jeudi, mars 28, 2024
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Iran : La lettre d’Ahmadinejad à Bush – Analyse

Iran : La lettre d’Ahmadinejad à Bush – AnalyseDe Claude Salhani, Rédacteur en chef international, UPI

United Press International – Les experts du Moyen Orient vont certainement passer les prochains jours et les prochaines nuits à essayer de déterminer si la lettre envoyée par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad au président George W. Bush constitue un pas en avant audacieux de la part du président conservateur de la République Islamique, si elle doit être interprétée comme un signe de faiblesse ou si elle a des motivations cachées.

« La lettre d’Ahmadinejad au président Bush constitue une tentative de dernière minute pour échapper à des sanctions du Conseil de Sécurité des Nations Unies et pour gagner du temps, tandis que l’Iran accélère l’enrichissement de l’uranium », a déclaré à United Press International Alireza Jafarzadeh, président de Strategic Policy Consulting et ancien porte-parole à Washington du parlement iranien en exil, le Conseil National de la Résistance Iranienne.

« Les Etats-Unis ne doivent pas se laisser duper par les maîtres de la supercherie et de la dérobade à Téhéran », a déclaré Jafarzadeh, en référence au régime actuel.Cependant, d’autres observateurs pensent que la lettre est un effort du président iranien qui espère calmer la tension grandissante entre son pays et les Etats-Unis tandis que la Maison Blanche et ses alliés européens cherchent par tous les moyens d’empêcher l’Iran d’accéder à la capacité nucléaire. Dans tous les cas, il s’agit d’une mesure extrêmement inhabituelle pour le président de la République Islamique, avec qui les Etats-Unis n’ont plus aucune relation diplomatique depuis 1980.

Une explication pourrait résider dans le fait que l’Iran tente d’empêcher une attaque contre ses sites nucléaires. De nombreuses rumeurs circulent à Washington ces dernières semaines sur la possibilité d’une attaque des Etats-Unis contre l’Iran. Toutefois, un scénario bien plus probable serait une attaque d’Israël contre les sites nucléaires iraniens, plutôt que des forces américaines.

Israël, qui est le pays le plus exposé à la menace d’un Iran armé nucléairement, est beaucoup plus motivé que n’importe quel autre pays pour priver l’Iran de la capacité nucléaire. Israël détient également les équipements et la technologie ainsi que le matériel et l’entraînement nécessaires pour mener à bien une telle opération. De plus, Israël pourrait mettre à exécution une frappe contre l’Iran sans avoir à se préoccuper outre mesure des répercussions politiques d’un tel acte. Par contre, les Etats-Unis devraient gérer les retombées politiques.

Une autre explication réside dans la date choisie pour l’expédition de la lettre iranienne. Elle survient au moment où le Conseil de Sécurité des Nations Unies est sur le point d’examiner un projet de résolution imposant des sanctions à l’Iran pour avoir ignoré les appels de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Mais le simple fait que l’Iran ait envoyé une lettre au président américain embrouille la situation et fait gagner du temps à l’Iran, élément extrêmement précieux dans ce cas.

Bien que le contenu de la lettre ait été jugé sans importance par l’administration Bush, elle menace de retarder les procédures de l’ONU par sa simple existence. L’Iran peut assurer avoir fait un premier pas et que la lettre a été écrite en toute bonne foi. C’est un élément que les Nations Unies doivent prendre en considération. Et cela signifie beaucoup de temps perdu, du temps pendant lequel l’Iran peut avancer dans son programme.

Par ailleurs, l’Iran désire éviter des sanctions internationales. La République Islamique a été renvoyé devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies tandis que les efforts des puissances occidentales se poursuivent pour que l’Iran abandonne ses ambitions nucléaires.

Alors que le président Bush affirme qu’il préférerait une solution diplomatique à la crise actuelle sur le nucléaire iranien, il a tout de même répété que « toutes les options restaient à l’ordre du jour ». Et celles-ci incluent la solution militaire.

La lettre d’Ahmadinejad a été remise à l’ambassade de Suisse à Téhéran, qui gère les affaires américaines depuis que les USA et l’Iran ont rompu leurs relations diplomatiques peu après la révolution islamique.

« Ahmadinejad, selon le dissident iranien, fait face à des problèmes majeurs à l’intérieur du pays. » Jafarzadeh fait allusion ici au nombre croissant de manifestations anti-gouvernement et de mouvements de protestation en Iran. Selon des sources à l’intérieur du pays, il y a eu plus de 4000 manifestations contre le gouvernement l’année dernière.

« Les Etats-Unis doivent interpréter la lettre d’Ahmadinejad comme un signe de faiblesse et de désespoir et intensifier la pression sur le régime. Parallèlement à une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, les Etats-Unis doivent augmenter la pression politique sur l’Iran en renforçant leur soutien à l’opposition iranienne qui a déjà appelé à un changement de régime en Iran », a ajouté Jafarzadeh.

Les forces opposées au régime en Iran demandent au département d’Etat des Etats-Unis de retirer toutes les restrictions pesant sur les groupes d’opposition iraniens afin d’assurer un changement démocratique rapide en Iran « avant qu’Ahmadinejad ne donne aux ayatollahs leur première bombe nucléaire ».