lundi, novembre 10, 2025
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L’Iran confronté à des crises en cascade: coupures d’électricité, effondrement du marché immobilier et « bombe à retardement » du chômage convergent

L'Iran confronté à des crises en cascade : coupures d'électricité, effondrement du marché immobilier et « bombe à retardement » du chômage convergent
Un marché dans la ville d’Andimeshk, province du Khuzestan, sud_est de l’Iran

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Les dirigeants religieux iraniens sont confrontés à des crises simultanées qui révèlent l’effondrement systémique des fondements économiques et sociaux du régime. Les coupures d’électricité se poursuivent, les réserves d’eau sont à des niveaux historiquement bas, le marché immobilier est en chute libre et des sources internes mettent désormais en garde contre une « bombe à retardement » que constitue le chômage des jeunes. Même les médias d’État et d’anciens ministres ont reconnu leur échec, soulignant l’incapacité du régime à répondre aux besoins les plus élémentaires de sa population.

Infrastructures en panne
Le 13 septembre 2025, l’agence de presse Fars affilié au CGRI (les gardiens de la révolution) a reconnu que les pénuries d’électricité persistaient malgré une forte baisse de la consommation. Le rapport notait qu’« avec une réduction de 11 000 MW de la consommation d’électricité au cours des dix derniers jours, les coupures d’électricité programmées dans les secteurs industriel et domestique se poursuivent ». Cette réduction, qui équivaut à la mise hors service de 65 centrales au gaz, illustre clairement l’ampleur de la mauvaise gestion.

Le 1er septembre, le vice-ministre de l’Énergie avait promis que « les coupures d’électricité cesseraient d’ici un mois ». Cette promesse s’est avéré vaine. La persistance des coupures malgré une demande plus faible met en évidence ce que le rapport lui-même décrit comme « l’échec du régime à fournir des infrastructures vitales ».

La crise de l’eau est tout aussi grave. Le 12 septembre 2025, l’autorité régionale adjointe de l’eau de la province d’Alborz a admis que les réserves des barrages de Karaj (centre) et de Taleghan (centre) avaient chuté. « Le barrage de Karaj n’est rempli qu’à 20 % et vide à 80 %, contre 69 % à la même époque l’année dernière », a-t-il déclaré, soit une baisse de 50 %. Le barrage de Taleghan était rempli à 44 %, soit une baisse de 23 % par rapport à 2024. Le responsable a également confirmé que la zone humide de Salehiyeh (centre) risquait de s’assécher complètement.

La crise du logement s’aggrave
La presse du régime a elle-même été contrainte de reconnaître l’effondrement du marché immobilier. Le 14 septembre 2025, le quotidien d’État Jahan-e Sanat écrivait que le marché « traversait l’une des périodes les plus critiques de son histoire », soulignant une « profonde récession dans le secteur de la construction » et une forte baisse des permis de construire, notamment à Téhéran.

Le journal admettait que « les estimations montrent que l’Iran a besoin d’au moins un million de nouveaux logements par an pour répondre à la demande démographique, mais la production réelle est bien inférieure. Par conséquent, le retard de la demande non satisfaite s’accroît chaque année. » Le rapport concluait que la crise avait « fortement accru l’écart entre les ménages et la possibilité d’accéder à la propriété ».

Réduction du budget des ménages
Même d’anciens responsables ont été contraints de reconnaître la dévastation de la vie quotidienne. Le 13 septembre 2025, l’ancien ministre de l’Agriculture Issa Kalantari déclarait : « Le gouvernement de Pezeshkian a été recalé dans le domaine économique. » Il a cité la flambée des prix des produits de première nécessité : « Le prix du riz atteignait déjà 300 000 tomans avant la guerre. Les haricots et les légumineuses avaient triplé avant la guerre. Ils ne peuvent pas utiliser la guerre comme excuse. »

Kalantari a averti que des familles sont poussées sous le seuil de pauvreté : « On dit que le seuil de pauvreté est maintenant de 40 millions de tomans par mois. Combien de temps quelqu’un gagnant 15 ou 20 millions peut-il supporter l’inflation ?» Il a ajouté sans détour : « Parler ne suffit pas, il faut agir.»

