mardi, octobre 8, 2024
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Le député Hervé Saulignac : La France doit exécuter la résolution du PE pour inscrire le CGRI sur la liste du terrorisme

Le mardi 7 février s’est tenue une conférence à l’Assemblée nationale par le Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID) pour faire le bilan de cinq mois d’un soulèvement héroïque par le peuple iranien et aborder la question de l’alternative démocratique au régime dictatorial. Plusieurs députés et personnalités sont intervenus à cet événement qui s’est tenu à la salle Colbert du parlement, auquel est intervenu également Maryam Radjavi, la présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne. La modératrice de la réunion était Cécile Rilhac, présidente du CPID. Dans son intervention, le député Hervé Saulignac, vice-président de CPID, a déclaré :

« Je voudrais vous dire d’abord que nous en sommes au cinquième mois d’un soulèvement national en Iran, cinq mois c’est long. C’est long pour celles et ceux aussi probablement qui le vivent à distance. Et le temps qui passe ne doit pas banaliser cette contestation populaire. Nous ne devons pas oublier que ce mouvement est absolument inédit, à la fois dans son ampleur et dans sa durée. Plus de 280 villes se sont littéralement soulevées. Malheureusement, au prix de nombreux morts, près de 800 morts dont, ne l’oublions pas, 63 enfants. Néanmoins, la répression sanglante ne paraît pas devoir arrêter ce mouvement et il importe de comprendre ce soulèvement dans toutes ses causes, ses causes immédiates et ses causes profondes.

Les causes immédiates, on les a toutes à l’esprit, parce que nous sommes encore profondément marqués par la mort de Mahsa Amini pour un voile mal porté. Un décès qui nous a rappelé d’ailleurs de la pire des manières les exactions de la police des mœurs, cette police qu’on avait peut-être quelque peu oubliée alors qu’elle existe depuis le début de la révolution iranienne pour réprimer les femmes.

Causes profondes ensuite, qui sont faites de 43 ans de répression, de destructions et de pillage des richesses du pays, d’arrestations, d’exécutions arbitraires massives et qui ont connu leur point d’orgue avec les massacres de 1988. La cause immédiate ne doit pas masquer ces causes profondes et le caractère explosif de la situation depuis 2021 ; et la mort de Mahsa Amini en a été le détonateur.

Ces forces de répression et de pillage de l’Iran se structurent autour de ce qu’on appelle le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), autrement appelé les pasdaran, qui forment une sorte de colonne vertébrale de la dictature religieuse. Les pasdaran sont directement responsables des répressions sanglantes des manifestations précédentes.

Et pour mémoire, je veux quand même rappeler ici les quinze cent iraniens tués par balles en novembre 2019, et cela en quelques jours seulement, mais également ceux qui ont péri lors des soulèvements de 2022.

N’oublions pas non plus leur implication dans la tentative d’attentats terroristes en Europe et qui a été déjouée à Villepinte le 30 juin 2018. Selon le tribunal belge, je le cite: C’est un carnage qui était planifié et le diplomate terroriste iranien Assadollah Assadi a été condamné à 20 ans de prison avec ses trois complices. Le 4 février dernier d’ailleurs, était le premier anniversaire de ce verdict sans précédent.

De peur d’être renversé par le peuple iranien et sa résistance organisée, le régime a donc tenté par tous moyens de supprimer, y compris physiquement, ses opposants et bien entendu, à commencer par Maryam Radjavi qui était visée ce jour-là, ainsi que les très nombreuses personnalités qui l’accompagnaient. L’opération a heureusement été déjouée, mais le régime a fait la démonstration de sa fébrilité, pour ne pas dire de ses craintes profondes de renversement.

Dans ce contexte, une résolution a été adoptée au Parlement européen le 19 janvier dernier et elle a fermement condamné les exactions et les violations des droits de l’homme commises par le régime iranien, notamment lors des manifestations depuis septembre 2022. Elle a aussi clairement pointé les tirs à balles réelles sur les manifestants, les arrestations sommaires, les tortures, les procédés de chantage sur les familles, les pratiques de harcèlement physique et sexuel sur les détenus.

L’Union européenne a récemment adopté plusieurs mesures, notamment à l’encontre de responsables de haut rang au sein du Corps des Gardiens de la révolution islamique, comme le gel de leurs avoirs, comme l’interdiction de se rendre sur le territoire de l’Union. Elle a également mis en évidence le rôle de certains dans la fourniture par la République islamique d’Iran de drones armés qui sont utilisés par la Russie contre l’Ukraine.

Le Parlement européen demande au Conseil et aux États membres d’ajouter le Corps des Gardiens de la révolution islamique et ses forces subsidiaires à la liste des organisations terroristes de l’Union et d’interdire toute activité économique ou financière impliquant des sociétés et des activités commerciales liées à ce Corps des gardiens de la révolution ou à des personnes qui lui sont affiliées.

Cette demande solennelle du Parlement ne peut pas rester lettre morte. La France ne pourra éternellement fermer les yeux ou condamner du bout des lèvres les crimes commis par le régime. Elle devra mettre un terme à des discussions interminables que le régime d’ailleurs instrumentalise pour se légitimer lui-même. La France devra, et je crois que nous sommes nombreux à le souhaiter, exécuter cette résolution qui a été adoptée à une grande majorité du Parlement européen et faire inscrire les Gardiens de la révolution islamique sur la liste des entités terroristes. Je vous remercie.