Par Alireza Jafarzadeh
Fox News, 5 juin – Les Italiens marquent un point. Mahmoud Ahmadinejad, le président gangster par excellence du régime des ayatollahs en Iran, a été évité par le Pape et par le Premier ministre italien. Dans une rebuffade humiliante, attestant du statut de paria de Téhéran à l’étranger, le Pape et le Premier ministre italien ont ainsi refusé de le rencontrer à Rome, où il est arrivé le 3 juin 2008, pour assister au sommet annuel des Nations Unies sur la crise alimentaire.
Ahmadinejad a alors essayé de s’emparer des titres de l’actualité avec une nouvelle attaque fracassante contre les États-Unis. Dans une tentative de détournement de la colère de l’opinion publique sur sa visite, il a confié aux journalistes peu avant son départ pour l’Italie que les « puissances sataniques » des États-Unis seront « déracinées » et qu’Israël était « sur le point de mourir et bientôt effacé de la scène géographique. »
A son arrivée mardi à Rome, Ahmadinejad a récidivé avec ses diatribes, en affirmant que « les Européens avaient payé le plus grand tribut pour les Sionistes et qu’aujourd’hui l’Europe supporte sur ses épaules, le poids politique et économique de ce régime artificiel. »
Mais une chose est certaine : ce Commandant de la Force Qods, transformé en président, prospère lorsqu’il est le centre de l’attention. La polémique et la controverse utilisées de manière dépravée, sont pour lui les moyens de donner de la vigueur à son socle de pouvoir de plus en plus terne. Et c’est la raison pour laquelle il se précipite pour faire ces visites de hauts rangs dans les pays occidentaux, comme sa présence annuelle à l’Assemblée Générale de l’ONU.
Comme beaucoup de démagogues, Ahmadinejad devient tout fou lorsqu’il s’agit de s’emparer des titres de l’actualité. Il prétendait apporter des solutions à la crise alimentaire mondiale. L’Iran, a-t-il dit, « en tant que nation influente dans l’économie et l’agriculture, a des solutions, des programmes et des suggestions très claires pour une production et une distribution justes des approvisionnements alimentaires dans le monde. » Peu importe que son régime, malgré des revenus pétroliers sans précédents qui coulent à flots, ait économiquement échoué et soit directement responsable de la pauvreté et de la faim qui se répandent en Iran. « L’Iran peut jouer un rôle décisif dans la gestion du monde d’aujourd’hui. »
Les média italiens ont taxée sa visite de cauchemar diplomatique « en solo », provoquant de vives protestations dans les milieux politiques et de la défense des droits de l’homme. Le ministère italien des Affaires étrangères avait affirmé qu’une rencontre entre Ahmadinejad et le Premier ministre italien Silvio Berlusconi, aurait pu avoir lieu si Ahmadinejad avait était disposé à retirer ses propos sur Israël et sa négation de l’Holocauste, ainsi qu’à mettre fin aux mépris de son régime face aux demandes de la communauté internationale sur le programme nucléaire de l’Iran.
Concomitamment, les dépêches de presse venant d’Italie, indiquent que le président zimbabwéen Robert Mugabe et Ahmadinejad étaient exclus du dîner d’ouverture du sommet de l’ONU organisé par le Premier ministre Berlusconi et le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.
Cette dernière humiliation politique pour Téhéran et son président est précédé d’un rapport accablant de l’Agence internationale de l’Energie atomique sur le programme nucléaire iranien, rendu public la semaine dernière, et auquel s’ajoutent des preuves supplémentaires de son terrorisme international. Comme toujours, la belligérance extérieure de Téhéran est le revers de son joug intérieur ; des rapports récents sont ainsi venus confirmer ses violations des droits de l’homme.
Fait rare : ce lundi, même Mohamed El Baradei, chef de l’agence onusienne de contrôle sur le nucléaire, celui qui ne voit le mal nulle part, s’en est pris à Téhéran auprès des journalistes pour son mépris continu envers ses engagements et trois résolutions du Conseil de Sécurité de l’Onu. Il a ainsi précisé que « l’Iran n’avait toujours pas accepté de mettre en place toutes les mesures de transparence nécessaires afin de clarifier ce faisceau d’allégations et de questions », en ajoutant que « l’Iran n’avait d’ailleurs toujours pas fourni à l’agence l’accès à tous les documents et aux personnes exigés… ni d’ailleurs fourni les explications substantives indispensables pour soutenir ses affirmations. »
La composition du nouveau Parlement iranien (le Majlis) dont le nouveau président Ali Larijani, est un protégé du Guide suprême Ali Khamenei et ancien haut commandant du Corps des gardiens de la révolution, annonce un renforcement des partisans de la ligne dure du régime sur la question du nucléaire. Dés le premier jour, à l’occasion de sa rentrée en fonction, Larijani a tracé la « ligne rouge » nucléaire du régime, en déclarant que le Majlis n’accepterait jamais de moratoire sur l’enrichissement de l’uranium.
S’ajoutant à cette litanie de fracas, la chaîne américaine ABC News a rendu public la semaine dernière un rapport exclusif selon lequel « de hauts responsables américains ont confié à la chaîne qu’il y avait eu des contacts secrets entre le gouvernement iranien et la direction d’Al-Qaïda ces derniers mois. »
Pendant ce temps, les exécutions en Iran ont invariablement continué. Le 2 juin, trois jeunes hommes, tous âgés de moins de 18 ans au moment des prétendus faits, se sont vus affligés la peine capitale. Ils rejoignent ainsi au moins 75 autres mineurs dans le couloir de la mort, selon des organisations de défense des droits de l’homme. Le New York Times a ainsi rapporté depuis Téhéran, que le système judicaire iranien avait aussi condamné à mort un enseignant kurde, Farzad Kamangar, et deux autres individus pour des motifs politiques.
Renforcé par les discussions de l’occident à propos d’un paquet de mesures incitatives « mise à jour », déjà rejeté par le Guide Suprême du régime avant même que son contenu ait été rendu public, Téhéran demeure stoïque et dans un élan de provocation, refuse toujours de changer son comportement.
Ce régime a pourtant bel et bien un talon d’Achille : son isolation par rapport à son propre peuple, languissant désespérément pour un changement démocratique. Téhéran est également inquiet du jugement historique rendu début mai par la Cour d’Appel britannique, ordonnant au gouvernement britannique de retirer immédiatement la principale opposition iranienne, l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI) de sa liste noire des organisations proscrites.
Téhéran comprends les amples implications politiques et diplomatiques de ce jugement qui consolide le mouvement pour un changement démocratique en Iran.
Le gouvernement britannique a ainsi obéi au jugement de la Cour en présentant la semaine dernière devant le Parlement un décret annulant l’étiquette imposée à l’OMPI.
Le jugement de la Cour britannique marque la fin d’une ère, et Téhéran est profondément préoccupé par le spectre grandissant de son éviction de l’intérieur par le mouvement de résistance démocratique, laïque et non-nucléaire.
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Alireza Jafarzadeh est l’auteur de La Menace Iranienne: le Président Ahmadinejad et la Crise Nucléaire à Venir (Editions Palgrave, février 2008)
Jafarzadeh a révélé depuis 2003 les réseaux terroristes de l’Iran présents en Irak ainsi que ses camps d’entraînement terroristes. Il a été le premier à révéler l’existence du centre d’enrichissement d’uranium de Natanz et le réacteur à eau lourde d’Arak en août 2002.