Par John F. BURNS
The New York Times , 8 mai – Après sept ans de bataille juridique, la Cour d’appel de la Grande-Bretagne a affirmé mercredi que le gouvernement britannique a eu tort dinscrire le groupe de résistance iranien des Moudjahidine du peuple sur sa liste des organisations terroristes.
Par John F. BURNS
The New York Times , 8 mai – Après sept ans de bataille juridique, la Cour d’appel de la Grande-Bretagne a affirmé mercredi que le gouvernement britannique a eu tort dinscrire le groupe de résistance iranien des Moudjahidine du peuple sur sa liste des organisations terroristes.
Les porte-parole du mouvement ont déclaré que la décision semble ne pas laisser à la ministre de l’Intérieur, Jacqui Smith, dautre recours juridique que de présenter un décret au parlement pour retirer le mouvement dune liste de plus de 20 organisations terroristes proscrites en vertu de la loi anti-terroriste de la Grande-Bretagne. La cour d’appel a refusé daccorder au gouvernement la possibilité dun éventuel recours, fermant ainsi laccès à la cour suprême britannique, les Law Lords. Il ny a pas eu de commentaire immédiat du gouvernement britannique sur ce quil comptait faire.
Au milieu de la célébration des partisans en liesse du mouvement iranien à Londres, à Paris et en Irak, où 3.800 membres des Moudjahidine vivent depuis 2003 sous la protection militaire américaine dans un vaste camp désertique en dehors de Bagdad, le mouvement a déclaré qu’il entendait faire échec à une interdiction similaire par les 27 états de l’Union européenne. Les porte-parole du mouvement ont déclaré qu’il n’y avait plus de justification à l’interdiction européenne, puisquelle avait été imposée en 2002 sur la base des éléments évoqués par la Grande-Bretagne en 2001 contre lOMPI.
Une équipe de trois juges dirigé par Lord Nicholas Phillips, le Lord Chief Justice britannique, a déclaré dans un jugement écrit qu’il n’y avait « aucune perspective raisonnable de succès » pour Mme Smith, la ministre de lIntérieur, daller plus loin dans le recours du gouvernement contre le jugement de la Commission d’Appel des Organisations Proscrites (POAC) en novembre 2007, un organisme quasi-judiciaire pour les plaintes formulées par des groupes proscrits, qui sétait prononcée en faveur de lOMPI. En effet, la Cour d’appel a confirmé la position des avocats du mouvement sur le respect de son abandon de la violence en 2000, lorsquil a annoncé ne plus mener dattaques terroristes et se concentrer sur une opposition pacifique au gouvernement de Téhéran.
« La seule conclusion raisonnable qu’un décideur pourrait tirer », déclare le tribunal, est de reconnaître que depuis le désarmement des Moudjahidine du peuple et des groupes alliés par les forces américaines en 2003 en Irak, le mouvement « n’a pas pris de mesures pour acquérir ou chercher à acquérir de nouvelles armes ou rétablir une quelconque capacité militaire en Irak. Les Moudjahidine n’ont pas cherché à recruter du personnel pour des activités militaires ou violentes, n’ont pas procédé non plus à lentraînement militaire des membres ou cherché à soutenir d’autres groupes dans des attaques contre des cibles iraniennes ». « Tenant compte du fait que lOMPI a maintenu ses réseaux et sympathisants en Iran depuis au moins 2002 », les juges ont affirmé qu« ils ont été dirigé dans des activités liés aux protestations sociales, au financement et à la collecte de renseignements, ce qui n’entre pas dans la définition du Terrorisme aux termes de la loi de 2000. »
LOMPI étant également sur la liste des groupes terroristes proscrits des Etats-Unis, les responsables de l’Administration Bush avaient affirmé par le passé qu’ils navaient pas lintention de lever linterdiction sur le mouvement. Mais si la Grande-Bretagne, et ensuite l’Europe, lèvent leur interdiction, le groupe sera en mesure d’utiliser sa légalisation pour mener des activités de financement et organiser la résistance face aux ayatollahs.
Constitué dune alliance de la gauche islamique et laïque, avec des origines remontant à la résistance contre le régime du chah Mohammed Reza Pahlavi au milieu des années 1960, ce mouvement est considéré comme la force dopposition iranienne la plus puissante.
Après la décision de justice de mercredi, les porte-parole de lOMPI à Londres et à Paris ont exigé que les autorités britanniques, et le Conseil des ministres de lUE, agissent rapidement pour retirer « létiquette de terroriste » de ce mouvement, lui permettant de reprendre normalement ses activités. Le groupe affirme quant à lui, être déterminé à rétablir la démocratie en Iran et s’opposer à toute tentative par l’Iran d’acquérir larme nucléaire. Il insiste sur le fait que les informations ayant conduit les puissances occidentales à conclure à lexistence dun programme d’armements nucléaires par le régime, ont été fournis par les agents de lOMPI en Iran.
La décision de la cour d’appel de Londres a été marquée chez les sympathisants de lOMPI par des réactions allant dâpres critiques à lencontre du gouvernement travailliste qui a imposé l’interdiction, à l’admiration pour les 35 parlementaires britanniques, de tout léventail politique, qui sétaient réunis pour porter la proscription devant les tribunaux.
Maryam Radjavi, une métallurgiste de 55 ans née à Téhéran, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, a déclaré lors dune liaison vidéo à partir de Paris où elle est basée, que cette décision marquait la fin dune « grave insulte » à lencontre de la Résistance iranienne brandit comme une organisation terroriste. « L’étiquette s’est effondrée, a-t-elle ajouté. L’ère dune grave injustice contre la résistance iranienne a pris fin. Les mollahs et leurs soutiens sont tombés dans la disgrâce. C’est une grande victoire pour le peuple iranien. »
Mme Radjavi, dont une sur a été exécutée sous le règne du chah et une autre torturée à mort après larrivée des ayatollahs au pouvoir en 1979, a exigé que le gouvernement britannique prenne des mesures immédiates pour se conformer à la décision de justice, et que l’Union européenne et les États-Unis mettent également fin à leur interdiction de lOMPI. « L’étiquette de terrorisme contre lOMPI doit être retirée maintenant, a-t-elle dit. Cette étiquette est la marque de l’ère de la complaisance avec les mollahs. Cette époque a pris fin. » Lintervention de Mme Radjavi a été accueillie par lexplosion de joie des sympathisants, agitant le drapeau national, qui sétaient réunis dans un hôtel londonien où les célébrations étaient reliées en duplex avec Paris et Achraf, le camp des Moudjahidine situé à 65 milles au nord de Bagdad, près de la frontière iranienne.
La scène à Achraf reflétait la même jubilation, avec des centaines d’hommes en uniformes militaires et des femmes en robes gris et foulard, sautant sur place dans une immense salle pour chanter leur soutien à la décision de justice et à Mme Radjavi. Après avoir participé au renversement du chah, lOMPI sest rapidement brouillée avec les ayatollahs au pouvoir en Iran, et ses membres ont été parmi les premières victimes de la terreur que les nouveaux dirigeants de Téhéran ont déclenchée contre les opposants. Des milliers d’entre eux ont été torturés et exécutés, et les survivants ont fui à l’étranger, dabord en Europe, et nombre d’entre eux plus tard en Irak.