vendredi, mars 29, 2024
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Iran : un prisonnier politique dans le couloir de la mort mis sous pression pour renier l’Ompi

CNRI – Le prisonnier politique Gholamreza Khosravi a déclaré qu’il était prêt à être exécuté au nom de la liberté pour l’Iran plutôt que de céder aux mollahs au pouvoir « criminels, bellicistes et inhumains ».
 
Dans un entretien, M. Khosravi, 48 ans, a déclaré comment il subit depuis des années des tortures consistant à être battu et maltraité, et qu’il préférerait mourir que de renier son soutien à l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI).
 
Son entretien a été publié dans Exile Activists en langue persane le 8 septembre 2013. Voici des extraits de cet entretien.
 
Question : Étant donné que la plupart de nos lecteurs vous connaissent, veuillez, s’il vous plaît, nous donner votre biographie dans vos propres termes et également décrire vos conditions actuelles en prison.

Réponse : Je m’appelle Gholamreza Khosravi Savadjani, fils de Gholi, né le 15 juillet 1965 dans une famille de la classe ouvrière. Je suis marié et j’ai un fils de 16 ans. J’ai mon baccalauréat et j’ai étudié sept trimestres en chimie abstraite à l’Université Payam Nouri.
 
Je suis spécialisé en opérations de soudage et installation d’équipement industriel avec 17 ans d’expérience dans diverses industries (acier, produit chimique, pétrole et gaz, bois et papier, offshore, pétrochimie, cuivre …)
 
Je suis devenu politiquement actif à l’époque du soulèvement antimonarchique du peuple d’Iran en 1978 et c’est là que j’ai connu l’OMPI. Après la victoire de la révolution, cette connaissance s’est développée en une relation continue et j’ai commencé mes activités dans la section étudiante de l’OMPI. En août 1981, j’ai été arrêté en raison de mes activités à Abadan, Nourabad Mamassani et Kazeroun.
 
En ce qui concerne mes conditions en prison, depuis mon arrestation le 24 février 2008 jusqu’au 16 juillet 2011, pendant une durée de 40 mois, j’ai été détenu en isolement, dans différents centres de détention sans aucune installation humanitaire. J’ai eu deux visites par an, pas le droit à des appels téléphoniques, et actuellement je suis dans la section 350 de la prison d’Evine avec d’autres prisonniers honorables, épris de liberté, fermes, endurant tous les manques, les problèmes et les restrictions qui visent à briser leur volonté inébranlables (ce qui est un vœu pieux de la part du régime). Nous restons fidèles à notre serment de résister (Oh ! Mon Dieu, accorde-nous la patience, affirme nos pas et rend-nous victorieux sur les infidèles.).

Question : Pourriez-vous expliquer brièvement à nos lecteurs vos chefs d’accusations et vos années de prison dans les années 1980.
 
Réponse : En août 1981, j’ai été arrêté pour mon soutien actif à l’OMPI alors que j’avais 16 ans et j’ai été torturé et condamné à 10 ans de prison. Ma peine a été réduite à cinq ans à l’hiver de cette année et j’ai passé quatre ans dans la prison du Corps des gardiens de la révolution à Kazeroun. J’ai été ensuite envoyé en exil à la prison d’Adel-Abad à Chiraz pendant une année. Cela a été une période d’affres, de tortures et de beaucoup de difficultés. J’ai été libéré en août 1986.
 
Après ma libération, j’ai été interdit d’université, malgré mon droit d’y aller. Ils avaient posé comme condition à mon admission, ma collaboration le ministère du Renseignement (Vevak) pour leur donner des informations ; et ça, je ne l’ai jamais accepté.
 
Question : Vous avez été condamné par deux jugements distincts. Le premier concernait une accusation portée contre vous par le Vevak à Rafsandjan où vous avez écopé une peine de 6 ans, et ensuite à Téhéran, après les protestations et l’ingérence du Vevak, vous avez été condamné à mort par deux fois. Quelle était la raison de cette sensibilité à votre égard de la part de deux organes distincts et de ces lourdes peines que vous avez reçues ?
 
Réponse : À mon avis, le Vevak et le ministère de la Défense ont entièrement collaboré l’un avec l’autre dans mon dossier. Par exemple, Alavi, le chef inquisiteur criminel qui s’occupe des partisans de l’OMPI, en interrogeant mon frère Mohammad-Reza, lui a dit qu’il avait augmenté ma peine de trois ans d’emprisonnement à la peine capitale.
 
Le jugement du juge Pirabbassi démontre comment l’animosité du régime à notre égard remonte aux années 1980 parce qu’ils ont une fois relié mon jugement actuel aux évènements de cette époque.
 
Les autres raisons étaient : mes révélations dans le simulacre de procès à Rafsandjan concernant le traitement barbare et inhumain de la part du Vevak, mon refus de coopérer et de donner des informations, ainsi que mon refus de donner des entretiens télévisés contre l’OMPI. Cela a eu pour conséquence mon maintien en cellule d’isolement dans le centre de détention du Vevak à Kerman (pendant 12 mois), dans le centre de détention du contre-renseignement du ministère de la Défense n°64 (pendant 9 mois) et dans la section 240 de la prison d’Evine (pendant 20 mois). De cette manière, ils m’ont montré leur rancœur.
 
