soutien au terrorisme en toute impunité.
Et qui paye le prix de lindulgence occidentale ? La population iranienne et ceux qui luttent pour renverser les mollahs troglodytes dIran. Depuis avril 2006, au moins 200 personnes ont été pendues à Téhéran et en province, et des centaines dautres condamnées à mort, y compris des dizaines de mineurs. Les mouvements de protestations des femmes, des enseignants, des chauffeurs de bus et des agriculteurs ont été écrasés par les organes de sécurité. La presse écrite et les blogueurs ont aussi souffert.
Quant à lopposition, alors que ses membres et sympathisants ont été brutalisés et exécutés en Iran, elle sest retrouvée à létranger enchaînée dans les listes noires de lUnion européenne et des Etats-Unis. Même quand la seconde plus haute Cour de justice européenne a supprimé la désignation de terroriste du principal groupe dopposition iranien les Moudjahidine du peuple OMPI par lUE. LUnion européenne a refusé dobéir, se moquant de létat de droit. Et le Département dEtat américain refuse de retirer lOMPI de sa liste en collant à des allégations éculées qui remontent à plus de trente ans en arrière. La raison : Comme la dit un haut diplomate britannique, retirer létiquette de terroriste de lOMPI enverrait au régime iranien le signal que lOccident recherche un changement de régime en Iran.
Lidée que les mollahs joueraient le jeu sil en valait la chandelle, nest rien dautre quune chimère. Comme le disait layatollah Khomeiny de son vivant : « Un pas en arrière et tout lédifice seffondrera. » Le château de cartes des mollahs ne peut supporter le moindre pas en arrière dans sa quête insatiable darmes nucléaires, de son ingérence en Irak et de son hostilité à la paix au Proche-Orient. Paradoxalement, en fondant sa théocratie sur la doctrine du Velayat-e-faghih (la suprématie absolue du religieux), Khomeiny a planté en sont sein la graine de sa propre destruction : Son incapacité à changer.
La question évidente est donc de savoir quelle est la meilleure option ? Comme la souligné la figure de proue de lopposition iranienne Maryam Radjavi, ce nest ni la guerre ni la complaisance, mais un changement démocratique par les Iraniens et leur résistance organisée.
Il est temps que loccident ouvre les yeux sur cette réalité.
(Ali Safavi du mouvement dopposition, le Conseil national de la Résistance iranienne, est président de Near East Policy Research, un cabinet danalyses politiques à Washington.)