De Robert Tait à Téhéran
The Guardian – Elle a peu de chances de se retrouver sur un podium ou dorner les visages des grands mannequins, mais cette dernière mode islamique a reçu les faveurs des autorités iraniennes hier lors dune exposition visant à promouvoir la modestie féminine et à contrer linfluence de la mode vestimentaire occidentale.
La mosquée de limam Khomeini à Téhéran a accueilli la première foire vestimentaire islamique, dans laquelle les manteaux longs jusquaux chevilles, les pardessus et les tchadors noirs couvrants remplaçaient les vêtements osés et sexys des stylistes européens. Cet événement de 10 jours est organisé par la force de police dIran ainsi que par le ministère du Commerce et la société audiovisuelle de lEtat, IRIB, dans le but de promouvoir lidée que les femmes peuvent être vêtues élégamment tout en respectant les valeurs du Coran.
Des centaines de femmes, la plupart portant des tchadors ou dautres tenues vestimentaires conservatrices, regardaient ces étalages de vêtements, la majorité paraissant identiques de façon saisissante dans leur couleur sombre et leur longueur recouvrant tout le corps. Mais les représentants de la Superior Hijab Production Company, basée à Téhéran, ont dessiné un tchador bleu qui sécarte du vêtement traditionnel avec lajout de manches, résolvant ainsi un problème pratique séculaire.
Le battage publicitaire autour de cet événement a été accompagné dune autre exposition en marge de celle-ci, chantant les louanges de lhijab islamique. ( )
Cette exposition a été organisée en réponse à la tendance récente des jeunes femmes iraniennes à porter des manteaux courts et moulants, ainsi que des foulards poussés vers larrière de la tête et exposant des coiffures élaborées. Plus tôt cette année, le conseil municipal de Téhéran a donné lordre pour des mesures énergiques contre les femmes dont la tenue est jugée insuffisamment conforme au code islamique.
Hamid Reza Moniri, directeur de lexposition, a déclaré que celle-ci avait été organisée afin de faire barrage à linvasion culturelle de lOccident. « Nous estimons que la tenue vestimentaire a été influencée et corrompue ces dernières années par des modes non iraniennes », a-t-il dit. « Certains stylistes internationaux et chaînes télévisées dinformations ont envahi notre culture et influencé la morale de nos jeunes et de notre nation. Si vous regardez les pays occidentaux, vous ne verrez jamais de statues de la Vierge Marie à moitié nue, mais cest pourtant actuellement le cas avec les vêtements occidentaux. Nous ne voulons pas finir comme les Occidentaux. »
Rafighe Musapour, 65 ans, vêtue du tchador noir traditionnel, se réjouis de cette exposition. « Cest une bonne idée pour persuader les femmes plus jeunes de se conformer un peu plus à la mode islamique. Nous sommes Musulmanes et nous devrions essayer de nous habiller de manière plus appropriée », a-t-elle dit.
Mais certaines jeunes femmes étaient moins enthousiastes. « Ces vêtements ne sont pas adaptés aux jeunes ou aux gens de mon âge », a affirmé Shakoofeh, 19 ans, étudiante. « Je suis venue par curiosité pour voir ce que les autorités veulent que nous portions. Je ne porterais même pas le hijab si je ny étais pas obligée par la loi. »