
La Bourse de Téhéran (TSE) est entrée dans l’une des périodes les plus turbulentes de son histoire après les 12 jours de guerre entre le régime iranien et Israël. Ce conflit, qui a entraîné des confrontations militaires directes et un risque géopolitique accru, a déclenché une cascade d’effets négatifs sur les marchés financiers iraniens. Cet article propose une analyse détaillée de la situation de la Bourse après la guerre, en s’appuyant sur des faits et des chiffres rapportés par divers médias liés au régime.
Tenter de contenir la panique
Lorsque la guerre a éclaté, la Bourse de Téhéran a été rapidement fermée pendant neuf jours consécutifs. Cette fermeture sans précédent a été décrétée en vertu de l’article 23 de la loi sur le marché des valeurs mobilières, qui autorise la suspension des transactions en cas d’urgence, sous réserve de l’approbation de l’autorité de régulation compétente. L’objectif principal était de protéger les investisseurs d’une volatilité extrême et d’empêcher un exode massif de capitaux dans un contexte d’incertitude.
Pendant cette période, seuls les fonds à revenu fixe ont été partiellement rouverts, permettant aux investisseurs d’accéder immédiatement à des liquidités pour leurs besoins essentiels. Si cette mesure était considérée comme une mesure rationnelle pour atténuer les pressions financières à court terme, il s’agissait en fin de compte d’une mesure provisoire qui n’a pas permis de remédier aux risques sous-jacents ni de restaurer la confiance.
Réouverture dans le rouge : un marché en chute libre
Après la déclaration d’un cessez-le-feu temporaire, la Bourse de Téhéran a rouvert, sans aucun soutien financier ni intervention significatifs des autorités. Il en a résulté une chute spectaculaire :
Plus de 99 % des actions cotées ont affiché des pertes dès le premier jour. L’indice principal de la Bourse de Tokyo a chuté de 62 503 points (2,1 %), clôturant à 2 922 101.
L’indice équipondéré a perdu 15 522 points, s’établissant à 908 163.
Une file d’attente record de 35 000 milliards de tomans (plus de 700 millions de dollars) s’est formée, reflétant la panique généralisée des investisseurs et leur ruée vers la liquidation de leurs positions.
Le volume des transactions sur les actions de détail était extrêmement faible – seulement 2 630 milliards de tomans – témoignant d’une profonde méfiance et d’une hésitation des acteurs du marché.
Plus de 750 actions étaient bloquées dans des files d’attente de vente, et seulement 1 % d’entre elles ont suscité un intérêt du côté des acheteurs.
Ce mouvement de ventes a été si important qu’il a été comparé aux marchés financiers de pays en guerre ou confrontés à une crise économique aiguë, plutôt qu’à un marché sortant simplement d’une brève période de conflit.
Manque de soutien et erreurs politiques
L’un des aspects les plus critiqués de la réouverture a été l’absence de soutien proactif de la part des autorités financières du régime :
Aucune réduction des limites de fluctuation des prix (« fourchettes de prix ») n’a été mise en œuvre. Lors des crises précédentes, ces fourchettes avaient été resserrées pour limiter les pertes quotidiennes, mais cette fois, la fourchette standard de 5 % est restée en place.
Aucune injection significative de liquidités n’a été effectuée par le gouvernement, la banque centrale ou les principaux investisseurs institutionnels, malgré les prévisions d’au moins 30 000 à 40 000 milliards de tomans pour stabiliser le marché.
Les responsables économiques du régime, dont le nouveau ministre de l’Économie, ont insisté sur une réouverture rapide du marché, mais n’ont pas réussi à coordonner des mesures de soutien efficaces.
La seule intervention notable a été l’activation du Fonds de stabilisation du marché, qui a commencé des achats limités, mais n’a pas réussi à endiguer la vague de ventes paniques.
Les analystes de marché et les investisseurs ont largement condamné la passivité du régime, arguant qu’une combinaison de fourchettes de prix plus strictes, d’un solide soutien en liquidités et d’une communication claire aurait pu amortir le choc et restaurer une certaine confiance.
L’ampleur de la crise
Les chiffres du premier jour de bourse après la guerre soulignent l’ampleur de la crise :
La valeur totale des transactions a atteint 13 570 milliards de tomans, mais seulement 28 % concernaient des transactions sur actions de détail.
Les sorties de capitaux des fonds obligataires ont dépassé 192 milliards de tomans, les investisseurs recherchant la sécurité.
Plus de 2 400 milliards de tomans en monnaie réelle ont quitté le marché, réduisant encore davantage les liquidités.
96 % des actions étaient en attente de vente ; seulement 1 % en attente d’achat.
La capitalisation boursière totale a fortement diminué, l’indice principal passant sous le seuil critique des trois millions de points.
La situation a été aggravée par la suspension de la cotation de valeurs majeures comme Iran Khodro et Saipa, une ultime tentative pour empêcher une baisse encore plus marquée de l’indice principal. Si cette mesure a ralenti la chute, elle n’a pas résolu les problèmes fondamentaux.
Conséquences psychologiques et structurelles
La crise a des dimensions à la fois psychologiques et structurelles :
La confiance des investisseurs a été gravement ébranlée, non seulement par la guerre, mais aussi par l’incapacité du régime à gérer efficacement la réouverture.
L’absence de gestion de crise et de communication claire a laissé les investisseurs avec un sentiment d’abandon et d’exil.
La liquidité et la profondeur du marché ont diminué, rendant plus difficile pour les investisseurs d’acheter ou de vendre des actions sans faire bouger les cours.
Les analystes préviennent qu’à moins que le régime ne prenne des mesures décisives, le marché pourrait connaître une période d’instabilité prolongée, avec des sorties de capitaux continues et de faibles volumes d’échanges.
Perspectives d’avenir : que faut-il changer ?
Les experts et les acteurs du marché ont défini plusieurs mesures urgentes pour que le régime rétablisse la stabilité :
Activer et élargir le Fonds de stabilisation du marché afin de fournir un soutien significatif aux achats ;
Réduire temporairement les limites de fluctuation des prix afin d’éviter des pertes quotidiennes extrêmes et de freiner les ventes paniques ;
Injecter des liquidités substantielles grâce à une action coordonnée de la banque centrale, du gouvernement et des investisseurs institutionnels ;
Communiquer en toute transparence avec les investisseurs sur les mesures prises et les perspectives du marché ;
Envisager de prolonger les suspensions de cotation ou les arrêts ciblés pour les actions très volatiles jusqu’à ce que la situation se stabilise.
Sans de telles mesures, la crise risque de s’aggraver, érodant le peu de confiance qui subsiste dans les marchés financiers iraniens et nuisant davantage à l’économie dans son ensemble.
La guerre de 12 jours entre le régime iranien et Israël a mis la Bourse de Téhéran sous le choc. Une fermeture de neuf jours, suivie d’une réouverture chaotique et sans soutien, a déclenché l’une des pires ventes de l’histoire du marché. L’incapacité du régime à gérer les conséquences a ébranlé la confiance des investisseurs et laissé le marché dans un état de détresse prolongé.
Il ne s’agit pas seulement d’une défaillance du marché, mais d’une défaillance du régime. Et pour des millions d’Iraniens, c’est un nouveau rappel de l’incapacité du système à se réformer, et encore moins à gérer l’économie.