Par David Amess, député du parti conservateur au Parlement britannique
UPI, 1er avril – Alors que les élections législatives en Iran confirment une vaste majorité pour le camp des conservateurs, la bousculade semble avoir déjà gagné le pas pour les élections présidentielles de 2009. Pourtant, le président Mahmoud Ahmadinejad est de plus en plus sous la pression de son propre camp, plutôt que celle des prétendus réformateurs dont la campagne a été écrasée par la large disqualification de leurs candidats dans les élections législatives du 14 mars dernier.
La division dans le camp des conservateurs est aujourd’hui incontestable.
Beaucoup dans ce camp sont mécontents de la plupart des tactiques employées par Ahmadinejad et ont décidé de faire campagne sur des listes dissidentes de celle du président. Parmi ces candidats dissidents, deux poids-lourds de la vie politique iranienne se distinguent, Ali Larijani, ancien négociateur du nucléaire iranien, et Mohammad Baqer Qalibaf, maire de Téhéran. Qalibaf et Larijani sont très susceptibles de nourrir des ambitions pour la présidentielle de 2009. Cependant, tous deux savent très bien que tout espoir de succès dans ces élections passe uniquement par le guide suprême de lIran, Ali Khamenei.
En réalité, cette division manifeste dans le camp des conservateurs iraniens est venue renforcer la mainmise de Khamenei sur la sphère politique de lIran. Lhomme qui a été à la tête de la révolution islamique depuis la mort de layatollah Khomeiny en 1989 se trouve maintenant dans une position de contrôle incontestable.
Tout au long des années, le guide suprême a contrôlé une très grande partie de la vie iranienne. Il est le commandant en chef des forces armées de lIran. De manière plus significative, il contrôle également la force infâme des miliciens du Bassidj ainsi que le Corps des gardiens de la Révolution iranienne deux groupes créés expressément pour préserver et prolonger la révolution islamique en Iran. Cest bien le CGR, dans lequel Khamenei a placé une grande confiance ces dernières années, qui contrôle aujourdhui la majeure partie de léconomie iranienne.
Khamenei nest plus la figure religieuse distante quil était par le passé ; il est aujourdhui lhomme qui domine lIran. Aucun des candidats potentiels à la présidentielle iranienne ignore ce fait, et tous luttent dorénavant pour lappui de Khamenei au scrutin présidentiel de lan prochain.
Lancien Président Ali Akbar Rafsandjani est un homme qui connaît bien linfluence de Khamenei. Dans la course à la dernière élection présidentielle en Iran, Rafsandjani, politique et religieux puissant, était clairement perçu comme le favori. Paradoxalement, cétait Ahmadinejad qui a bénéficié du soutien du guide suprême, et cest bien lui qui a remporté la victoire.
Les prétendus réformateurs en Iran se sont ainsi retrouvés avec très peu de choix pour la présidentielle de lan prochain. Leur tentative de rassemblement pour recueillir un soutien face à la disqualification de plus de 1.700 de leurs candidats, ne leur a apporté quun nombre décevant de sièges. Aussi, il semblerait que les jours de lancien président Mohammad Khatami et de ses prétendus collègues réformateurs touchent à leur fin.
Pour le peuple iranien, lélection présidentielle de lan prochain va vraisemblablement se résumer à un choix qui opposera les candidatures de deux factions du camp conservateur.
Cependant, il ne sagira point dun choix de fond. On aurait beaucoup de mal à considérer Larijani et Qalibaf comme des «modérés ». Ils sont tous les deux aussi conservateurs que la classe politique iranienne peut lêtre. Toutefois, une nette différence de style existe bien entre eux et Ahmadinejad. Larijani, décrit par certains comme lassassin souriant, est profondément convaincu que la réussite de lIran passe par une posture internationale plus amicale que celle dAhmadinejad.
Avec un choix aussi réduit pour 2009, le mécontentement de la population iranienne va sûrement sintensifier durant les prochains 18 mois, ce qui aura pour effet daccroître la pression sur Ahmadinejad. Dailleurs, limplication politique directe de Khamenei va placer Ahmadinejad au front de la colère et des protestations du peuple Iranien.
Avec les prétendus réformateurs qui sont devenus maintenant une force obsolète de la vie politique iranienne, beaucoup se sont mis à la recherche dune opposition viable. La seule organisation qui mériterait dêtre citée aujourdhui, cest le Conseil national de la Résistance iranienne. Ce parlement en exil, bénéficie dun large appui en Iran et parmi les parlementaires dEurope, et semble disposer des éléments et des outils indispensables pour être considéré comme une force tangible de changement.
Toutefois, le travail de ce groupe a été restreint et affecté par létiquette de terroriste imposée à son principal membre, lorganisation des Moudjahidine du peuple dIran. LOMPI, qui a été cataloguée comme terroriste afin de satisfaire le régime de Téhéran durant la période « réformiste » de Khatami, est maintenant sans nul doute la seule capable doffrir une véritable opposition au régime actuel.
Cette étiquette de terroriste collée au plus grand groupe dopposition iranien va pourtant bientôt connaître sa fin, puisque lOMPI a porté son cas devant les tribunaux britanniques et européens. Lorganisation à dailleurs dores et déjà remporté des victoires auprès de la Cour européenne de Justice et la Commission dAppel des Organisations Proscrites au Royaume-Uni. Le point culminant de ses instances judicaires devrait avoir lieu dans les prochaines semaines lorsque la Cour dAppel britannique va délibérer de son jugement.