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Iran : les Kurdes en grève pour protester contre l’exécution de militants

Bazar kurde ferméLe New York Times, 13 mai – Les Kurdes iraniens ont lancé l'une de leurs plus grandes grèves de ces dernières années, fermant boutiques et bazars dans presque toutes les villes kurdes sunnites et les villes de l'ouest de l'Iran pour protester contre l’exécution de cinq personnes, dont quatre militants kurdes, dimanche, selon des sites Web d'opposition et des témoins.

Il s’agit de la grève la plus importante des zones kurdes depuis 2005, lorsqu’un autre militant kurde avait été tué par balle par les forces de sécurité.

Les Kurdes d'Iran ont longtemps présenté un sujet délicat pour le gouvernement, qui craint que la population rétive ne rejoigne les Kurdes en Irak et en Turquie pour tenter de former une nation kurde. Les dirigeants iraniens ont été confrontés à l'opposition d'au moins un groupe séparatiste armé.

Les Kurdes en Iran, sunnites pour la plupart, sont une minorité dans un pays majoritairement chiite, et disent que le gouvernement pratique la discrimination à leur encontre.

La susceptibilité de Téhéran à propos des Kurdes et d'autres groupes ethniques s'est accrue au cours de l'année écoulée, lorsque les dirigeants iraniens ont fait face au défi politique le plus grave depuis la révolution islamique, avec des dizaines de milliers d'Iraniens protestant contre une élection présidentielle qu’ils estimaient frauduleuse.

De nombreux analystes et personnalités de l'opposition ont interprété les exécutions de dimanche comme un avertissement du gouvernement qui ne tolérera pas les protestations du mois prochain pour le premier anniversaire de l'élection.

Le gouvernement dit que les cinq personnes qui ont été exécutées avaient été reconnues coupables d’attaques à la bombe mortelle.

Presque tous les magasins étaient fermés à Sanandaj, capitale de la province du Kurdistan, a déclaré un témoin parlant sous le couvert d’anonymat par crainte d'être arrêté. « La ville est déserte, dit-il. Les gens sont restés à la maison et tout le bazar est fermé. »

Les boutiques et bazars dans plusieurs autres villes kurdes, y compris Boukan, Ochnavieh et Marivan, sont également fermés, a rapporté Jaras, un site Web d'opposition. Photos et vidéos publiées dans les sites web viennent soutenir ces allégations.

Des affrontements avec les forces de sécurité ont été signalés dans plusieurs villes, mais ces informations n'ont pu être confirmées de source indépendante.

«C'est la première fois en 30 ans que nous voyons une telle solidarité entre les Kurdes et les gens des autres parties du pays », a déclaré une militante kurde, Saman Rassoulpour, qui a quitté l'Iran et vit en Suède.

Les Iraniens ont organisé des manifestations à Stockholm et à Paris pour protester contre les exécutions de dimanche. Mir Hussein Moussavi, un leader de l'opposition, a condamné les exécutions comme «injuste». Il a dit qu'au lieu d'exécuter ces cinq militants alors qu’il y avait encore tant de questions sans réponse quant à la procédure engagée contre eux, les autorités auraient dû juger les crimes commis l'été dernier contre des détenus arrêtés dans les manifestations postélectorales. Il faisait allusion aux allégations de viols et à la mort d'au moins trois détenus en prison.

Les autorités ont refusé de restituer le corps des cinq militants exécutés à leur famille pour l'enterrement, craignant que les cérémonies n’entraînent des protestations.

En Kamyaran, la ville natale de Farzad Kamangar, un enseignant kurde qui a été exécuté, les parents n'ont pas envoyé leurs enfants à l'école jeudi et les employés ont refusé de se rendre au travail, selon l’agence de presse des militants des droits de l’homme, dirigé par un groupe d'opposition. Des membres de la famille de M. Kamangar ont été menacés et mis en résidence surveillée après leur retour de Téhéran, où ils avaient tenté de récupérer son corps, a rapporté l'agence.

Jaras a déclaré que cinq étudiants kurdes ont été arrêtés à Marivan jeudi, et sept autres ont été convoqués à la prison d'Evine.