Une controverse financière importante a émergé dans le secteur boursier iranien, suite aux révélations de prêts à faible taux d’intérêt de plusieurs millions de dollars accordés à de hauts responsables de l’Organisation de la Bourse de Téhéran. Selon des rapports, notamment du site d’information Entekhab, des prêts totalisant plus de 10,5 milliards de tomans (environ 177 000 dollars) ont été distribués à cinq membres du conseil d’administration de l’organisation à un taux d’intérêt extrêmement bas de 4 %, avec une durée de remboursement s’étendant sur dix ans. Ces prêts ont été prélevés sur les ressources internes de l’organisation, suscitant l’indignation du public, en particulier à la lumière des difficultés économiques plus larges du pays.
Les prêts ont été initialement révélés dans une lettre de l’Organisation nationale d’inspection du régime adressée au ministre de l’Économie Abdolnasser Hemmati. Il a été révélé que la décision d’approuver ces prêts a été prise en juillet, peu après la mort de l’ancien président des mollahs, Ebrahim Raïssi, dans un accident d’hélicoptère. L’approbation, par le Haut Conseil de la Bourse et des valeurs mobilières, a fait sourciller car elle est intervenue pendant une période de transition dans le leadership politique iranien, qui était dirigé par un président par intérim.
Parmi les bénéficiaires de ces prêts, Majid Eshqi, le président de l’Organisation de la Bourse, a reçu le montant le plus élevé – 2,7 milliards de tomans – tandis que quatre autres membres du conseil d’administration, dont le vice-président Alireza Naserpour, ont reçu chacun 1,9 milliard de tomans. Eshqi a depuis été vivement critiqué, en particulier après ses propos défendant les prêts, les qualifiant de légaux et conformes aux politiques de l’organisation.
#Iran News in Brief
According to state media, today, the total index of the Tehran Stock Exchange dropped by 122,000 units to 2,317,000, experiencing the biggest drop in the history of its entire 56-year period of activity.https://t.co/b9fYGdf2MK pic.twitter.com/hkZxIpzwSq— NCRI-FAC (@iran_policy) 8 mai 2023
Confronté à de nombreuses critiques, Eshqi a d’abord nié les accusations lors d’une interview télévisée, qualifiant les informations de fausses. Cependant, après une pression croissante, il a admis les paiements mais les a justifiés en citant « les conditions et les limitations uniques » auxquelles sont confrontés les employés et les dirigeants de l’organisation. Il a souligné que les prêts ont été approuvés par le Haut Conseil sur la base de réglementations standard.
La frustration du public a été encore exacerbée par le contexte économique plus large, où les citoyens ordinaires ont du mal à obtenir des prêts beaucoup plus modestes avec des taux d’intérêt supérieurs à 20 %. Cet écart a donné lieu à des accusations de favoritisme et de corruption, les critiques soulignant le contraste frappant entre les conditions généreuses offertes aux hauts fonctionnaires et les exigences rigoureuses auxquelles sont confrontés les Iraniens moyens.
La révélation a suscité une condamnation généralisée de divers côtés, ajoutant à la querelle factionnelle au sein du régime clérical. Mohammad Mohajeri, militant des médias affilié à l’État, a sévèrement critiqué Eshqi, l’accusant d’incompétence et affirmant que l’obtention d’un tel prêt était une récompense pour ses échecs. « Le prêt et l’audace sont tous deux astronomiques », a fait remarquer Mohajeri, tandis que d’autres ont fait écho à ces sentiments, comparant l’affaire à une « recherche de rente » et à une « appropriation de privilèges » flagrantes.
En réponse au tollé public, le ministre de l’Économie Hemmati a annoncé qu’il avait transmis l’affaire au Centre d’inspection du ministère pour une enquête plus approfondie. Il a promis de régler le problème, affirmant sur la plateforme de médias sociaux X (anciennement Twitter) : « Nous sommes venus pour éliminer les privilèges du quatorzième gouvernement, et nous ne permettrons à personne de bénéficier de telles faveurs spéciales. »
Le marché boursier, déjà sous pression en raison de la baisse des performances suite au décès de Raisi, a fait face à une instabilité supplémentaire alors que ces révélations ont ébranlé la confiance des investisseurs. L’indice boursier de Téhéran est récemment tombé sous la barre des deux millions d’unités, reflétant l’incertitude croissante des investisseurs.
April 19 – Tehran, #Iran
Stock market investors rallied outside the regime's Securities & Exchange Organization to demand their stolen savings returned. They say regime officials deceived them into investing & stole their money afterwards.#IranProtestspic.twitter.com/adLDd3IMsK— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 19 avril 2021
La révélation récente de prêts à faible taux d’intérêt accordés à de hauts responsables de la Bourse de Téhéran n’est pas un incident isolé, mais plutôt un élément d’un schéma plus large dans lequel le régime clérical iranien exploite le marché boursier pour enrichir une minorité au détriment des citoyens ordinaires. Depuis des années, le régime orchestre des opérations de dumping systématiques, manipulant les valeurs boursières pour siphonner la richesse tandis que des millions d’Iraniens voient leurs économies et leurs investissements s’évaporer.
Alors que de plus en plus d’Iraniens perçoivent le marché boursier comme un outil de pillage de la richesse publique, le mécontentement croissant menace de s’intensifier, amplifiant le fossé entre la population et un État motivé par la cupidité.