
Suite à l’activation du mécanisme de « snapback » de l’ONU et au rétablisement des sanctions internationales contre l’Iran, le régime est entré en état d’alerte maximale, révélant à la fois une crainte de pressions extérieures et une inquiétude face à d’éventuels troubles internes. Cette réaction reflète une profonde inquiétude quant aux conséquences économiques et sociales du renouvellement des sanctions.
Réactions politiques : Appels à l’unité face à des tensions croissantes
Des membres importants du parlement du régime ont publiquement débattu de la réponse à apporter aux sanctions de type « snapback ». Abbas Goudarzi, député du régime, a critiqué ce qu’il a qualifié d’attention politique excessive portée aux sanctions, avertissant que de telles discussions « font le jeu de l’ennemi » et exacerbent l’inquiétude de la population. Il a exhorté tous les acteurs politiques à se rallier à une « unité sacrée », déclarant : « Aujourd’hui, le devoir de tous les militants politiques est l’unité, l’empathie et la coopération… le peuple sait qui a causé ces problèmes par ses mauvaises décisions.»
Hossein Abdoli, un autre député, a mis l’accent sur la cohésion nationale, mettant en garde contre l’infiltration de ce qu’il a décrit comme la « cinquième colonne » de l’ennemi. Il a ajouté : « L’ennemi cherche à imposer sa volonté à l’Iran. Nous devons surveiller attentivement la situation et les trahisons des infiltrés, notamment à la lumière du mécanisme de retour à la normale, qui vise à créer une instabilité économique et sociale.»
Au sein de la Commission de sécurité du Parlement, les discussions ont pris une tournure plus conflictuelle. Ebrahim Rezaee a souligné la nécessité de mesures décisives, déclarant : « Une suspension temporaire du TNP n’est pas suffisamment dissuasive ; nous avons besoin d’une décision plus ferme. Rester dans le TNP n’est plus dans notre intérêt.» De même, le député Vahid Ahmadi a déclaré : « Les ennemis tentent de renverser l’État en utilisant le mécanisme de retour à l’équilibre. Les négociations avec les puissances occidentales n’ont jamais abouti, et l’État dispose de multiples options pour contrer les décisions du Conseil de sécurité.»
Même des personnalités éminentes comme Hossein-Ali Haji Deligani, vice-président de la Commission parlementaire de l’article 90, ont appelé à des mesures drastiques : « La mesure immédiate la plus importante en réponse à la finalisation du retour à l’équilibre est l’abandon du TNP.» Ces déclarations soulignent les débats internes sur le maintien des engagements internationaux ou la poursuite de politiques plus conflictuelles.
Sécurité et mobilisation militaire
Parallèlement aux conflits politiques, les forces militaires, paramilitaires et policières du régime iranien ont été placées en état d’alerte sans précédent. Depuis le 27 septembre, l’armée, les Gardiens de la révolution (CGRI), le Bassidj et la police ont renforcé leur niveau de préparation, notamment dans les centres urbains. Les unités de l’armée seraient en état d’alerte maximale, tandis que le CGRI et le Bassidj, dont le niveau de préparation est de 70 %, ont suspendu leurs exercices de routine pour des manœuvres de répression urbaine. Les forces de l’ordre sont en état d’alerte de 50 %.
Après la guerre de 12 jours, plus de 33 000 agents de sécurité, dont 19 000 membres du CGRI et du Bassidj, et 14 000 agents des forces de l’ordre, ont été déployés pour le contrôle des foules, la surveillance et l’intervention rapide à Téhéran. Un rapport publié fin août indiquait que le Conseil suprême de sécurité nationale avait émis des directives détaillant quatre principaux axes de réponse :
- Mesures de sécurité : Renforcement de la protection dans les zones sujettes aux manifestations, renforcement de la coordination des services de renseignement et protection des infrastructures critiques, notamment des installations pétrolières et nucléaires.
- Contrôle social : Propagande mettant en avant les « réalisations économiques » du régime, apparitions orchestrées de responsables et suppression des contenus médiatiques critiques à l’égard du régime.
- Préparation militaire : Intensification des patrouilles navales et de drones, repositionnement des équipements, démonstrations de capacité de missiles, contrôle des frontières et avertissements aux pays européens.
- Signaux politiques : Cyberopérations, perturbation du transit énergétique, coordination avec les groupes interposés régionaux et renforcement des liens avec les États autoritaires.
Implications pour le régime
Présentées comme défensives, ces mesures trahissent une profonde anxiété au sommet. Les appels à l’« unité », les déploiements sécuritaires visibles et l’alimentation des querelles entre factions témoignent d’un État qui peine à reprendre le contrôle dans un contexte de chocs monétaires, d’inflation et d’un mécontentement social généralisé.
La réponse au retour à la normale relève moins de l’équilibre que des fanfaronnades. Appels à la cohésion, menaces de politique de la corde raide et mobilisations à grande échelle.
Ces mesures sont censées dissuader les troubles et impressionner l’étranger, mais leur portée – et la stridence de leur rhétorique – révèlent la vulnérabilité plutôt que la force.