Question : On dit que votre peine capitale est fondée sur vos aveux des crimes que vous avez commis. Qu’avez-vous avoué ? Maintenez-vous toujours vos aveux ou avez-vous été contraint d’avouer ?
 
Réponse : Je travaillé avec Sima-ye Azadi (le réseau télévisé de l’opposition par satellite) pour révéler la nature criminelle, belliciste et anti-iranienne du régime ainsi que l’ampleur de la pauvreté, de la corruption et de la destruction de sa part. J’envoyais des informations à Sima-ye Azadi et je leur ai également apporté une contribution financière. Ces activités qui étaient les miennes ont été découvertes et le régime m’avait sous surveillance. Je confirme que je faisais tout cela. En même temps, depuis mon arrestation, j’ai subi des tortures, j’ai été violemment battu, j’ai reçu du Vevak des injures et des menaces contre ma famille. Finalement, pour ces activités, j’ai été condamné à trois ans de prison plus une peine de sursis de trois ans. Toutefois, la vengeance du Vevak a fait que ma peine a été changée en six ans de prison et ensuite en peine capitale.
 
En outre, en 2009, le juge Pirabbassi a d’abord délivré un jugement pour ma libération ; néanmoins, avec ce même objectif criminel et répressif, il a changé son jugement en peine d’exécution et pas seulement une fois mais deux fois. D’après le propre aveu de Pirabbassi et le dossier lui-même, c’était fondé sur un rapport du Vevak. Concernant ces accusations, en ces vingt et quelques années, on ne m’a jamais posé une seule question. Pirabbassi non plus ne m’a jamais posé de questions.
 
Question : Étant donné les charges contre vous concernant vos contributions financières à l’OMPI, avez-vous des liens avec cette organisation ?
 
Réponse : J’étais et je suis très fier d’être un sympathisant de l’organisation des Moudjahidine du peuple, mais je n’ai jamais eu de connexion organisationnelle avec eux. Ma courte période d’activités était liée au réseau télévisé de Simaye Azadi, qui est une entité réelle et légale. Néanmoins, je n’ai pas peur de déclarer mon soutien à l’OMPI et j’accepte qu’en raison de ce soutien et de l’animosité inhumaine du régime envers cette organisation et ses sympathisants, je sois envoyé à la potence. J’accepte de devenir un drapeau d’honneur pour mon désir de liberté pour le peuple héroïque d’Iran, et que notre martyre ternisse l’image de ce régime inhumain et provoque sa chute rapide.
 
Question : On dit qu’en raison de pressions de la part du Vevak, votre dossier est bloqué. Mais d’un autre côté, votre avocat Abdolfattah Soltani est actuellement en prison. Y a-t-il actuellement un avocat qui suit votre dossier ?
 
Réponse : Étant donné que Mme Shima Ghoshe était également mon avocate, il semble qu’elle suit mon dossier d’une certaine façon, mais j’ai appris dernièrement qu’elle est également sous pression de la part du régime.
 
Question : Qu’en est-il de la cour qui a délivré votre peine capitale ? Votre avocat était-il présent au procès et a-t-il eu l’opportunité et le temps adéquat pour vous défendre ? Y avait-il un jury ?
 
Réponse :
Ce régime assoiffé de sang ne m’a pas autorisé à parler à mes avocats ne serait-ce qu’une minute avant mon procès. Les agents du renseignement et de la sécurité ainsi que l’homme en charge du bureau judiciaire m’ont interdit de parler à mes avocats. Il y avait un avocat mais il n’y avait pas de jury. Dans tout dossier, les jugements sont remis aux juges par avance.

Question : Étant donné les promesses faites par monsieur Rohani avant les élections concernant l’examen des dossiers et les promesses de libérer les prisonniers de conscience, pensez-vous que le nouveau régime examinera votre cas ?
 
Réponse : À mon avis, si Hassan Rohani a fait des promesses, il ne s’agissait que d’actes trompeurs de propagande pour duper le public et la communauté mondiale, ainsi que pour réduire les pressions internes et externes et empêcher de nouvelles condamnations et sanctions internationales. En outre, du point de vue du régime, les prisonniers de conscience ne sont que ceux qui appartiennent à une faction du régime, ou qui sont eux-mêmes des criminels depuis des décennies. Ils s’expriment encore et encore en s’interrogeant qu’ils sont désolés que les conditions ne sont pas celles du passé, sinon ils ne nous auraient pas laissé vivants une minute.
 
Même s’il y a un quelconque changement, il est dû à la pression sur ce régime et aux conditions houleuses quant à leur disparition, et c’est uniquement pour se sauver eux-mêmes.
 
J’accepte le jugement de mort de tout cœur et j’en suis fier. Je ne regarde pas du tout ce que Hassan Rohani fait ou ne fait pas, ni quel slogan il a ou pas. Nous sommes prêts au sacrifice et nous en payons le prix quel qu’il soit. Qui est ce Hassan Rohani ? Nous regardons bien au-delà de lui.
 
Je choisis d’être prêt à sacrifier ma vie dans l’espoir d’atteindre la liberté.
 
Question : Si vous avez un message pour nos lecteurs ?
 
Réponse : Je demande à ceux qui m’écoutent d’être inébranlables dans leur volonté de renverser ce régime criminel et inhumain et de diriger tous leurs efforts vers le renversement de ce régime avec tous ses complices pour instaurer un État populaire, libre, démocratique qui soutient l’égalité et la justice de chacun des membres de cette nation.