Corruption au sein de la Sécurité sociale
Parallèlement, de nouveaux scandales de corruption montrent comment les institutions publiques sont pillées tandis que les citoyens ordinaires peinent à joindre les deux bouts. Le 5 septembre 2025, Mehr News a rapporté que le directeur de la Sécurité sociale, Mostafa Salari, a reconnu une fraude de 40 milliards de tomans. « Un consultant à la retraite, en obtenant un contrat de 40 milliards de tomans, a créé le prétexte pour supprimer les primes d’assurance dans un cas », a avoué Salari. Cette révélation souligne comment les fonds des travailleurs et des retraités sont détournés vers des réseaux clientélistes, alors même que des millions de personnes vivent avec des pensions minimales.

La « bombe à retardement » du chômage
Le chômage est désormais décrit par les experts du régime comme une menace directe pour la stabilité du régime. Le 13 septembre 2025, l’économiste Hamid Haj-Esmaeili a averti que le chômage caché parmi les diplômés, les femmes et les jeunes constituait une « bombe à retardement pour l’économie et la sécurité de l’Iran ». Il a ajouté que les statistiques officielles étaient trompeuses, soulignant : « La majorité des récentes manifestations et crises sociales proviennent des jeunes, des femmes et des diplômés. Cette accumulation de mécontentement pourrait bien devenir une crise à l’avenir.»

Même les médias loyalistes lancent des avertissements. Le 13 septembre 2025, Jahan-e Sanat a publié un article intitulé « La pire violence enracinée dans l’inflation », avertissant que « les conséquences d’une flambée de l’inflation, compte tenu de la confusion entourant le dossier nucléaire, seront très lourdes et dommageables. » L’article décrivait une population bouillonnante de silence: « Les Iraniens deviennent silencieusement et consciemment insensibles à tout et ravalent leur colère. Les sociologues politiques estiment que ce comportement peut être bien plus dangereux que tout autre.»

L’article concluait par un avertissement sévère adressé au régime lui-même : « Le gouvernement ne se rendra compte de la violence du peuple que lorsqu’il sera trop tard.»

Repli idéologique sur fond d’effondrement
Alors que les pressions sociales et économiques s’accentuent, les institutions du régime se replient sur la défense idéologique. Le 6 septembre 2025, le religieux Ali Komesari, directeur de la Fondation Khomeini, déplorait que « la plupart des discrédits actuels visent Ruhollah Khomeini, l’ancien Guide suprême, bien qu’il soit mort depuis 36 ans.» Il insistait sur le fait que les responsables devaient défendre la fatwa de Khomeini de 1988 autorisant les exécutions massives, affirmant: « Nous ne devons pas hésiter à défendre l’imam. Il a donné un ordre jurisprudentiel et gouvernemental.»

De telles déclarations, alors que la vie quotidienne se dégrade, soulignent la déconnexion du régime avec la réalité et son obsession à préserver sa pertinence par le biais de son programme extrémiste plutôt qu’à répondre aux besoins de la population.

Un système au bord du gouffre
Les aveux des responsables, des médias d’État et d’anciens ministres révèlent un système en chute libre. Des coupures d’électricité malgré une demande en baisse, à l’assèchement des réservoirs, à l’effondrement de l’offre de logements, à l’inflation galopante, à la corruption de la sécurité sociale et à la « bombe à retardement » du chômage des jeunes, le régime est confronté à de multiples crises convergentes.

Même ses propres médias avertissent désormais que la colère populaire ne se manifestera peut-être que « lorsqu’il sera trop tard ». Le pouvoir clérical, réticent et incapable de changer, redouble d’efforts pour défendre l’héritage de la répression. Il en résulte un système fragile où chaque nouvel échec accroît le risque d’explosion sociale.