Le Secrétaire général des Nations Unies a publié un rapport intérimaire accablant au Conseil des droits de l’homme sur la dégradation de la situation des droits humains sous le régime iranien, couvrant la période d’août 2024 à janvier 2025. Ce document de 15 pages dresse un bilan sombre et complet des violations systématiques des droits humains sous le régime, notamment les exécutions massives, le recours généralisé à la torture, la suppression des libertés civiques, la discrimination fondée sur le sexe et la marginalisation des minorités ethniques et religieuses.
Exécutions record et condamnations à mort arbitraires
Le rapport révèle qu’au moins 975 exécutions ont eu lieu en Iran en 2024, soit le nombre le plus élevé depuis 2015. Un nombre stupéfiant de 52 % d’entre elles concernaient des infractions liées aux stupéfiants, dont beaucoup ne seraient pas qualifiées de crimes capitaux au regard du droit international. Un nombre disproportionné de personnes exécutées appartenaient à des minorités ethniques, dont 108 Baloutches, 84 Kurdes et 72 Afghans.
Iran: “The weaponization of criminal procedures to punish people for exercising their basic rights – such as those participating in or organizing demonstrations – amounts to state sanctioned killing."
— @UNHumanRights chief @volker_turkhttps://t.co/fXMDKdeXoN
— United Nations (@UN) 10 janvier 2023
Le recours persistant à la peine de mort contre les femmes et les mineurs est très préoccupant. En 2024, 31 femmes ont été exécutées, dont beaucoup pour avoir tué des maris violents dans des affaires de mariage forcé ou d’enfants. Malgré les affirmations de l’Iran selon lesquelles il n’exécute pas de mineurs, le cas de Mehdi Jahanpour, exécuté pour un crime commis à l’âge de 16 ans, contredit cette affirmation.
Le rapport documente également les exécutions liées au soulèvement de 2022, notamment celle secrète de Gholamreza Rasaei, qui aurait été menée sans que sa famille ni son avocat ne soient préalablement informés, et sur la base d’aveux extorqués sous la torture.
Torture, peines inhumaines et décès en détention
La torture et les châtiments cruels demeurent monnaie courante. Deux frères kurdes ont notamment été amputés des doigts en octobre 2024 pour vol. Des rapports font également état du décès de Mohammad Mir-Mousavi, 36 ans, en garde à vue en août 2024, apparemment des suites de violents passages à tabac. Bien que cinq policiers aient été arrêtés, aucune responsabilité n’a été véritablement établie.
La méthode d’exécution elle-même est également évoquée. Dans un cas poignant, un prisonnier a été pendu, réanimé, puis exécuté des mois plus tard après que la famille de la victime a changé d’avis concernant son pardon, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à un traitement inhumain.
Ciblage des journalistes, des manifestants et des militants
Le régime a poursuivi sa répression de la liberté d’expression : 125 journalistes ont été poursuivis en justice en 2024, dont 40 femmes.
La censure d’Internet reste omniprésente, les réseaux privés virtuels (RPV) étant encore largement nécessaires. La surveillance continue d’être assurée par la reconnaissance faciale, ciblant particulièrement les étudiants et les étudiantes universitaires.
En décembre 2024, le gouvernement a suspendu une loi très controversée imposant le port obligatoire du hijab. Cependant, le rapport prévient que si elle était adoptée, elle légaliserait des peines sévères, pouvant aller jusqu’à la mort, pour « promouvoir la corruption sur terre » par des actes tels que le dévoilement public du hijab ou la diffusion à l’étranger de contenus liés au hijab.
“I am appalled by the continued use of the death penalty in significant numbers.”
– @UNHumanRights chief @volker_turk urges authorities in Iran to halt executions immediately.
Read what else he said as he marked 6 months in office: https://t.co/TyEwO1eYBy pic.twitter.com/cKtDsfDWvK
— United Nations (@UN) 27 mai 2023
Femmes et filles : victimes de l’apartheid de genre
Le rapport détaille les féminicides généralisés, le harcèlement pour non-respect du code vestimentaire et la surveillance dans les universités. Le mariage des enfants reste répandu, en particulier au sein des communautés minoritaires, et les officiels sur ces pratiques ne sont plus publiées.
Les suicides d’Arezo Khavari, 16 ans, et d’Aynaz Karimi, 17 ans, sont cités comme exemples des dommages psychologiques causés par l’application oppressive du code réglementaire scolaire et le manque de soutien en matière de santé mentale dans les écoles.
Ciblage des minorités : Discrimination ethnique et religieuse
Le rapport souligne la discrimination systémique à l’encontre des minorités ethniques et religieuses, en particulier les Kurdes, les Baloutches, les Bahaïs, les chrétiens et les sunnites. En octobre 2024, dix femmes bahaïs ont été condamnées à une peine totale de 90 ans de prison pour avoir organisé des activités communautaires.
Au moins 19 activistes culturels et poètes arabes ont été arrêtés début 2025 au Khouzistan sous couvert d’opérations de sécurité publique. De plus, des militants culturels azéris ont été condamnés à une peine totale de 81 ans de prison pour avoir plaidé pacifiquement.
Progrès limités et coopération internationale
Le rapport reconnaît les progrès minimes en matière de collaboration avec les mécanismes internationaux des droits de l’homme, mais note que le régime iranien continue de refuser l’accès à la Mission d’établissement des faits de l’ONU et aux rappeurs.
teurs spéciaux. Le régime iranien refuse toujours de ratifier les principaux traités relatifs aux droits humains, notamment la Convention contre la torture et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Recommandations urgentes
Le Secrétaire général a émis 17 recommandations urgentes, appelant le régime iranien à:
- Abolir la peine de mort et cesser immédiatement toutes les exécutions ;
- Libérer toutes les personnes détenues pour leur militantisme pacifique ;
- Garantir le respect des droits humains.
- Droits à une procédure judiciaire et à un procès équitable.
- Éliminer la discrimination et la violence fondées sur le genre.
- Protéger les minorités ethniques et religieuses.
- Garantir l’accès à des soins de santé de qualité sans discrimination.
- Ratifier les principaux traités relatifs aux droits humains et s’engager pleinement dans les mécanismes de l’ONU.
Ce rapport souligne une vérité crue : le régime iranien continue de traiter les droits humains fondamentaux non pas comme des normes universelles, mais comme des obstacles à surmonter au nom du contrôle. Face à un nombre record d’exécutions et à une répression qui s’infiltre dans tous les aspects de la vie civique, la communauté internationale est confrontée à une pression croissante pour agir avec détermination en faveur du peuple iranien.