Dans une interview accordée au journal d’État iranien Hammihan le 11 mars, le député du Hezbollah Ali Fayyad a reconnu que le reversement de la situation en Syrie avait constitué un revers stratégique majeur. « Nous ne pouvons le nier », a-t-il déclaré, faisant référence à la chute du régime d’Assad et à son impact sur la position du Hezbollah dans la région.
Fayyad a souligné les nouveaux défis auxquels le Hezbollah est confronté depuis le renversement d’Assad, la nouvelle direction à Damas étant désormais liée à des groupes que le Hezbollah combattait auparavant. Il a décrit ce changement comme une grave complication pour les opérations du Hezbollah.
Le député du Hezbollah a également reconnu la perte de voies logistiques essentielles pour l’approvisionnement en armes, soulignant que le groupe doit désormais s’adapter à un contexte régional différent. Selon Fayyad, l’organisation surveille de près la position des nouveaux dirigeants syriens vis-à-vis d’Israël, ce qui suscite des inquiétudes quant à la possibilité que le Hezbollah ne puisse plus compter sur la Syrie comme allié stratégique à l’avenir.
Évoquant la structure interne du Hezbollah, Fayyad a affirmé que le groupe passait d’un modèle dirigé par un leader sous Hassan Nasrallah à une structure plus institutionnalisée sous la direction de Cheikh Naïm Qassem. Il a expliqué que le groupe abandonnait la dépendance antérieure du Hezbollah à un leadership charismatique.
Concernant les opérations militaires, Fayyad a insisté sur le fait que le gouvernement libanais devrait prendre en charge les questions de sécurité. Il a rejeté l’idée d’une intégration des forces militaires du Hezbollah aux institutions de l’État dans un avenir proche, mais a tenté d’affirmer que l’approche du groupe serait influencée par la manière dont le Liban développerait ses propres capacités de défense.
Fayyad a reconnu une évolution des relations du Hezbollah avec l’État libanais : « Nous considérons que cette phase – la mise en œuvre de la résolution 1701 de l’ONU – relève de la responsabilité du gouvernement, et nous suivons la situation de près.»
Ses propos révèlent le rééquilibrage prudent du Hezbollah dans un contexte de diminution de sa puissance militaire et d’affaiblissement général de l’influence régionale du régime iranien. Fayyad a ouvertement reconnu le coût de la guerre en Syrie pour le Hezbollah, déclarant : « Il ne fait aucun doute que la transformation politique en Syrie a été un coup stratégique majeur pour nous. Nous ne pouvons le nier. » Avec la chute d’Assad et la perte d’une voie d’approvisionnement essentielle, le Hezbollah tâte le terrain avec prudence, manifestant sa volonté de s’incliner devant le gouvernement libanais plutôt que de recourir immédiatement à une action militaire.
Les déclarations de Fayyad soulignent l’incertitude stratégique du Hezbollah, alors qu’il évolue dans un paysage régional en pleine mutation, où l’influence de Téhéran est de plus en plus contestée et où sa capacité opérationnelle a été considérablement réduite.