Les manifestations à l’échelle nationale de l’Iran se poursuivent, affichant une volonté inébranlable des Iraniens pour renverser la théocratie au pouvoir. Dans son troisième mois, ce que beaucoup considèrent comme la révolution démocratique iranienne, évolue constamment et franchit de nouvelles étapes. L’intense escalade de la colère publique affichée au cours des trois derniers jours, malgré une forte répression de l’État, a prouvé que la situation en Iran « ne sera plus jamais la même ».
Il y a eu de nombreux appels à manifester du mardi au jeudi pour honorer les martyrs des grandes manifestations de novembre 2019. Les manifestations se sont étendues à travers l’Iran et des Iraniens de tous horizons ont exprimé leur désir de changement de régime. Ils ont rejeté la théocratie au pouvoir et même un retour vers le passé et la dictature monarchique en scandant : « Mort à l’oppresseur, que ce soit le Shah ou le chef (Khamenei). »
Le fait que les manifestations ne montrent aucun signe d’apaisement, malgré les tentatives du régime pour les réprimer, est désormais de notoriété publique. Mais la bravoure des Iraniens qui ont riposté aux forces de sécurité au cours des trois derniers jours a stupéfié tous les spectateurs, même les initiés du régime.
Toutes les guildes de Téhéran et des dizaines de Bazar d’autres villes se sont mises en grève au cours des trois derniers jours en solidarité avec le soulèvement national.
November 20 – Saqqez, western #Iran
More footage of locals continuing the nationwide protests against the regime on the 66th night of the uprising.#IranRevolution2022#مهاباد_تنها_نیست pic.twitter.com/SyzBq4dRKd— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 20 novembre 2022
À Izeh, dans la province du Khuzestan, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants non armés, tuant Kian Pirfalak, 10 ans. En réponse, les gens ont pris les armes, ont riposté et puni plusieurs forces de sécurité. À Téhéran, les habitants ont dressé des barrages routiers en incendiant des poubelles et ont résisté aux troupes anti-émeutes dans de nombreux quartiers.
Dans la région du Kurdistan, la population s’est heurtée aux forces de sécurité. Ils ont utilisé des pierres et des couteaux pour affronter les forces de sécurité entièrement armées. À Bukan et Mahabad, des jeunes rebelles ont incendié des postes de police et des véhicules, désarmé les forces de sécurité et puni plusieurs d’entre eux.
November 20 – Mahabad, northwest #Iran
Protesters chanting: "This is the last message: the entire regime is the target!"#IranRevolution2022#مهاباد pic.twitter.com/JzXlyn5N1Y— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 20 novembre 2022
Le 17 novembre, l’agence de presse officielle Fars, liée aux Gardiens de la révolution (CGRI), a cité l’adjoint à la politique et à la sécurité du gouverneur au Kurdistan, annonçant que « pendant les troubles d’aujourd’hui à Sanandaj, le major Hasan Yousefi de la sécurité de l’État les forces de la province du Kurdistan a été tué.
À Bukan, des habitants en colère ont capturé le gouvernorat et l’ont incendié. Ils ont également libéré le centre-ville et célébré leur victoire en repoussant les forces oppressives.
Dans le centre de l’Iran, selon les médias officiels iraniens, au moins trois membres des forces de sécurité ont été tués lors de la manifestation d’hier soir à Ispahan. Des habitants de Semirum, dans la province d’Ispahan, ont incendié la voiture du responsable de la prière du vendredi et attaqué une base paramilitaire du Bassidj à l’aide de cocktails Molotov.
Les gens utilisent désormais largement les cocktails Molotov pour riposter contre les forces du régime, qui ouvrent le feu sur la foule à bout portant. Alors que les protestations persistaient ces derniers jours, les autorités ont reconnu la façon dont les gens résistent à l’oppression.
Téhéran Abdolabad avenue Badr, face à face entre manifestants et les forces de répression aujourdh'ui Dimanche 20nov. 66e jour de #IranRevolution #Iran #IranProtests #IranProtests2022 #IranRevolution2022 #MahsaAmini pic.twitter.com/qcR5uhRRh5
— Afchine Alavi (@afchine_alavi) 20 novembre 2022
« Lorsque nous attaquions la foule, ils étaient facilement dispersés. Maintenant c’est différent. Ils tiennent bon et résistent pendant des heures. Lorsque nous entrons dans les rues, les gens nous jettent sur la tête tout ce qu’ils ont, fer à repasser, marmites, des pierres et des chaises. Cette génération ne fuit pas. Ils résistent contre nous », a déclaré Seyed Pouyan Hosseinpour, un officier du CGRI et adjoint de l’organisation Seraj, un appareil contrôlant le cyberespace iranien, le 17 novembre.
Vidéo : Des images révèlent la peur des responsables de l’État face au défi de #IranRevolution2022
« Ces émeutiers n’utilisent que le langage de la force pour dialoguer avec nous. Non, ils ne sont pas là pour faire des réformes. Ils sont là pour perturber notre sécurité », a déclaré lundi le député Hossein Mirzaie au journal public Ruydad-e 24.
Les Iraniens ont poursuivi leur révolution au mépris des promesses des mollahs de punir sévèrement une telle dissidence. Alors que le régime a déployé des stratégies violentes pour étouffer les manifestations, des jeunes rebelles ont utilisé des tactiques diverses pour affronter les forces oppressives.
Des rapports locaux suggèrent qu’à Doroud et à Ispahan, des unités entières des forces spéciales ont été attirées dans un district particulier et prises en embuscade par un grand groupe de jeunes rebelles qui leur ont lancé des grenades à main. La tactique insurrectionnelle a clairement affiché un nouveau niveau de résistance organisée et aura certainement un impact sur le moral des forces de sécurité.
Comme de nombreux Iraniens s’expriment sur les réseaux sociaux, la liberté n’est plus un rêve lointain mais une réalité accessible et proche. Ils ont payé le prix de leur liberté, et leur courage mérite un soutien international.
Les développements des trois derniers jours indiquent que le soulèvement national iranien a franchi un tournant et que les Iraniens sont prêts à renverser le régime à tout prix. Il appartient maintenant à la communauté internationale d’accepter la nouvelle réalité et de reconnaître le droit du peuple à l’autodéfense. Cela est un droit fondamental de l’humanité tout au long de l’évolution sociale et de notre histoire commune en devenir.