mercredi, mars 19, 2025
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Après l’éviction de Hemmati et Zarif, la loi sur le hijab relance la crise politique en Iran

Après l’éviction de Hemmati et Zarif, la loi sur le hijab relance la crise politique en Iran

Moins de 48 heures après les destitutions à connotation politique du vice-président du régime iranien, Mohammad-Javad Zarif et du ministre de l’Économie Abdolnaser Hemmati, 209 membres du parlement des mollahs ont signé une lettre le 4 mars, exhortant le président Mohammad Baqer Qalibaf à appliquer immédiatement la loi controversée sur le hijab obligatoire. Les législateurs ont explicitement fait référence aux récentes déclarations du guide suprême du régime, Ali Khamenei, insistant sur le fait que l’application de la loi était cruciale pour maintenir le contrôle idéologique et l’unité du régime dans un contexte d’escalade des tensions internes et du mécontentement public.

Le président du régime, Masoud Pezeshkian, s’est opposé à cette demande. Le 7 mars, son adjoint, Mohammad-Jafar Qaem-Panah, a annoncé publiquement : « Le président a clairement souligné que la loi sur le hijab ne pouvait pas être appliquée car elle créerait des problèmes pour la population. »

Cette position était en contradiction flagrante, car Pezeshkian lui-même avait été un fervent défenseur du hijab obligatoire. En 2014, Pezeshkian a fièrement admis : « Immédiatement après la révolution, avant même que le hijab ne devienne une loi officielle, j’ai personnellement imposé le hijab obligatoire dans les hôpitaux et les universités, en coordination avec les tribunaux révolutionnaires et en lançant la Révolution culturelle. » Sa position actuelle semble donc davantage motivée par la crainte d’une réaction négative de l’opinion publique que par une mutation idéologique.

Le refus de Pezeshkian d’appliquer la loi a suscité l’indignation des dignitaires religieux et des responsables du régime. Le haut dignitaire religieux Ahmad Khatami a vivement critiqué Pezeshkian : « Tous les responsables doivent appliquer la loi. Refuser d’imposer le hijab est anti-gouvernemental et anti-Dieu. » De même, Ahmad Alamolhoda, le représentant de Khamenei à Mahshad, a accusé Pezeshkian de trahir la révolution : «Pezeshkian pense-t-il que les représentants exigeant l’imposition du hijab ne sont pas « le peuple » ? Refuser d’imposer le hijab est une désobéissance à Dieu. » Ces déclarations ont mis en évidence de profondes luttes intestines au sein du régime.

Les médias affiliés à l’État ont quant à eux révélé une inquiétude considérable quant à l’application de la loi sur le hijab, soulignant les véritables préoccupations qui poussent des responsables comme Pezeshkian à s’opposer à sa mise en œuvre immédiate.

Le quotidien Khorasan, affilié au président du Parlement des mollahs, Mohammad Bagher Ghalibaf, a exposé ces craintes : « Le bon sens nous dicte que, compte tenu des profondes blessures économiques et sociales, le moment d’appliquer la loi sur le hijab n’est pas encore venu. De multiples difficultés économiques ont considérablement réduit la tolérance de la population, et toute tension supplémentaire est comme l’allumage d’une étincelle sur une poudrière, susceptible de conduire à une indignation sociale imprévisible. Les ennemis étrangers ciblent continuellement notre cohésion sociale et exploitent les divisions internes.»

Les factions proches de Khamenei craignent que tout compromis ou concession aux exigences de la société ou à la pression internationale enhardisse les adversaires du régime et accélère sa chute. A l’inverse, leurs opposants estiment que la répression et l’application stricte de la loi risquent de déclencher des troubles généralisés aux conséquences imprévisibles. Quelle que soit la voie choisie, elle présente de graves risques, illustrant encore davantage les contradictions internes du régime et son funeste destin.