
Une nouvelle vague de protestations a déferlé sur l’Iran début juin 2025, mettant en évidence la grave détresse économique et la frustration croissante de divers segments de la population. Des opérateurs d’engins lourds paralysés par les coupures de carburant aux travailleurs des services essentiels exigeant la sécurité de l’emploi, en passant par les communautés locales luttant pour leurs moyens de subsistance et leur environnement, les manifestations soulignent l’incapacité croissante du régime iranien à répondre aux besoins fondamentaux et à gérer les ressources du pays.
Le 7 juin, des opérateurs d’engins lourds de Shahrekord, dans l’ouest de l’Iran, se sont rassemblés devant le bureau du gouverneur de la province. Leur protestation visait la réduction drastique de leurs quotas de carburant, une mesure qui serait en vigueur depuis février-mars 2025. Les manifestants ont exigé une attention urgente à leur situation, soulignant que l’approvisionnement en carburant en quantité suffisante est essentiel pour poursuivre leur travail et préserver leurs moyens de subsistance.
June 7—Shahrekord, western Iran
Heavy machinery operators gathered in front of the provincial governor's office to protest the cut in their fuel quotas, which has been in effect since February-March 2025. Protesters demand urgent attention to their livelihood and the allocation… pic.twitter.com/ikAJl4kN6R— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 7 juin 2025
Le 7 juin également, au Khouzistan, dans le sud-ouest de l’Iran, des agents de la compagnie des eaux et des eaux usées se sont rassemblés devant le bureau du gouverneur de leur province. Leurs principales revendications comprenaient la mise en œuvre d’un plan de classification des emplois et des garanties de sécurité de l’emploi, soulignant la précarité des conditions d’emploi, même pour les personnes travaillant dans les services publics essentiels.
Entre-temps, des informations du 6 juin indiquaient qu’une manifestation de travailleurs locaux dans la région de Jafir, près d’Ahvaz, en était à son quinzième jour consécutif. Ces travailleurs se sont rassemblés à l’entrée de la raffinerie de gaz de Hoveyzeh, une installation majeure du secteur pétrolier, gazier et pétrochimique iranien, pour exiger leur réembauche et l’obtention de contrats de travail.
Les manifestants ont déclaré que malgré des années d’expérience, l’entreprise avait refusé de renouveler leurs contrats ou d’en proposer de nouveaux, ne répondant pas à leurs revendications. Un travailleur a exprimé sa frustration : « Nous sommes des forces locales de la région et travaillons dans ce complexe depuis des années. Nous attendons maintenant de l’entreprise qu’elle nous réembauche dans des conditions d’égalité et dans le respect du principe de justice. La justice est obtenue lorsque les habitants ne sont pas privés d’opportunités d’emploi dans un complexe implanté au cœur de leur patrie.»
Cette manifestation prolongée se déroule dans une région, la province du Khouzistan, déjà aux prises avec un chômage chronique, malgré ses importantes ressources naturelles. La raffinerie de gaz de Hoveizeh n’aurait fait aucune déclaration officielle concernant la manifestation.
Le mécontentement ne se limite pas à l’emploi et aux facteurs économiques directs. Le 6 juin, à Alavijeh, dans le centre de l’Iran, les habitants ont formé une chaîne humaine et organisé un rassemblement pour exprimer leur ferme opposition à la destruction des montagnes et des ressources naturelles causée par les activités minières. Leur position déterminée témoigne de l’inquiétude croissante du public face à la dégradation de l’environnement provoquée par des activités industrielles incontrôlées.
June 7—Khuzestan, southwest Iran
Water supply workers from the Water and Wastewater Company gather in front of their provincial governor's office, demanding the implementation of the job classification plan and job security. #IranProtests pic.twitter.com/GNU68Rhla3— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 7 juin 2025
Illustrant encore l’ampleur du conflit social, les travailleurs de la compagnie pétrolière iranienne offshore de Siri, dans le sud de l’Iran, ont repris leurs manifestations le 6 juin. Leurs revendications sont nombreuses : le versement intégral des salaires, la suppression des plafonds de retraite, l’intégralité des avantages liés à l’ancienneté, l’application de l’article 10 avec arriérés de salaire, et la protection cruciale de leur fonds de pension contre une éventuelle fusion avec des fonds en faillite. Ces manifestations récurrentes dans le secteur pétrolier, vital pour l’économie, témoignent de griefs profonds et non résolus concernant les droits fondamentaux des travailleurs et leur sécurité financière.
Le 6 juin à Mashhad, dans le nord-est de l’Iran, une autre manifestation environnementale a éclaté. Des habitants – dont beaucoup sont issus de la population kurde exilée de longue date de la région de Hazarmasjed – se sont mobilisés contre un projet controversé de transfert d’eau. Des militants civils et écologistes ont averti que ce projet allait dévaster l’écologie fragile de la région et entraîner des déplacements massifs de population. Les manifestants ont souligné que même les équipes de recherche de l’Université de Mashhad avaient reconnu les effets néfastes à long terme du projet sur la durabilité de l’approvisionnement en eau de la région. Ces événements, allant des conflits sociaux à la défense de l’environnement et aux violences frontalières, reflètent une population confrontée aux politiques extractives du régime sur plusieurs fronts.
À Bushehr, le 3 juin, des affrontements ont opposé des propriétaires de bateaux locaux aux forces de sécurité lors d’une manifestation contre les nouvelles restrictions imposées au petit commerce, connues sous le nom de « teh-lenji ». Les manifestants ont dénoncé des politiques économiques sévères et des interdictions prolongées de navigation, l’un d’eux criant : « Nos bateaux sont à l’arrêt depuis 16 mois ; nous n’avons plus rien à manger ! »
June 6—Alavijeh, central Iran
Residents formed a human chain and held a rally, voicing their opposition to the destruction of mountains and natural resources by mining activities.#IranProtests pic.twitter.com/m2bAXfdCjQ— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 7 juin 2025
Pendant ce temps, dans la province du Sistan-et-Baloutchistan, au sud-est du pays, les rapports des 2 et 3 juin indiquent qu’au moins trois porteurs de carburant baloutches ont été tués ou blessés à la suite d’affrontements meurtriers avec les forces de sécurité près des villes de Bam et Sirik. Ces incidents ont suscité l’indignation face à la répression violente et persistante du régime contre les communautés frontalières marginalisées.
Ces manifestations diverses ne sont pas des incidents isolés, mais plutôt symptomatiques de ce que les observateurs décrivent comme « des crises généralisées dans la structure politique et économique du régime ; de la corruption structurelle dans la distribution des ressources au mépris des droits des travailleurs et à la destruction rampante de la nature ».
Les politiques économiques du régime, telles que la réduction des quotas de carburant, qui a un impact direct sur les moyens de subsistance à Shahrekord, conjuguées à son incapacité à garantir la sécurité de l’emploi dans des régions comme le Khouzistan et Jafir, ou à protéger les revenus des travailleurs à Siri, dressent un tableau sombre. La volonté de la population de contester ouvertement des projets destructeurs pour l’environnement, comme on l’a vu à Alavijeh, renforce encore le récit d’une population de plus en plus poussée à bout. La convergence de ces griefs suggère que la mauvaise gestion et la négligence chroniques du régime alimentent une colère populaire puissante et généralisée, signalant un système incapable de répondre aux besoins économiques et sociaux les plus fondamentaux du peuple iranien.