Dans un contexte d’instabilité économique persistante et de coûts énergétiques qui montent en flèche, le régime iranien a annoncé sa décision d’autoriser les entités privées à importer de l’essence super aux tarifs du marché mondial. L’Asr-e-Iran, alignée sur l’État, a confirmé le 12 novembre que « l’essence super importée par des entités privées devrait être vendue à un prix proche des tarifs internationaux ». Cette décision a fait craindre qu’il s’agisse d’une étape préliminaire à des hausses plus généralisées des prix du carburant, signalant potentiellement une répétition des troubles observés lors des manifestations de 2019 déclenchées par les augmentations des prix de l’essence.
La stratégie de l’administration de Masoud Pezeshkian semble consister à introduire une nouvelle option d’essence à coût élevé pour évaluer la réaction du public aux prix gonflés du carburant.
Amid Budget Shortfall in #Iran, #Pezeshkian Government Prioritizes Gas Price Hike Over Security Expenditureshttps://t.co/MEzoIUDB75
— NCRI-FAC (@iran_policy) 1 octobre 2024
La récente décision est ancrée dans les pénuries d’énergie en cours et les déséquilibres budgétaires croissants. Le vice-ministre du pétrole, Masoud Pezeshkian, a récemment reconnu la crise dans une interview publiée par le bureau du Guide suprême, révélant que le gouvernement dépense actuellement 8 milliards de dollars par an pour les importations d’essence. Pezeshkian a exprimé sa frustration face au caractère insoutenable de cette approche, déclarant : « Nous achetons de l’essence à environ 30 000 à 40 000 tomans le litre et la vendons à seulement 1 500 tomans. Combien de temps pouvons-nous continuer ainsi ? »
La porte-parole du gouvernement, Fatemeh Mohajerani, a confirmé l’autorisation d’importation de super essence aux prix mondiaux, soulignant que la distribution se ferait « indépendamment des canaux de carburant subventionnés ». S’exprimant le 12 novembre, elle a souligné que cette mesure avait été approuvée par le Cabinet, l’encadrant comme faisant partie d’efforts plus larges pour remédier aux déséquilibres énergétiques et pour « maintenir la santé publique et la stabilité énergétique ».
Parallèlement, les agences de presse officielles, dont Aftab News, ont souligné que les importations de super essence ont été officiellement approuvées par le Cabinet iranien en vertu de l’article 9 de la loi budgétaire 2024. Le rapport d’Aftab News explique que l’essence sera vendue « séparément des canaux de distribution de carburant subventionnés », ce qui indique une évolution vers un modèle de tarification davantage axé sur le marché. Cependant, le tarif subventionné actuel de 3 500 tomans par litre sera éclipsé par le prix de l’essence super importée, qui devrait osciller entre 61 000 et 80 000 tomans par litre, en fonction des taux de change.
La stratégie du régime est claire : par des ajustements progressifs et une exposition progressive aux prix mondiaux, il espère conditionner le public à une augmentation inévitable des coûts du carburant. Certains experts économiques suggèrent que cette tactique est conçue pour « adoucir » la réaction du public en introduisant de nouvelles mesures de tarification par le biais de discussions lentes et prolongées et d’une mise en œuvre limitée, réduisant ainsi le choc et les réactions immédiates.
Pour les Iraniens, cette hausse potentielle rappelle les manifestations de 2019 qui ont éclaté après un triplement des prix du carburant du jour au lendemain, qui se sont propagées dans 54 villes et ont été réprimées par la force meurtrière du régime. Les rapports de cette période indiquent qu’environ 1 500 manifestants ont été tués par les forces de sécurité.