vendredi, mars 29, 2024
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Iran : le tabou brisé de Khamenei et de son leadership

Iran : le tabou brisé de Khamenei et de son leadership

Avec les luttes intestines en cours au sein du régime, la position du Guide Suprême du régime des mollahs, Ali Khamenei, est sérieusement remise en question. La corruption du régime ne facilite pas la position de Khamenei, confronté à une population excédée.

Khamenei est actuellement la cible d’attaques sans précédent de la part de factions internes, qui le considèrent comme la cause principale des maux du pays et mettent en doute sa capacité à diriger.

Un coup porté au tabou de Khamenei

Dans une lettre publiée le 2 septembre dans divers médias du régime, l’ancien président du Majlis (Parlement des mollahs), Mehdi Karoubi, a explicitement dénoncé la mauvaise gestion de Khamenei, décrivant le pays comme ayant été ramené à l’époque de la dynastie Qajar d’avant la constitution :

« Si l’Assemblée des experts de l’Iran était vraiment constitué d’experts, ils auraient dû remettre en question le leadership observées chez notre Guide Suprême au cours des trois dernières décennies. C’est la raison pour laquelle notre pays en est là où il est aujourd’hui. Si ces experts étaient vraiment des experts, ils devraient reconnaître le fait que le gâchis actuel bonifie l’image du régime de Pahlavi. »

Karoubi, assigné à résidence depuis 2009, ajoute : « Le Guide Suprême doit stopper l’ingérence des Gardiens de la révolution, des Basij, et de la police, dans les ventes de pétrole et les affaires financières. »

Briser le tabou autour de Khamenei est si importante qu’un membre de la sérail affirme dans un article publié sur un site officiel le 2 septembre 2018 : « L’appel à la destitution de Khamenei doit se transformer en une revendication plus officielle, émanant de tous les militants politiques, civiques et culturels ! Tout comme ce fut le cas avec Ben Ali en Tunisie. » Il affirme également à propos de Rohani : « Comme tous les anciens présidents de notre république, Rohani est devenu lui aussi un partisan de la tyrannie, revendiquant les mêmes choses que Khamenei et les autres responsables tels les Gardiens de la révolution (pasdaran). »

Dans une interview avec l’agence ILNA (3 septembre 2018), Hossein Marashi, du groupe soi-disant réformiste, interroge également les « hauts responsables du gouvernement » : « Pourquoi les hauts responsables du gouvernement n’ont-ils jamais pris de décision claire concernant la contestation de l’accord nucléaire après le retrait des États-Unis ? Pourquoi avons-nous tant dépensé pour l’accord et précisé tant de conditions pour l’Europe alors que nous ne voulions pas nous retirer de l’accord ? Pourquoi y a-t-il eu un manque de coopération sur la question ? »

Khamenei frappé par une vague d’interrogations

Les responsables du régime cherchent une formule magique pour maintenir le système en place. Jusqu’à présent il y avait deux tendances pour analyser la crise en cours. Un des groupes étant les partisans de Khamenei qui croient que tous les problèmes proviennent des agissements américains et que la principale solution réside dans le renforcement de « l’économie de résistance ».

L’autre groupe se compose des partisans de Rohani qui considèrent que les problèmes actuels sont la conséquence de la guerre psychologique entre les forces opposées du système.

Un troisième groupe récemment constitué et dont le nombre ne cesse d’augmenter, considère la personne même de Khamenei comme la racine de tous les maux et estime que la solution consiste à améliorer son leadership.

Une figure réformiste, Mostafa Taj-Zadeh, a émis l’hypothèse selon lequel le peuple iranien souhaiterait une monarchie semblable à celle de l’Angleterre, où les membres de la famille royale sont là uniquement pour la forme, sans pouvoir s’ingérer dans les affaires sérieuses.

De telles théories visent à leurrer la population pour sauver le système inique et maintenir Khamenei comme leader, tout en limitant certains de ses pouvoirs. L’ancien président du régime, Mohammad Khatami, avait mis en garde à ce sujet : « Si des améliorations ne sont pas apportées, l’ensemble du régime pourrait s’effondrer. »