samedi, juillet 27, 2024
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Iran : démission forcée de ministres

Par Mohammad Amine

«  Le ministre de l’Économie et des Finances Davoud Danech-Jafari se retire », a annoncé l’agence de presse officielle Fars proche d’Ahmadinejad, le 4 avril. D’autres médias iraniens, y compris le site web de l’ancien commandant du Corps des gardiens de la révolution Mohsen Rezaï ont confirmé l’information. Des sources parlent de « démission forcée ».

Par Mohammad Amine

«  Le ministre de l’Économie et des Finances Davoud Danech-Jafari se retire », a annoncé l’agence de presse officielle Fars proche d’Ahmadinejad, le 4 avril. D’autres médias iraniens, y compris le site web de l’ancien commandant du Corps des gardiens de la révolution Mohsen Rezaï ont confirmé l’information. Des sources parlent de « démission forcée ».

Samedi, Gholam-Hossein Elham, le porte-parole d’Ahmadinejad, a qualifié les nouvelles sur les démissions de scénario "visant à influencer le plan économique du gouvernement". Mais il s’est abstenu de nier les rapports.

Des sources informées à Téhéran suggèrent qu’il y aurait encore trois « démissions obligatoires » à venir : Mostafa Pourmohamadi, le ministre de l’Intérieur; Manouchehr Motakki, le ministre des Affaires étrangères et Mohammad Rahmati, le ministre des Transports.

La démission de Danech-Jafari, si elle s’avère vraie, sera le sixième cas d’un ministre limogé par Ahmadinejad depuis son entrée en fonction en juillet 2005. En outre deux autres changements touchant de hauts responsables avec plus de pouvoir que la plupart des ministres devraient être ajoutés à la liste : le chef de l’organisation du Plan et du Budget et le gouverneur de la banque centrale.

Les observateurs considèrent l’inflation croissante comme une des raisons de la démission du ministre de l’Économie et des Finances. Le régime iranien a mis le taux d’inflation pour l’année civile persane qui s’est terminée le 20 mars au-dessus du seuil de 20 %. Mais les économistes indépendants qui suivent l’état de l’économie de l’Iran mettent le niveau réel  bien au-dessus de 30 %.

Au cours des premiers jours de la nouvelle année, le prix de la viande a atteint 10.000 tomans (6,30 euros) le kilo. Les prix des logements ont monté en flèche.

Pour un analyste iranien, « il est tout à fait évident que l’Iran traverse une crise économique majeure. Mais la démission forcée des ministres reflète une instabilité politique qui secoue le régime iranien depuis quelques mois. » Il a mentionné le limogeage du commandant du CGR, du secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale du régime, Ali Larijani, du puissant vice-ministre de l’Intérieur pour la sécurité, Mohammad Baqer Zolghadr et d’influents imams du vendredi des  provinces de Kermanchah et Fars, comme preuve de son analyse.

Selon lui, les élections du Majlis en mars ont révélé la profondeur de la crise en Iran : « Les candidats de la faction Khamenei-Ahmadinejad à Téhéran ont gagné leurs places avec seulement 7 % des votes en moyenne. C’est basé sur le chiffre officiel publié par le ministère de l’Intérieur. Cela signifie qu’au moins 93 % des électeurs étaient opposés au guide suprême et au président. »

Photo : une vue générale du marché maraicher d’Islamchahr, à 50 km au sud-ouest de Téhéran, le 5 mars 2008. Les prix élevés grève le pouvoir d’achat des Iraniens.

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* Mohammad Amine, est un expert en affaires iraniennes qui écrit pour la presse internationale.