De Parisa Hafezi
Reuters La police iranienne a annoncé mardi quelle mettrait en place des mesures de répression contre la « corruption sociale » telle que la dérogation aux codes vestimentaires islamiques des femmes, a rapporté lagence de presse semi-officielle Fars.
« En vertu de la loi, la police va arrêter les personnes qui paraissent en public de manière indécente et inappropriée », aurait dit le chef de la police de Téhéran Morteza Talaei selon Fars. « La police va arrêter les femmes portant des manteaux serrés et des pantalons courts. »
Lapplication de codes moraux stricts concernant la tenue vestimentaire des femmes, la musique occidentale et les relations entre les sexes se sont assouplis suite à lélection du président Mohammad Khatami en 1997 qui avait adopté une plateforme de réformes sociales et politiques.
Mais les radicaux veulent récupérer depuis lannée dernière ces concessions avec larrivée au pouvoir du président Mahmoud Ahmadinejad et le retour des religieux conservateurs et des forces religieuses Bassidj qui condamnent de telles pratiques « non islamiques ».
Le code vestimentaire islamique décidé après la révolution islamique dIran en 1979 impose aux femmes de couvrir toute leur chevelure et de porter des vêtements longs et amples afin de dissimuler les formes de leurs corps. Les contrevenants sexposent à des coups de fouet, des amendes et à des peines demprisonnement.
Les experts estiment quadopter une attitude sévère face à des offenses sociales pourrait se retourner contre le gouvernement juste au moment où il a besoin de soutien dans le conflit avec lOccident concernant son programme nucléaire.
« LIran subit déjà une pression internationale. Des mesures énergiques contre des comportements sociaux tels que le code vestimentaire pourraient provoquer une réaction brutale de la population », selon lanalyste politique Saïd Leylaz.
Mina, jeune fille de 17 ans portant un maquillage épais, une veste serrée et un foulard de couleur vive qui cache à peine ses cheveux, déclare navoir aucunement lintention de changer son style.
« Ils sont tellement préoccupés par les affaires internationales quils nont pas le temps de prêter attention à ma tenue indécente », selon Mina, qui a demandé que son nom de famille ne soit pas divulgué.
BEAUCOUP IGNORENT LE TCHADOR
Un grand nombre de filles, en particulier dans les quartiers urbains favorisés, ignorent le tchador noir traditionnel couvrant la femme de la tête au pied, et portent des pantalons Capri dénudant les mollets, des manteaux longs jusquaux cuisses et des foulards de couleurs vives poussés vers larrière pour montrer une grande partie de leur chevelure.
Certaines femmes, testant les limites de la loi, ont été vues récemment sans leurs foulards en train de garer leurs voitures dans la rue, de skier ou en vacances sur la côte caspienne du nord.
Le code vestimentaire islamique est plus respecté dans les banlieues pauvres et dans les régions rurales.
Les autorités, dont la campagne débute le 21 avril, désirent lancer ces mesures énergiques avant la chaleur des mois dété où les femmes aiment porter des vêtements plus légers.
Certains parlementaires, inquiets du nombre croissant de femmes portant des foulards colorés et des vestes serrées, reprochent au corps clérical de ne pas avoir réagi plus tôt.
Près de 100 membres de groupes dautodéfense se sont rassemblés devant le parlement mardi réclamant des mesures répressives officielles contre la « prostitution », cest-à-dire contre les femmes portant des foulards colorés et des vestes moulantes, a rapporté lagence Fars.
Talai a déclaré que la police ciblerait les taxis transportant des femmes portant une « tenue indécente » et ferait des descentes dans les centres commerciaux populaires où de tels articles sont vendus. « Les femmes ne portant pas de foulards en public seront elles aussi arrêtées », a-t-il dit.