Le guide suprême du régime iranien, Ali Khamenei, a prononcé un discours le 8 janvier dans lequel il a critiqué les partisans des négociations avec les États-Unis et a accusé les critiques d’être « intimidés par les politiques américaines ». Ses remarques surviennent alors que le régime est aux prises avec d’importants défis régionaux et nationaux, notamment l’effondrement du régime de Assad en Syrie, un coup dur porté à l’influence de Téhéran au Moyen-Orient.
Les apparitions publiques de Khamenei sont devenues particulièrement fréquentes, son cinquième discours depuis la chute d’Assad – une tendance sans précédent ces dernières années. Les analystes attribuent cette visibilité inhabituelle au besoin urgent du régime de maintenir le moral de ses partisans et de projeter une image de force face à la dissidence croissante.
Dans son discours, Khamenei s’en est pris aux partisans du dialogue américain : « Ceux qui promeuvent des pourparlers avec l’Amérique sont soit endormis, soit ivres, soit fous. » Il a justifié sa position agressive en présentant l’hostilité américaine comme une réaction à la perte de contrôle sur l’Iran après la révolution de 1979. « L’Amérique avait pris possession de l’Iran, et nous l’avons arraché à leurs griffes », a-t-il affirmé. « Prendre en compte les demandes de l’Amérique et d’Israël, c’est menacer la république et la démocratie du pays. »
Khamenei, souvent connu pour masquer ses avertissements sous des réflexions historiques et un langage indirect, a mis en garde ses partisans : « Nous devons nous fortifier, nos pensées et l’opinion publique, contre la propagande de l’ennemi. Ils prétendent que vous vous affaiblissez alors qu’en réalité vous vous renforcez. Ils projettent leur propre faiblesse comme une force. Ils disent : « Je vais vous détruire par des menaces », alors que vous devenez immunisés contre les menaces. La tâche fondamentale est de détruire l’illusion de la puissance de l’ennemi, de la briser et de ne pas laisser sa propagande influencer l’opinion publique. La clé de cette question est simple : ne croyez pas les paroles de l’ennemi. »
Il a également exprimé son inquiétude quant au moral de ses forces : « La prochaine question est l’espoir. Nous devons continuer à espérer dans la direction divine, dans le soutien de Dieu et dans la force que Dieu a donnée aux nations. C’est exactement le contraire de ce que l’ennemi cherche à faire : il veut priver d’espoir le cœur de notre jeunesse, pour la faire désespérer. Tous ceux qui ont une tribune dans les médias ou dans la propagande, tous ceux qui ont une voix, doivent donner la priorité à l’espoir de garder vivant dans le cœur des gens. Aucune parole décourageante ne doit être prononcée. »
Bien que Khamenei ne se soit pas directement adressé à la Syrie dans ce discours, l’accent qu’il a mis sur le contrôle des médias et la propagande souligne la conscience aiguë du régime de ses vulnérabilités. « Nous devons protéger l’opinion publique des mensonges, des menaces et des distorsions de l’ennemi », a-t-il indiqué, exhortant les médias de propagande de l’État à contredire le discours sur le déclin de l’influence du régime.
Face à ces défis, Khamenei a cherché à rallier ses partisans en invoquant le soutien divin, en déclarant : « Nous devons espérer en la direction divine et en la force donnée par Dieu aux nations. » Il a ajouté que les militants dans les médias et le discours public doivent s’efforcer de raviver l’espoir tout en évitant le désespoir.
Avec le mécontentement intérieur croissant et la pression internationale, notamment le retour imminent de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les fréquentes apparitions publiques de Khamenei et sa rhétorique agressive soulignent un régime sur la défensive. En attirant l’attention vers l’extérieur et en ralliant les loyalistes, Khamenei cherche à masquer les profondes faiblesses qui menacent son emprise sur le pouvoir.
Même si Khamenei envisage de faire des concessions à la pression internationale, la profonde fragilité du régime le pousse à craindre que tout recul ne déclenche des défections importantes dans ses rangs. Pour atténuer ce risque, le régime recourt à une rhétorique audacieuse, intensifie la répression intérieure et intensifie la répression contre les dissidents dans les prisons afin de maintenir l’apparence de sa force.