mercredi, mars 19, 2025
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Affrontements entre l’armée libanaise et le Hezbollah suite à l’interdiction des vols iraniens

Affrontements entre l’armée libanaise et le Hezbollah suite à l’interdiction de vol iranien
Affrontements dans les rues de Beyrouth. Un panneau affiche des images du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et du guide suprême iranien Ali Khamenei

De violents affrontements ont éclaté le 15 février entre l’armée libanaise et les partisans du Hezbollah près de l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, suite à la décision du gouvernement libanais d’interdire aux vols iraniens d’atterrir dans la capitale. Cette confrontation marque une grave escalade des tensions entre la milice soutenue par le régime en Iran et les forces de sécurité libanaises, dans un contexte de résistance publique croissante à l’influence de Téhéran dans le pays.

Selon Monte Carlo Doualiya, le Hezbollah a organisé une manifestation de masse bloquant l’accès à l’aéroport après que les autorités libanaises ont refusé l’autorisation d’atterrir à deux avions iraniens. La manifestation a rapidement dégénéré lorsque les manifestants ont tenté de prendre d’assaut les barrières de sécurité et se sont affrontés aux forces armées, entraînant la blessure de 23 soldats, dont trois officiers. Les forces de sécurité libanaises ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, invoquant la violation des accords préalables visant à maintenir le calme dans la manifestation.

Après les affrontements, le Hezbollah a accusé l’armée libanaise d’avoir attaqué ses partisans, affirmant que l’utilisation de gaz lacrymogènes était une provocation injustifiée. Dans un communiqué publié par Asharq Al-Awsat, le Hezbollah a dénoncé « l’agression contre des citoyens pacifiques » et a appelé à une « enquête urgente » sur les actions de l’armée. Le parti a également exigé que le gouvernement revienne sur sa décision d’interdire les vols iraniens, insistant sur le fait que le Liban doit résister aux pressions étrangères.

Les autorités libanaises ont cependant maintenu leur décision, réaffirmant le 16 février que les vols iraniens seraient suspendus au moins jusqu’au 18 février. Monte Carlo Doualiya a rapporté qu’en réponse, le régime clérical iranien a bloqué les avions libanais qui rapatriaient les citoyens libanais bloqués à Téhéran, aggravant l’impasse diplomatique.

Au lendemain des affrontements, l’armée libanaise a lancé des opérations de sécurité dans les zones contrôlées par le Hezbollah dans le sud de Beyrouth, notamment à Burj al-Barajneh, où plusieurs arrestations ont été effectuées. Des rapports locaux ont fait état de coups de feu et d’explosions dans la région, soulignant l’instabilité croissante dans les bastions du Hezbollah. Une vidéo largement diffusée montre les forces de sécurité en train d’appréhender des manifestants, avec des spéculations selon lesquelles certains détenus seraient liés à la direction du Hezbollah.

Ces événements marquent un tournant important dans les relations du Hezbollah avec l’État libanais, alors que le gouvernement du Premier ministre Nawaf Salam et du président Joseph Aoun adopte une approche plus ferme contre la milice soutenue par l’Iran. Des analystes politiques cités dans Asharq Al-Awsat ont noté que la résistance croissante de l’armée libanaise et des institutions de l’État signale un affaiblissement de l’emprise du Hezbollah sur les questions de sécurité nationale.

L’affrontement entre le Hezbollah et l’armée libanaise survient dans un contexte de défis régionaux croissants pour Téhéran, les mandataires du régime iranien étant confrontés à une résistance croissante au Liban, en Irak, en Syrie et au Yémen. Les observateurs suggèrent que le défi du gouvernement libanais aux exigences iraniennes – soutenu par l’intervention décisive de l’armée – reflète la capacité déclinante de Téhéran à dicter ses conditions à Beyrouth.

Alors que l’État libanais s’affirme plus audacieusement, le Hezbollah se retrouve dans l’une de ses positions les plus précaires depuis des années, ce qui soulève des questions sur l’avenir de l’influence de Téhéran au Liban et dans la région au sens large.