lundi, juillet 14, 2025
AccueilActualitésActualités: Iran RésistanceAprès des défaites sur le terrain, Téhéran se concentre sur la répression...

Après des défaites sur le terrain, Téhéran se concentre sur la répression intérieure et renouvelle sa campagne contre l’OMPI

Après des défaites sur le terrain, Téhéran se concentre sur la répression intérieure et renouvelle sa campagne contre l'OMPI
Images de Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI, affichées sur une passerelle piétonne à Téhéran, le 25 avril 2024

Après avoir subi d’importantes pertes militaires et symboliques au cours de son récent conflit de 12 jours, notamment la mort confirmée de plus de 40 commandants du CGRI et d’au moins 150 policiers, le régime iranien intensifie désormais sa répression intérieure, ciblant particulièrement l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), qu’il présente de plus en plus comme sa menace interne la plus puissante. La coordination des messages entre les institutions du régime suggère une volonté non seulement de détourner l’attention des revers subis sur le champ de bataille, mais aussi de réprimer le mécontentement croissant et de prévenir toute possibilité de dissidence organisée.

Eskandar Momeni, récemment nommé ministre de l’Intérieur et haut responsable du CGRI, a joué un rôle central dans ce changement. Lors d’une apparition télévisée nationale, il a admis la profonde préoccupation du régime face aux troubles internes, affirmant que l’ennemi avait « clairement calculé les troubles intérieurs » en exploitant « les secteurs mécontents de la société ». Momeni a souligné que « les forces de sécurité et la police ont été immédiatement déployées dans tout le pays » et a ajouté que, compte tenu des troubles anticipés dans des prisons comme Evin, « les transferts ont été parmi les premières mesures prises ». Ses propos ont reconnu que le mécontentement au sein de la population était non seulement réel, mais potentiellement explosif au lendemain de la défaite militaire.

Simultanément, les médias et les personnalités religieuses du régime ont intensifié leurs avertissements concernant l’influence de l’OMPI, tant au niveau national qu’international. L’agence de presse Fars, affiliée au CGRI, a qualifié les préoccupations relatives aux droits humains concernant le traitement des détenus de « campagne coordonnée d’entités anti-iraniennes », ciblant l’ONU et des rapporteurs comme Mai Sato. « Ce sont les mêmes personnes », affirme le rapport, « qui ont soutenu des terroristes comme l’OMPI sous prétexte de défendre les droits humains. »

Ce récit rejoint les propos incendiaires des dignitaires religieux du régime. À Machhad, le représentant du Guide suprême, Ahmad Alamolhoda, a déclaré sans ambages : « Il n’y a pas de paix. Le soi-disant cessez-le-feu n’est pas la paix. » Il a présenté le refus du régime de s’engager diplomatiquement comme une question de principe idéologique, déclarant : « Téhéran doit agir uniquement dans le cadre de la révolution et du Guide suprême. » À Karaj, son homologue a fait écho à ce rejet : « Ils ne veulent pas de compromis sur les programmes nucléaires ou de missiles. Ils veulent la soumission. Mais l’Iran n’est pas un pays qui capitulera. »

L’inquiétude du régime se reflète peut-être le plus explicitement dans sa rhétorique renouvelée concernant la présence de l’OMPI sur le territoire national. Reza Nouri, imam de la prière du vendredi à Bojnourd, a exigé des arrestations immédiates : « Ces hypocrites sont plus odieux que les sionistes. Nous devons saisir cette occasion pour tous les arrêter.» Il a ajouté : « Partout où ils se trouvent, l’insécurité règne. Comme en 1981, leur élimination est une condition préalable à la stabilité.»

Même les cérémonies officielles de deuil des membres des forces de sécurité tués – auxquelles le Guide suprême Ali Khamenei n’a notamment pas assisté – sont devenues des tribunes pour attaquer l’OMPI et l’AIEA. Le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni-Ejei, a accusé Rafael Grossi et l’AIEA de « collaborer avec l’ennemi » et de faciliter les fuites de renseignements, une accusation probablement destinée à détourner l’attention des défaillances sécuritaires de Téhéran pendant le conflit.

Le 27 juin, l’ancien porte-parole du gouvernement, Ali Bahadori Jahromi, s’inquiétait de la visibilité persistante de l’OMPI, imputant la responsabilité au « soutien européen et américain ». Il a souligné que « même lorsque l’internet national a été coupé, leur engagement n’a pas diminué », suggérant que les efforts de censure du régime n’ont pas réussi à contenir l’influence numérique du groupe.

Ce changement de ton et de stratégie reflète également les craintes d’une surveillance internationale croissante. Le 2 juin, la rapporteuse spéciale des Nations Unies, Mai Sato, a lancé un avertissement sur les réseaux sociaux concernant l’escalade des exécutions en Iran : « Le recours à la peine capitale dans des affaires liées au trafic de drogue, dont au moins quatre depuis le début de la guerre, viole les normes internationales.»

Pourtant, Téhéran a privilégié l’escalade à la désescalade. Nasir Hosseini, imam du vendredi de Yasuj, a déclaré : « Négocier avec l’Amérique criminelle n’a plus de sens. Ils nous ont attaqués pendant les négociations. À quoi bon discuter ? » À Arak, Dori Najafabadi s’en est pris au directeur de l’AIEA, Grossi, avec une virulence personnelle : « Il a mangé notre riz, bu notre thé, pris nos cadeaux et nous a trahis !»

En fin de compte, ce déferlement de messages répressifs, cette ferveur agressive et cette propagande anti-OMPI reflètent un régime sous le choc de sa défaite et qui tente désespérément de contrôler le champ de bataille politique intérieur. Sa tentative de recadrer l’échec comme une forme de défiance, tout en intensifiant la répression.