
Alors que le vice-président du régime iranien, Mohammad Reza Aref, se vante de « ne laisser personne jouer avec les moyens de subsistance du peuple », la réalité en Iran est tout autre. Un article du quotidien d’État Khorasan du 30 septembre 2025 et de nouvelles révélations de Tabnak du 4 octobre révèlent la triste réalité : les Iraniens ne jouent pas avec leurs paniers, ils sont brûlés par les flammes de la corruption et de l’inflation.
Sur les marchés de Mashhad, les prix continuent de grimper en flèche, hors de portée des familles ouvrières. Le bœuf a atteint 930 000 tomans le kilo, l’agneau environ 890 000, et même des produits de première nécessité comme le riz et la volaille sont devenus des produits de luxe. Le riz pakistanais, autrefois un aliment de base pour de nombreux ménages, se vend aujourd’hui jusqu’à 200 000 tomans le kilo, lorsqu’il est encore disponible. Le prix officiel fixé par le gouvernement, fixé à 66 000 tomans, n’existe que sur le papier.
Les commerçants affirment que les pénuries sont délibérées. « Rien de particulier ne s’est produit », a déclaré un épicier à Khorasan avec sarcasme. « Le riz pakistanais est simplement devenu rare.» En réalité, il s’agit du symptôme d’un mal plus profond : un système alimentaire pris en otage par une poignée de monopoles liés au régime qui contrôlent l’importation et la distribution des produits essentiels.
Un réseau de corruption soutenu par le régime
Selon Tabnak, trois puissantes familles d’hommes d’affaires – les réseaux Modallal, Fazli (Groupe Golrang) et Paydari (Mihan) – ont reçu des milliards de dollars subventionnés par le biais du taux de change « officiel » (28 500 IRR/USD) pour importer des denrées alimentaires de base et des matières premières. Mais une grande partie de ces fonds a disparu ou a été utilisée pour manipuler les marchés, poussant les prix hors de portée des Iraniens ordinaires.
La famille Modallal — Les « rois de l’alimentation animale et du pétrole »
L’empire Modallal, qui domine les importations d’aliments pour animaux et d’huiles alimentaires, est depuis longtemps accusé d’utiliser ses connexions politiques pour monopoliser le marché. Leur entreprise, Mahidasht Agro-Industry de Kermanshah, a reçu 511 millions de dollars en devises subventionnées, tandis qu’une autre filiale, Ava Tejarat Saba, en a perçu 290 millions, malgré un précédent scandale concernant des obligations d’importation non respectées d’un montant de 31,5 millions d’euros.
Les entreprises de la famille contrôlent désormais près de la moitié des importations de maïs iraniennes, un monopole qui a dévasté les producteurs nationaux et fait grimper les prix des denrées alimentaires dans tout le pays.
La famille Fazli — Groupe Golrang et « Ofogh Kourosh »
Le groupe Golrang, connu pour sa chaîne de distribution Ofogh Kourosh et des marques comme Oila et Famila, figure parmi les dix principaux bénéficiaires de devises subventionnées par l’État pour les « importations essentielles ». Pourtant, selon Tabnak, il a manqué à plusieurs reprises à ses engagements d’importation, ce qui soulève de sérieuses questions quant à la destination des fonds. Malgré les violations précédentes constatées par la Banque centrale, le groupe continue de recevoir d’importantes sommes, ce qui met en évidence la complicité du régime dans la protection de ses alliés du secteur privé.
La famille Paydari — L’empire caché de Mihan
Mieux connu pour ses glaces Mihan, le conglomérat d’Ayoub Paydari s’étend bien au-delà des produits laitiers. Son entreprise Tabiat Sabz Mihan a reçu 127 millions de dollars de fonds publics pour importer du riz, mais les importations promises ne sont jamais arrivées ou ont été vendues au triple du prix du marché. En limitant l’offre et en inondant le marché de manière sélective, le groupe a semé la panique et engrangé des profits colossaux.
Pillage des ressources alimentaires d’une nation
Les conclusions de Tabnak confirment ce que beaucoup d’Iraniens savent déjà : la nourriture de 80 millions de personnes est à la merci de quelques oligarques soutenus par le régime. Malgré des violations financières répétées et des dettes impayées, notamment une faillite bancaire de 5 000 milliards de rials de Saman Modallal, ces familles restent en tête de liste des bénéficiaires des subventions en devises étrangères accordées par le gouvernement.
Pendant ce temps, la Banque centrale et le ministère de l’Agriculture continuent d’approuver ces transactions, ignorant l’indignation publique. Il en résulte une crise alimentaire nationale : pénuries, flambée des prix et faim croissante.
Une nation au bord du gouffre
Les Iraniens ordinaires subissent les conséquences directes de cette corruption. Les rayons des marchés de Mashhad et du reste du pays se vident chaque semaine, tandis que l’inflation grignote les salaires et les familles.
Les dépenses essentielles sont réduites. Les appels aux autorités restent sans réponse, et le silence du régime souligne son incapacité – ou son manque de volonté – à affronter son propre pillage économique.
La récente réactivation du mécanisme de « snapback » de l’ONU et la chute du rial qui s’en est suivie ont aggravé la crise. Chaque tentative du régime de contrôler l’économie s’est retournée contre lui, aggravant les souffrances de millions de personnes.
Mais au cœur du désespoir, un message clair résonne dans tout le pays : un régime qui met le feu aux poudres ne peut survivre aux flammes qu’il a allumées. Le peuple iranien, longtemps opprimé mais inébranlable, renaîtra des cendres de la faim et de la pauvreté pour reconquérir sa liberté et sa dignité.

