vendredi, mars 29, 2024
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Iran : l’investiture de Raïssi marque le début d’une nouvelle ère de répression

La semaine dernière a marqué l’investiture du nouveau président des mollahs, Ebrahim Raïssi . Cela arrive à un moment où d’innombrables Iraniens, tant en Iran que dans le monde, commémorent les 30 000 personnes été tuées entre juillet et septembre 1988, dont beaucoup l’ont été sur ordre de Raïssi .

Le chevauchement entre ces événements souligne le message présenté à la communauté internationale par des groupes de défense des droits humains et la Résistance iranienne immédiatement après l’« élection » de Raïssi le 18 juin : la nécessiter de traduire en justice Raïssi et ses acolytes iraniens.

Avant d’être présenté comme le candidat présélectionné lors de la récente élection présidentielle fictive, Raïssi a été nommé à la tête du pouvoir judiciaire par le guide suprême des mollahs, Ali Khamenei.

S’il y a le moindre doute sur l’intention de placer un tel individu en charge de l’application des lois du pays, il devrait être dissipé par le fait que les deux hommes qui ont exercé les fonctions de ministre de la Justice dans l’administration d’Hassan Rouhani, étaient également des participants bien connus au massacre de 1988.

L’un d’entre eux, Mostafa Pourmohammadi, a accordé des interviews aux médias d’État vers la fin de son mandat et a ouvertement défendu ce massacre, allant même jusqu’à déclarer qu’il était fier d’avoir aidé à exécuter « le commandement de Dieu« .

Cet ordre, selon Pourmohammadi et d’autres responsables actuels et anciens, visait l’exécution systématique de personnes affiliées au principal groupe d’opposition prodémocratie, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran. Cela reflète directement la fatwa qui a incité au massacre, dans laquelle le fondateur du régime Rouhollah Khomeini a déclaré que tous les membres de l’OMPI et autres opposants au système théocratique étaient coupables d’« inimitié contre Dieu ».

Cette peine est passible de la peine de mort et a été appliquée à de nombreuses reprises au cours des 33 années pour justifier l’exécution de quiconque manifeste la moindre sympathie pour l’OMPI, ne serait-ce qu’en distribuant sa littérature ou en faisant un don d’argent au réseau de télévision par satellite de l’opposition. Il ne fait aucun doute que l’exécution de telles peines va s’accélérer dans l’ère qui a commencé jeudi avec l’investiture de Raïssi .

Déjà, en tant que chef du pouvoir judiciaire, il supervisait une application beaucoup plus importante de la peine de mort dans un pays réputé pour son taux d’exécutions par habitant le plus élevé au monde.

Et lorsque les habitants de près de 200 villes et villages iraniens ont organisé un soulèvement à l’échelle nationale en novembre 2019, Raïssi a joué un rôle de premier plan dans la répression qui a suivi et qui a vu 1 500 personnes tuées par balle et des milliers d’autres soumises à la torture à la suite d’arrestations massives.

Sa promotion au deuxième poste du régime donne à Raïssi encore plus de pouvoir pour orienter les autorités vers des résultats qui rappellent de façon effrayante l’année 1988.

De plus, le nouveau président du régime aura de nombreuses justifications pour exercer ce pouvoir, puisque l’Iran a été secoué par de nouveaux troubles à l’approche de son investiture et est à l’aube d’un autre soulèvement semblable à celui qui a eu lieu il y a deux années.

Certains de ces troubles ont eu lieu le lendemain même de « l’élection » de Raïssi et ont souligné la condamnation publique de sa candidature, qui a également vu un boycott massif.

Moins de dix pour cent de la population iranienne a pris part au processus étroitement contrôlé. En refusant de voter, beaucoup ont implicitement endossé le message des « unités de résistance » de l’OMPI qui avaient promu le boycott comme un moyen de «voter pour le changement de régime ».

Le soutien au changement de régime avait déjà été rendu explicite lors du soulèvement de novembre 2019 et d’un précédent soulèvement en janvier 2018. Dans les deux cas, des participants de tous horizons ont été entendus scander « Mort au dictateur » et réclamer une alternative au « jeu » politique auquel les principales factions politiques iraniennes jouent depuis près de 40 ans. Dans certaines des manifestations les plus récentes qui ont été déclenchées par des pénuries d’eau dans la province du Khouzistan, la population a scandé : « Nous ne voulons pas de la République islamique ».

Iran, Teheran pars Soulévement

Les dernières années ont clairement montré que le peuple iranien se dressera contre une telle répression et l’utilisera très probablement pour alimenter encore plus de révoltes et de soulèvements.

Mais ce n’est pas une excuse pour que les puissances occidentales restent les bras croisés pendant que Téhéran tue la population qui réclame la liberté et récompense les personnes qui ont perpétré des crimes contre l’humanité. La communauté internationale doit enquêter formellement sur ces crimes et envisager de poursuivre leurs auteurs, ne serait-ce que pour préciser qu’une conduite similaire ne sera pas ignorée dans une ère Raïssi qui ne fait que commencer.