mercredi, novembre 12, 2025
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Les factions dirigeantes iraniennes rongées par les luttes intestines, sur fond de ruine économique et de colère populaire

Les factions dirigeantes iraniennes rongées par les luttes intestines, sur fond de ruine économique et de colère populaire
Photo d’archives : Le Parlement iranien (Majlis) sombre dans les cris et le tumulte

Alors que le régime iranien est confronté à un effondrement économique croissant et à des troubles sociaux, des querelles internes éclatent à tous les niveaux de son système politique. Les dernières escarmouches – concernant la hausse du prix de l’essence, les destitutions ministérielles et une convention financière controversée – révèlent une structure de pouvoir rongée par la méfiance et le déclin.

Un gouvernement en guerre contre lui-même
L’administration Pezeshkian, déjà en proie à la colère populaire face à la hausse des prix et à l’effondrement du niveau de vie, fait désormais face à une révolte ouverte au sein même du parlement du régime. Des factions extrémistes font pression pour la destitution d’au moins quatre ministres, accusant le gouvernement d’« inefficacité » et de « complaisance étrangère ».

Dans une intervention inhabituellement défensive à la télévision d’État, la porte-parole du gouvernement, Fatemeh Mohajerani, a appelé au calme, se vantant que « les membres du gouvernement ont comparu plus de 300 fois devant le Parlement cette année » – un aveu que les ministres sont constamment sur la défensive face aux centres de pouvoir rivaux. Elle a exhorté les législateurs à ne pas « déstabiliser les ministères », reconnaissant que les troubles internes au régime aggravent une situation déjà désespérée.

Malgré tout, la tentative du gouvernement de donner l’impression d’être « uni » ne trompe personne. Chaque faction – des religieux aux généraux en passant par les parlementaires – lutte pour sa survie dans un système où la loyauté ne garantit plus la protection.

Le pari de l’essence
Alors que les luttes de pouvoir dominent les sphères politiques de Téhéran, le gouvernement prépare discrètement l’une de ses mesures économiques les plus explosives : une hausse de 300 à 500 % du prix des carburants. Le député Hamid Rasaï a confirmé que le prix de l’essence rationnée passerait de 1 500 à 5 500 tomans le litre, contredisant ainsi les démentis officiels du cabinet Pezeshkian.

Même des journaux proches du pouvoir, comme Arman-e Emrooz, ont averti que ce plan risquait de « répéter la situation de novembre 2019 », lorsqu’une hausse soudaine des prix des carburants avait déclenché des manifestations nationales qui avaient fait des centaines de morts. Des économistes cités par les médias d’État s’opposent à ce qu’ils qualifient de « thérapie de choc », avertissant qu’une telle mesure, dans un contexte d’inflation de 40 %, pourrait déclencher une nouvelle vague de troubles.

La dernière fois que le régime a modifié les prix de l’essence, cela a déclenché l’un des plus grands soulèvements de son histoire. Ce souvenir hante désormais le gouvernement et le Parlement, mais le désespoir budgétaire ne leur laisse guère d’autre choix. Comme l’a exprimé sans détour un analyste : « Ils épuisent les dernières réserves d’une nation affamée.»

La peur de l’effondrement du clergé
Même les chaires du vendredi, autrefois porte-parole de la certitude du régime, résonnent désormais de peur et de lassitude.

Ahmad Alamolhoda, représentant de Khamenei à Machhad, a exhorté ses partisans à ne pas « perdre courage » ni « croire à l’échec de la révolution », une déclaration qui révélait bien plus de faiblesse que de foi. « Ne dites pas que le pays est irréparable », a-t-il plaidé, mettant en garde contre toute « dissociation » de la révolution – un aveu direct que la désillusion s’est répandue au sein des rangs du clergé et des forces de sécurité.

À Ispahan, un autre haut dignitaire religieux, Mojtaba Mirdamadi, a imploré la télévision d’État de diffuser « des émissions répondant aux doutes et aux soupçons », déplorant que les jeunes Iraniens ne soient plus convaincus par la propagande officielle. L’armure idéologique du régime, autrefois son arme la plus puissante, se fissure visiblement.

La tempête de feu de la CFT
Le différend concernant l’adhésion de l’Iran à la CFT (Convention sur le financement du terrorisme) a ouvert un nouveau front dans la guerre interne du régime. Le président de la Chambre des représentants, Mohammad-Baqer Ghalibaf, a officiellement transmis la loi de ratification au président du régime, Massoud Pezeshkian, alors même que 150 députés exigeaient son retrait, la qualifiant de « danger pour la sécurité nationale ».

Des députés proches de Khamenei, comme Mahmoud Nabavian, ont accusé le gouvernement de « transmettre des renseignements sur les réseaux financiers et les organisations caritatives à des étrangers » et de « trahir des groupes révolutionnaires comme le Hezbollah et le Hamas ». Ils affirment que la CFT exposerait le financement secret des milices mandatées par le régime – pierre angulaire de sa stratégie régionale – à la surveillance internationale.

Le débat est plus que bureaucratique. Elle oppose ceux qui recherchent une survie économique minimale sous le coup des sanctions à ceux qui privilégient l’isolement idéologique à toute velléité de changement. Ce faisant, le camp du Guide suprême est divisé, ses loyalistes s’attaquant mutuellement, de la mosquée au Parlement.

La tempête intérieure
Ce qui était autrefois présenté comme « l’unité sous pression » s’est transformé en guerre ouverte entre les dirigeants iraniens. Du cabinet présidentiel aux chaires du vendredi, du Parlement à la rue, chaque faction se rejette la responsabilité d’une crise qu’aucune ne peut contenir.

Les hausses des prix du carburant, les destitutions ministérielles, les tensions au sein du CFT et le désespoir du clergé ne sont pas des événements isolés. Ce ne sont que les symptômes d’un système agonisant qui se nourrit de conflits internes. Chaque nouveau scandale et coup dur économique aggrave la crise existentielle du régime.