mardi, juin 24, 2025
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Un milliardaire iranien condamné réapparaît dans un méga-contrat ferroviaire, suscitant l’indignation face à la corruption du régime

Un milliardaire iranien condamné réapparaît dans un méga-contrat ferroviaire, suscitant l'indignation face à la corruption du régime
Le ministre iranien des Routes et des dirigeants d’Avan Rail signent un contrat ferroviaire de 64 000 milliards de tomans le 20 avril 2025

Dans une révélation stupéfiante qui a ravivé la colère de l’opinion publique face à la corruption de l’État iranien, Babak Zanjani, autrefois condamné à mort pour avoir orchestré l’un des plus grands scandales de détournement de fonds du pays, a refait surface comme un acteur clé d’un projet d’investissement ferroviaire de plusieurs milliards de dollars soutenu par le ministère iranien des Routes et du Développement urbain.

Le 20 avril, les médias d’État iraniens et des fuites sur les réseaux sociaux ont brièvement révélé la signature d’un contrat de 64 000 milliards de tomans (environ 800 millions de dollars) entre les Chemins de fer de la République islamique d’Iran et une entreprise privée liée à Zanjani. Cet accord comprend la production de centaines de wagons et de locomotives dans le cadre d’un projet officiellement salué par le gouvernement de Massoud Pezeshkian comme une avancée majeure dans les infrastructures nationales.

Mais ses détracteurs affirment qu’il s’agit plutôt d’un rappel brutal de la profonde intrication entre les oligarques les plus corrompus d’Iran et l’élite dirigeante.

Du couloir de la mort au sauveur économique ?
Zanjani, arrêté en 2013 et condamné en 2015 pour « propagation de la corruption sur terre » – un crime passible de la peine de mort en Iran – a été reconnu coupable d’avoir détourné près de 2 milliards d’euros par le biais d’un vaste réseau de fraudes impliquant de faux documents bancaires, du blanchiment d’argent et du trafic de pétrole. Initialement condamné à mort, sa peine a été discrètement commuée en 20 ans de prison l’année dernière, apparemment avec l’approbation directe du Guide suprême Ali Khamenei.

À peine un an après cette commutation, Zanjani serait accusé de tirer profit de contrats d’infrastructures gouvernementaux. Selon des documents d’enregistrement découverts par les médias iraniens, Zanjani a été nommé PDG du « Groupe Avan pour le développement financier et économique » – la société mère de l’entreprise de construction « Avan Rail » – en mars 2025. Cela contredit directement les démentis officiels des représentants de l’entreprise, qui affirment que Zanjani n’est pas actionnaire, mais simplement un « soutien » financier.

Les Chemins de fer de la République islamique d’Iran, dans une déclaration inhabituellement défensive, a insisté sur le fait que l’accord de 64 000 milliards de tomans était entièrement financé par des fonds privés et que le nom de Zanjani n’apparaissait pas dans les documents officiels. L’organisation ferroviaire a souligné qu’aucun budget public ne serait utilisé et que son rôle se limitait à une surveillance réglementaire.

La justification du régime ? Les avoirs étrangers de Zanjani ont désormais été « récupérés et rapatriés » pour être utilisés dans des projets nationaux, une affirmation que de nombreux observateurs considèrent avec un profond scepticisme.

Un symbole du « capitalisme mafieux » iranien
Le rôle de Zanjani comme intermédiaire dans les stratagèmes du régime pour contourner les sanctions sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad lui a valu à la fois des sanctions occidentales et un statut d’initié. Les autorités américaines et européennes l’ont inscrit sur la liste noire en 2013 pour avoir aidé Téhéran à contourner les sanctions pétrolières.

À l’époque, il était célébré par les responsables iraniens, recevant même des distinctions de personnalités telles que les anciens présidents Akbar Hashemi Rafsanjani et Mohammad Khatami, jusqu’à ce que les rivalités internes au régime se retournent contre lui.

Pourtant, son retour apparent, assorti d’un accord d’infrastructures approuvé par l’État, souligne la domination de l’économie iranienne par des élites politiquement connectées, malgré des décennies de discours anticorruption de la part des factions conservatrices et soi-disant réformistes.

Zanjani est désormais largement perçu non seulement comme le symbole de la corruption financière, mais aussi comme celui d’un système kleptocratique où l’impunité est la règle, à condition de rester fidèle au régime clérical.

Le véritable message : Le pouvoir prime sur la justice
Pour de nombreux Iraniens, l’affaire Zanjani confirme ce qu’ils soupçonnaient depuis longtemps : sous la dictature cléricale, la justice est appliquée de manière arbitraire et la loyauté envers le système prime sur toute responsabilité légale.

Alors que les manifestations se poursuivent en Iran contre la pauvreté, la répression et la violence d’État, la réhabilitation discrète de l’un des plus célèbres criminels économiques du régime pourrait bien attiser la colère dans la rue. Pour l’instant, la résurrection de Zanjani, qui a coûté des milliards de dollars, est plus qu’un scandale : c’est un avertissement quant aux efforts que les dirigeants iraniens sont prêts à déployer pour protéger leurs intérêts et protégés.